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Arthur Keller : « Notre civilisation convertit la nature en déchets »https://lareleveetlapeste.fr/arthur-keller-notre-civilisation-est-une-machine-qui-convertit-la-nature-en-dechets/

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Arthur Keller : « Notre civilisation est une machine qui convertit la nature en déchets »

"On nous persuade que le bonheur découlerait d’une somme de petits plaisirs et que le plaisir proviendrait de la consommation et de l’accumulation, alors qu’il n’est pas de vrai bonheur sans la fierté de se battre pour les valeurs qu’on sait bonnes et sans la sagesse de l’autolimitation."

Texte: Laurie Debove

Arthur Keller est un spécialiste des risques systémiques qui pèsent sur les sociétés humaines, des vulnérabilités de ces dernières face à ces risques, et des stratégies de transformation collective, dans une optique de résilience. Alors que l’humanité dépasse de plus en plus de limites planétaires, nous l’avons interrogé pour savoir comment transformer nos sociétés afin qu’elles deviennent plus justes et pérennes.

Pour Arthur Keller, notre planète est atteinte d’un cancer généralisé

Arthur Keller : « J’utilise souvent une analogie que j’ai développée pour illustrer l’erreur méthodologique fondamentale que nous commettons dans notre approche générale des enjeux liés au dépassement écologique planétaire : la métaphore du cancer généralisé. C’est un dérèglement systémique du corps, qui se traduit en de multiples symptômes : maux de tête, problèmes de peau et de digestion, par exemple. Pour chacun de ces symptômes, il existe des remèdes, ça peut être de l’ibuprofène, une pommade, un antispasmodique. Pourtant, la somme de ces « solutions » ne guérit pas la maladie.

Pour chaque crise, des experts préconisent des solutions, et l’on s’imagine que la somme de ces solutions pourrait nous sauver. Hélas le compartimentage en champs d’expertise masque la réalité de la maladie : notre civilisation est une machine qui convertit la nature en déchets.

Ces derniers sont solides, liquides ou gazeux ; parmi les gaz, certains détraquent le climat. Le changement climatique, à l’instar des autres crises, n’est qu’un symptôme de la maladie. Et notre obstination à nous attaquer aux conséquences sans remettre en question les causes explique selon moi notre échec constaté jusqu’ici.

LR&LP : Selon une étude publiée le 31 mai dans la revue Nature, sept des huit limites assurant la stabilité et la bonne santé du système planétaire ont déjà été dépassées. Quelles sont-elles ?

Arthur Keller : Cette étude est intéressante parce qu’elle porte sur le système dynamique complexe qui est constitué du système Terre (lithosphère, cryosphère, atmosphère, biosphère et pédosphère) et de l’anthroposphère (la sphère englobant l’humanité, ses sociétés et ses activités). Dans le cadre des limites planétaires, on n’était que sur le système Terre ; ici l’on incorpore les sciences humaines et sociales, comme dans le concept d’économie du donut de Kate Raworth.

En 2009, une équipe internationale de scientifiques a déterminé 9 seuils à ne pas dépasser pour préserver une planète Terre habitable pour l’humanité. Le seuil de stabilité de la machine climatique a été dépassé, nous sommes donc entrés dans une phase transitoire entre un état climatique stable et un autre, qui n’adviendra probablement pas avant plusieurs milliers ou dizaines de milliers d’années en raison notamment de la cinétique propre à la cryosphère. Jusqu’à nouvel ordre, nous allons donc devoir faire avec un climat fortement instable.

Par ailleurs, une nouvelle extinction de masse est enclenchée, due aux activités humaines, activités agricoles et forestières au premier plan. Les pollutions sont rejetées dans les milieux naturels si vite qu’elles s’accumulent et rendent les habitats naturels toxiques. Les cycles biogéochimiques, grands cycles du vivant, sont déréglés, notamment le phosphore et l’azote, ainsi que le cycle de l’eau.

Une autre limite est proche : celle qui concerne l’acidification des océans. Quant à la limite liée aux aérosols dans l’atmosphère, nous sommes encore en deçà du seuil fatidique. La dernière actuellement identifiée a trait au trou dans la couche d’ozone : c’est l’unique domaine dans lequel la situation progresse dans la bonne direction. Au final, l’humanité a d’ores et déjà franchi 6 des 9 limites qu’il ne faut pas franchir, selon les scientifiques, afin de garantir l’habitabilité de la Terre.

Dans l‘étude parue fin mai, il ne s’agit pas tout à fait des mêmes 9 limites mais d’un sous-ensemble. Ces 8 limites-là, définies comme « sûres et justes », intègrent à la fois des données scientifiques et des métriques sociales. Et ce que dit la publication, c’est que 7 de ces 8 limites ont déjà été dépassées.

Même sans alarmisme, la situation est alarmante.

LR&LP : Certains appellent à « Changer de civilisation », est-ce possible et la solution ?\

Arthur Keller : C’est indispensable ! Hélas ce n’est pas pour cela que c’est possible. Je ne crois malheureusement pas une seconde à notre capacité collective à organiser la métamorphose nécessaire. Le système s’auto-entretient, je suis convaincu qu’il le fera jusqu’à s’autodétruire, entraînant avec lui une grande partie de la biosphère.

On ne peut pas durablement prélever plus de ressources que ce que le système Terre peut produire, de même on ne peut continuer de détruire plus vite que la capacité d’autoréparation. C’est pour cela qu’on va vivre, dans les prochaines années et décennies, une grande descente énergétique et matérielle agrémentée de raréfactions et de pénuries conflictogènes.

Cette descente induira forcément une contraction économique, car la croissance de l’économie est fortement corrélée aux flux d’énergie et de matières premières. C’est inéluctable. Et échouer à planifier et piloter cette contraction sous forme de politiques de décroissance nous condamnera à la subir dans le chaos sous la forme d’un délitement socio-économique désastreux et potentiellement permanent. Bien avant 2050.

Il n’existe aucun moyen d’opérer un découplage absolu entre le Produit Intérieur Brut et la pression anthropique globale – ceux qui prétendent le contraire n’ont pas saisi la systémique des enjeux ou sont des lobbyistes au service d’une idéologie ou d’intérêts financiers. Dans tous les cas, leurs propos sont en déphasage avec les données et les connaissances scientifiques.

Il faudrait donc, en effet, changer en profondeur les règles de l’économie mondiale et nos modèles de sociétés, mais le système repose sur des ordres établis si solidement ancrés qu’il n’est pas possible, j’en ai peur, de le changer véritablement.

On peut en limiter la nocivité par la voie de la mobilisation politique et citoyenne, par la révolte et la Résistance (sous le radar ou frontales) : l’idéal serait que les diverses modalités de lutte et les différentes radicalités se comprennent comme des alliées mutuelles et se synergisent enfin.

En parallèle, il faut poser les fondations d’un système alternatif, même si l’on ne dispose pas de tous les moyens qu’il faudrait : à travers des expérimentations et des démonstrateurs territoriaux, il est temps de prouver et de faire savoir, via des récits inspirants, qu’il existe d’autres façons d’organiser les économies locales, de prendre les décisions collectivement, d’assurer aux gens un minimum vital, de développer des activités régénératives, de travailler sur le découplage entre qualité de vie et quantité énergétique et matérielle, de réaménager des espaces pour un vivre-ensemble salubre.

Il est possible de redonner du sens, de nourrir une culture du risque, de la responsabilité et de la solidarité, de créer de la cohésion, d’insuffler la conviction d’une appartenance à une même communauté de destin.

Le grand système extrêmement puissant va se casser la gueule, le technosolutionnisme atteint ses limites, les « solutions » sur lesquelles nous misons l’avenir et les grands projets que les privilégiés persistent à nourrir (conquête spatiale, IA, impérialisme, etc.) vont également buter sur la descente énergétique et matérielle. Il faut anticiper des bascules sociétales et s’y préparer collectivement, en coopération intra- et inter-territoriales, intra- et inter-communautaires, sans tomber dans le piège de l’entre-soi.

Un changement de civilisation à travers les territoires

LR&LP : Comment préparer un territoire ?

Arthur Keller : Cela fait appel à des principes, leviers, outils que j’enseigne à des élus et agents territoriaux, ou à des citoyens dans le cadre de formations et d’ateliers. Même si à ce jour il n’existe pas, à ma connaissance, de collectivité pleinement résiliente, il existe tout de même des initiatives vraiment intéressantes, des démarches volontaristes qui vont dans le bon sens.

Qu’il s’agisse de collectifs participant au mouvement des Villes en transition, de certains oasis Colibris, de dynamiques territoriales comme le projet TERA, de monnaies locales et de systèmes d’échanges locaux, de réserves communales de sécurité civile, il se passe des choses intéressantes et inspirantes, on ne part pas de zéro et c’est rassurant !

Une partie de ces projets territoriaux s’attaquent à un point clé : comment produire l’essentiel de façon pérenne, en tenant compte des évolutions écologiques (climat, cycle de l’eau, biodiversité, etc.) et de possibles ruptures d’approvisionnement critiques, en ne comptant que sur ce dont on peut disposer dans un rayon géographique maîtrisable.

En matière de production alimentaire, on a la chance inouïe d’avoir des approches qui cochent toutes les cases : l’agroécologie, l’agroforesterie et la permaculture réunies, avec des pratiques sur sol vivant, ont le potentiel de nourrir le monde entier de façon saine, variée, nutritive et savoureuse tout en régénérant les écosystèmes.

Des monnaies locales et des circuits courts locaux sont aussi créés, reliant les acteurs et habitants des territoires. Des expérimentations sociales aussi, portant par exemple sur un revenu minimum d’existence ou un revenu minimum universel, sur une dotation inconditionnelle d’autonomie ou une sécurité sociale alimentaire comme à Montpellier et Strasbourg, sont en cours. Ainsi que de multiples initiatives de démocratie délibérative et participative…

Les gens peuvent et doivent se réapproprier la gestion des Communs. Les collectivités ont la capacité de garantir l’accès à tous au minimum vital : à Montpellier, les premiers mètres cubes d’eau sont désormais gratuits. Il serait intéressant d’étendre ce principe à tout ce qui est nécessaire pour vivre dignement.

La question des récits est en vogue et pour une bonne raison, car il n’y aura pas de massification des changements de comportements sans l’émergence de nouveaux imaginaires. Plus encore que des œuvres de fiction, il est capital de transposer les transformations concrètes réussies en récits vivides et inspirants afin d’alimenter une dynamique culturelle.

LR&LP : Les mentalités sont-elles prêtes pour expérimenter et mettre en place tout ça ?

Arthur Keller : La promesse de plus de confort et moins de travail proposée de longue date par les promoteurs de l’innovation technique n’a pas été tenue. Aujourd’hui, ce même système nous explique qu’il faut travailler toujours plus pour se maintenir sur place. Le « progrès » s’est mué en un marathon qui enrôle de force, assaillit de dissonances cognitives et aboutit en général à un sentiment amer d’inassouvissement.

Ceux qui proposent la semaine de 4 jours sont traités de fous, comme le furent avant eux les défenseurs de la journée de 12 heures, puis de 10, puis de 8, puis les partisans du repos dominical, puis ceux des congés payés – deux, trois, quatre puis cinq semaines ! – puis ceux de la semaine de 35 heures.

Chaque progrès social se heurte aux chantres du productivisme forcené.

Les robots, les objets connectés et l’IA nous envahissent mais ne s’accompagnent pas d’une libération puisque rien n’est entrepris pour que les gens puissent vivre bien sans emploi ; au contraire, les postures idiotes prolifèrent qui assimilent le non-emploi à de la fainéantise et le fainéant à un sous-citoyen qui ne mériterait pas la fraternité de l’État-providence.

Les habitants des pays riches sont saturés de choix de consommation qui leur sont présentés comme un summum de liberté alors que cette surenchère aliène en créant de l’addiction – c’est-à-dire une dépendance, l’exact opposé d’une liberté –, une insatiabilité croissante et de la frustration : plus t’en as, plus t’en veux… jusqu’à la perte de sens totale.

Cette course folle ne rend pas seulement fou mais aussi malheureux. Au-delà d’un certain niveau de vie, il y a un point de rebroussement du bonheur ressenti.

On nous persuade que le bonheur découlerait d’une somme de petits plaisirs et que le plaisir proviendrait de la consommation et de l’accumulation, alors qu’il n’est pas de vrai bonheur sans la fierté de se battre pour les valeurs qu’on sait bonnes et sans la sagesse de l’autolimitation.

Il me semble d’ailleurs primordial de réapprendre la notion de liberté : une somme d’individualismes sans limites ne débouche jamais sur une société libre mais sur une dystopie dans laquelle quelques riches peuvent tout et la majorité presque rien.

La liberté de chacun découle d’une géométrie démocratiquement négociée des droits et des devoirs : quand des limites énergétiques et matérielles, biophysiques et écologiques, s’imposent aux sociétés humaines, ne pas les retranscrire rationnellement en libertés et en interdits et ne pas les décliner en codes sociaux et culturels ne peut qu’entraîner la dislocation des sociétés.

Ceux qui refusent de nouvelles limitations par principe, sans s’intéresser aux bouleversements à l’œuvre dont découle l’impératif desdites limitations, n’œuvrent pas au nom de la liberté ainsi qu’ils le prétendent mais dans l’espoir égoïste de maintenir leurs privilèges. Le monde change vite ; si nous voulons préserver ce qui compte, il nous faut vite changer aussi. » conclut Arthur Keller

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December 3, 2023 at 5:41:07 PM GMT+1

Pornhub, YouPorn, Xvideos… Comment les « tubes » ont bouleversé le pornohttps://www.lemonde.fr/pixels/article/2023/10/03/pornhub-youporn-xvideos-comment-les-tubes-ont-bouleverse-le-porno_6192264_4408996.html

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Pornhub, YouPorn, Xvideos… Comment les « tubes » ont bouleversé le porno

Par Pauline Croquet , Damien Leloup et Florian Reynaud

Publié hier à 20h00, modifié à 01h36 sur Le Monde

En quelques années, ces sites ont imposé comme modèle l’accès facile et gratuit à une masse de contenus pour adultes, souvent peu contrôlés. Ils sont aujourd’hui au cœur d’un rapport du Haut Conseil à l’égalité, mais aussi des débats sur les outils de vérification de l’âge des internautes, discutés mercredi à l’Assemblée nationale.

​ Août 2006. Alors que YouTube est encore un « petit » site peu connu (il ne sera racheté par Google que trois mois plus tard), un site pornographique d’un genre nouveau est discrètement mis en ligne : nom similaire, page d’accueil avec des vignettes imagées, possibilité de mettre en ligne ses propres contenus… YouPorn reprend les codes de ce qui deviendra le géant mondial de la vidéo.

​ Et le succès est immédiat. A la fin du mois de novembre, les administrateurs anonymes du site remplacent la page d’accueil par un message d’erreur : « Nous sommes à court de bande passante ! Nous avons utilisé 31 téraoctets en deux jours, sur 2 300 000 téléchargements [visionnages]. Nous cherchons des fournisseurs de serveurs illimités en Europe. »

​ Ces audiences, stratosphériques pour l’époque, ne passent pas inaperçues. L’année suivante, des dizaines de clones apparaissent en ligne, dont certains sont toujours présents aujourd’hui dans le top mondial des sites les plus visités. Pornhub, RedTube, Xvideos et Xhamster se lancent ainsi à quelques mois d’intervalle, marquant le début d’une guerre des « tubes » – le nom qui désignera les sites de ce type – qui durera des années.

​ Monter un site de ce type n’est pas particulièrement compliqué. Les outils techniques, et notamment les algorithmes de compression vidéo indispensables pour limiter les frais de bande passante, se démocratisent très vite. Trouver du contenu est également très simple : outre une poignée de vidéos amateur tournées et mises en ligne par les utilisateurs, l’écrasante majorité est pillée sur les sites payants ou d’autres « tubes ». Aucune modération, aucun contrôle de l’âge des internautes, aucun scrupule, mais des audiences gigantesques : le modèle des « tubes » bouscule en quelques années le monde de la pornographie en ligne.

Une oligarchie du porno

​ Dans le chaos de ces premières années, un homme va jouer un rôle déterminant : Fabian Thylmann. Ce jeune Allemand s’est spécialisé dans la publicité des sites pour adultes et investit dans plusieurs « tubes », dont il finit par prendre le contrôle, notamment Pornhub et YouPorn. Ses différentes plates-formes font à l’époque l’objet de dizaines de plaintes pour infraction au droit d’auteur, déposées par les sociétés de production et les studios du X.

​ Grâce à l’argent accumulé par ses sites, Fabian Thylmann résout en partie le problème… en s’offrant les entreprises qui l’attaquent. Brazzers, qui avait des accords avec certains « tubes », est rachetée en 2009 ; trois ans plus tard, le mastodonte Digital Playground et Reality Kings passeront également sous son contrôle.

​ L’ascension éclair de Fabian Thylmann est brutalement stoppée en 2012 lorsqu’il est interpellé et mis en examen pour fraude fiscale. Il revend l’année suivante son empire du porno – considéré comme le plus grand au monde – à deux autres entrepreneurs du secteur, les Canadiens Feras Antoon (cofondateur de Brazzers) et David Tassilo. C’est la naissance de MindGeek, aujourd’hui rebaptisé Aylo. Son principal concurrent, WGCZ Holding (Xvideos, Xnxx…), fondé par les Français Stéphane et Malorie Pacaud, rachète ou lance lui aussi en parallèle des studios en plus de ses sites de « tubes », comme Bang Bros et Legal Porno. Avec Wisebits Group (Xhamster, Stripchat), ces trois holdings contrôlent l’écrasante majorité des sites gratuits pour adultes les plus populaires au monde.

​ En quelques années, une poignée de plates-formes a ainsi révolutionné la manière dont les internautes accèdent aux vidéos pornographiques. « Quand les premiers “tubes” sont apparus, personne n’avait conscience d’à quel point ils allaient complètement modifier les habitudes de consommation de vidéos, se souvient Carmina, actrice et réalisatrice indépendante de films pour adultes et également rédactrice en chef du site spécialisé Le Tag parfait. Mais ça n’est pas propre au porno : c’était exactement la même chose pour YouTube ! »

Changement d’échelle et « prescription »

​ Des sites pour adultes existaient bien sûr avant l’arrivée de Xvideos ou Pornhub, mais les « tubes » ont solidifié l’idée que la pornographie était, au moins en partie, accessible gratuitement en ligne, donnant lieu à un changement d’échelle. « La montée des “tubes”, avec leur offre infinie de vidéos gratuites, a coïncidé avec le déclin global de l’économie de 2008 (…), et la très forte demande a entériné le fait que de nombreux utilisateurs ne seraient plus prêts à payer pour leur porno », expliquait en 2019 la chercheuse Margaret MacDonald (aujourd’hui au conseil consultatif de la maison mère de Pornhub) dans sa thèse sur l’industrie du porno.

​ L’avènement de ces plates-formes coïncide par ailleurs avec l’apparition des smartphones. Ensemble, ces deux éléments ont fait entrer le porno dans la sphère domestique, selon le chercheur Florian Vörös. « On peut le visionner en déplacement, dans les toilettes au travail, ça va changer les pratiques pour aller dans le sens d’une consommation qui s’insère dans les routines de la vie quotidienne », explique le sociologue à l’université de Lille.

​ Jusqu’à créer des addictions ? Répondant à un appel à témoignages du Monde, plusieurs internautes ont confié leur malaise devant leur propre consommation, mettant souvent en avant la facilité d’accès à la pornographie comme un facteur déterminant. Et sur le forum américain Reddit, certaines communautés rassemblent depuis des années des centaines de milliers de personnes exprimant une souffrance générée par une consommation massive de contenus pour adultes. Même si, d’un point de vue scientifique, l’addiction à la pornographie fait encore l’objet de nombreux débats.

​ Reste que les « tubes », en rendant tous les types de sexualité accessibles, les ont aussi rendus plus visibles. Côté pile, cela permet d’explorer librement sa sexualité, y compris lorsqu’elle va à rebours de tabous sociétaux : aux Etats-Unis, plusieurs études ont montré que la consommation de vidéos mettant en scène des personnes homosexuelles ou transgenres était proportionnellement plus forte dans les Etats les plus conservateurs. Côté face, ces plates-formes rendent aussi plus accessibles des contenus violents ou extrêmes, a fortiori lorsqu’elles sont mal, voire pas du tout, modérées.

​ Car, depuis leur apparition, une vive controverse existe sur leur caractère « prescripteur », faisant écho à un débat similaire plus large concernant l’impact de la pornographie sur la sexualité de ses consommateurs. Pornhub et ses concurrents sont ainsi régulièrement accusés de promouvoir, sur leur page d’accueil ou dans les suggestions de vidéos, une image violente, caricaturale ou malsaine de la sexualité, notamment avec le système des « tags ». Ces mots-clés peuvent aussi bien renvoyer à des descriptions physiques des actrices et acteurs qu’aux actes sexuels présentés ou au décor des vidéos. Nombre d’entre eux sont régulièrement dénoncés pour leur teneur raciste et misogyne, ou encore lorsqu’ils font la promotion de l’inceste.

​ « Certes, quand on a un intérêt spécifique, un “kink”, c’est hyperpratique pour trouver des vidéos correspondantes, reconnaît Carmina. Le problème, c’est qu’ils ont tendance à être fortement sexistes, racistes, classistes, hétéronormés… Catégoriser les corps avec des tags, ça peut être un problème ; mais les problèmes sur la vision du corps de la femme, ça n’est pas un débat inhérent au porno, c’est dans toutes les industries, dont le cinéma. »

La bataille du contrôle de l’âge

​ Devenus incontournables, la plupart des gros « tubes » ont tenté ces dernières années d’asseoir une forme de légitimité et d’engager un processus de « normalisation ». Certains ont mis fin au piratage à grande échelle de contenus, ont lancé des services pour rémunérer les « modèles », et tous ceux appartenant à de grands groupes ont conclu des accords avec des plates-formes payantes. En début d’année, MindGeek a même été racheté par Ethical Capital Partners, un fonds d’investissement canadien.

​ Mais tous sont encore aujourd’hui visés par des plaintes en justice et des enquêtes dans divers pays. De nombreux articles de presse récents ont montré que ces sites continuaient d’héberger des vidéos illégales, de violences sexuelles notamment, et ne répondaient pas, ou trop tardivement, aux demandes de suppression de contenus relevant du revenge porn (« pornodivulgation »), qui consiste à diffuser sans le consentement de quelqu’un des images censées rester privées. Le studio Legal Porno est notamment accusé d’imposer des conditions de travail et des scènes extrêmement violentes aux actrices : une enquête a été ouverte en République tchèque. En France, le scandale French Bukkake a révélé des pratiques violentes et un système de « prédation » organisé pour les tournages de ce site, en accès payant mais dont les vidéos se retrouvent aussi sur certains « tubes ».

​ De son côté, Pornhub a joué un rôle central dans le scandale Girls Do Porn, un studio accusé d’avoir monté un vaste système d’intimidation et de coercition pour imposer à des femmes de tourner des scènes en leur promettant une distribution confidentielle, alors même que les vidéos étaient diffusées sur des sites à forte audience. La plate-forme a également été impliquée en 2020 dans un autre scandale après la publication d’une enquête du New York Times sur la présence sur le site de vidéos pornocriminelles et de viols. A l’époque, Visa et Mastercard avaient coupé leurs services auprès de Pornhub, et l’entreprise avait supprimé en catastrophe une grande partie des contenus mis en ligne par ses utilisateurs.

​ Quatre plates-formes de « tubes » (Pornhub, Xvideos, Xnxx et Xhamster) sont directement visées par le récent – et controversé – rapport sur la pornographie du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, publié en France le 27 septembre.

​ Plus menaçant encore pour ces sites, une bonne dizaine d’Etats américains et plusieurs pays, dont la France, ont cherché ces trois dernières années à leur imposer un contrôle strict de l’âge de leurs visiteurs. En Louisiane, où un mécanisme de vérification a été mis en place, Pornhub a « instantanément vu son trafic chuter de 80 % », expliquait à la mi-juillet au Monde Solomon Friedman, l’un des dirigeants de Aylo, propriétaire de la plate-forme. Dans l’Hexagone, le projet de loi visant à sécuriser et réguler l’espace numérique, débattu mercredi 4 octobre à l’Assemblée nationale, veut permettre le blocage des sites qui ne se plient pas aux règles, sans avoir à passer par une décision de justice.

​ Partout où elles sont proposées, ces lois imposant la vérification d’âge sont férocement contestées par les « tubes ». Système en double anonymat, empreinte de carte bleue, analyse faciale… si les modalités techniques d’un tel contrôle sont débattues, ce qui se joue en réalité est surtout leur modèle économique. Pour des sites qui ont bâti leur empire sur des revenus publicitaires et un océan de contenus accessible en deux clics, tout système de vérification constituera une entrave. Et donc une menace existentielle.

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October 4, 2023 at 1:36:01 PM GMT+2

La Chine confrontée au trafic des “visages volés” de l’intelligence artificiellehttps://www.courrierinternational.com/article/cybercriminalite-la-chine-confrontee-au-trafic-des-visages-voles-de-l-intelligence-artificielle

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La Chine confrontée au trafic des “visages volés” de l’intelligence artificielle

Chantage à la fausse sextape, manipulations bancaires… En Chine, le développement de l’intelligence artificielle (IA) fait passer l’escroquerie en ligne à un niveau inédit. Dans une société où tout est enregistré, des caméras de surveillance à la reconnaissance faciale sur smartphone, les données relatives aux visages ou à la voix des individus se monnaient à vil prix sur Internet. Les victimes en “perdent la face” – littéralement.

Xinjing Bao par Wang Chang Traduit du chinois Publié aujourd’hui à 05h00 Lecture 9 min.

L’appel vidéo n’a duré que sept secondes. Assez, cependant, pour que Fang Yangyu soit persuadé que ce visage et cette voix étaient bien ceux d’un de ses proches. Et pour qu’il vire 300 000 yuans [près de 39 000 euros] sur un compte bancaire.

“En fait, tout était faux !” tranche le commissaire Zhang Zhenhua, du bureau de la sécurité publique de Shanghe [un district de la province du Shandong, dans l’est de la Chine]. “C’était une escroquerie par IA, comme on en voit beaucoup ces derniers temps.”

L’affaire s’est produite le 29 mai dernier : Fang Yangyu, qui réside à Jinan [la capitale du Shandong], regarde de courtes vidéos chez lui, quand il reçoit un message d’un inconnu qui se présente comme un membre de sa famille, et qui lui envoie son identifiant QQ [“Kioukiou”, du nom d’un des principaux réseaux de messagerie en Chine]. À peine Fang Yangyu a-t-il ajouté le contact qu’il reçoit un appel vidéo de celui qui a tout l’air d’être un de ses “cousins”.

Sous prétexte de la mauvaise qualité du réseau, son interlocuteur raccroche au bout de quelques phrases échangées. Leur conversation se poursuit dans le chat : le “cousin” explique qu’il doit de toute urgence transférer une somme d’argent, mais qu’il n’arrive pas à le faire directement. Il voudrait donc d’abord virer les fonds sur le compte de Fang Yangyu pour que celui-ci les transfère ensuite sur une carte bancaire donnée.

À l’autre bout de la Chine

Il lui envoie deux captures d’écran attestant du bon virement des sommes sur le compte de Fang Yangyu, qui s’étonne tout de même de n’avoir pas reçu de notification de sa banque. “Ça devrait arriver dans les vingt-quatre heures. De toute façon, les justificatifs bancaires font foi”, lui assure son “cousin”, qui fait doucement monter la pression. Face à ses demandes répétées, Fang finit par virer les 300 000 yuans sur le compte indiqué.

Peu après, son interlocuteur lui demande de transférer 350 000 yuans de plus. Fang Yangyu se méfie, se souvenant d’un message de sensibilisation aux arnaques ; il téléphone à un autre membre de sa famille [pour vérifier l’identité de ce “cousin”] et finit par découvrir le pot aux roses.

Le soir même, il prévient la police, qui constate que sa carte bancaire a été utilisée dans une bijouterie de la province du Guangdong [à l’autre bout de la Chine, dans le sud-est]. Le lendemain, la police locale interpelle six suspects dans la ville de Dongguan.

Elle découvre que le cerveau de cette escroquerie par IA se trouve dans le nord de la Birmanie. Les six individus arrêtés en Chine, eux, s’étaient organisés pour blanchir de l’argent au profit d’escrocs situés à l’étranger en se répartissant les tâches (achats d’or, versement de liquide à la banque, prises de contact en ligne, etc.).

La fuite de données, à la base du problème

Ces affaires d’escroqueries par IA interposée touchent tout le territoire chinois. Wang Jie, chercheur associé en droit à l’Académie des sciences sociales de Pékin, raconte avoir entendu parler pour la première fois de ce genre d’arnaque en 2019, lorsqu’un étudiant étranger avait cru échanger avec ses parents en visio alors que c’était un hypertrucage (aussi connu sous le nom anglais de deepfake) réalisé par des malfaiteurs. Avant cela, des affaires similaires de substitution de visages par IA à des fins frauduleuses avaient été traitées par les polices de Harbin (nord-est de la Chine) et de Fuzhou (sud-est) .

“Derrière les arnaques par intelligence artificielle, il y a toujours un problème de fuite de données”, souligne Wang Jie. Car, à l’ère de l’IA, la voix et le visage humains sont devenus des données qui peuvent se marchander et devenir source de profits.

De fait, nombreux sont ceux qui “perdent la face” sans s’en apercevoir. Il suffit pour cela de quelques secondes, comme en a fait l’amère expérience Pan Ziping, un habitant de la province de l’Anhui, dans l’est de la Chine.

Le 24 mars au soir, plongé dans la lecture d’un roman de fantasy sur son téléphone portable, il clique par inadvertance sur une publicité en voulant faire défiler le texte. L’action déclenche le téléchargement d’un jeu. Par curiosité, Pan Ziping essaie d’y jouer, puis désinstalle le programme, qu’il juge inintéressant.

Dix secondes fatales

Dans la foulée, il reçoit un appel téléphonique de l’étranger. Son interlocuteur affirme avoir accès à toutes les informations contenues dans son smartphone, en particulier sa galerie de photos et son répertoire. Il lui propose d’en parler sur QQ. Sans trop réfléchir, Pan Ziping l’ajoute donc à ses contacts. Dans la foulée, il reçoit un appel en visio. L’homme, qui n’a pas branché sa caméra, lui cite alors plusieurs noms de personnes figurant dans son carnet d’adresses, puis met fin à l’appel vidéo.

Quelques minutes plus tard, Pan Ziping reçoit par QQ une vidéo pornographique d’une dizaine de secondes : on y voit un homme nu en pleine action ; mais le visage de cet homme, c’est le sien. Pan Ziping est abasourdi : “C’est donc ça, la technologie d’aujourd’hui !” Alors qu’il est toujours interloqué, il reçoit un nouveau coup de téléphone, menaçant :

“Si tu ne me verses pas 38 000 yuans [près de 5 000 euros], j’envoie ta ‘petite vidéo’ à tout ton répertoire !”

À l’appui, l’homme joint une copie d’écran montrant que la vidéo est bien prête à partir ; un simple clic, et tous les amis, tous les contacts de Pan Ziping la reçoivent…

Pan Ziping partage alors son écran pour montrer à son interlocuteur qu’il n’a pas assez d’argent sur ses comptes Alipay et WeChat [nécessaires aux transferts d’argent]. L’homme diminue alors son prix, n’exigeant plus que 28 000 yuans, puis 18 000 et finalement 8 000 yuans [un peu plus de 1 000 euros]. Mais Pan Ziping est formel, c’est au-dessus de ses moyens. Son interlocuteur le pousse donc à emprunter les sommes nécessaires sur des plateformes de prêt en ligne.

Un jeu d’enfant

Pan hésite, prépare le transfert… Puis il finit par quitter l’appel et téléphone au 110 [le numéro d’urgence de la police]. Mais au bout du fil, l’agent refuse de recevoir sa plainte, au motif qu’il n’y a pas de préjudice avéré. Pan Ziping demande ce qu’il doit faire pour régler cette histoire de vidéo porno truquée par IA. On lui répond que la police n’a pas les moyens de la détruire. Et que la seule solution, pour lui, c’est d’envoyer un message collectif expliquant cette affaire à tout son carnet d’adresses.

Au fil de ses recherches, le chercheur Wang Jie a documenté de nombreux cas de pertes de données personnelles par des individus qui, après avoir consulté des sites web douteux, ont été victimes d’arnaques. Il estime que, avec les techniques actuelles, “capturer des données faciales est devenu un jeu d’enfant”. Elles sont collectées à notre insu par les caméras de surveillance omniprésentes, par les systèmes de détection faciale de nos smartphones ou encore par les applications qui demandent l’accès à nos galeries de photos.

En 2021, à Hefei [la capitale de l’Anhui], la police a débusqué un groupe de malfaiteurs qui se servaient de techniques d’intelligence artificielle pour trafiquer les visages de personnes sur des FMV [pour full motion videos, des scènes reconstituées à partir de fichiers vidéo préenregistrés]. Sur les ordinateurs des suspects, on a découvert une dizaine de gigaoctets de données faciales, qui ont changé de mains à de nombreuses reprises sur Internet – à l’insu, bien sûr, des personnes concernées.

Règlements inapplicables

Entre autres paliers franchis par les technologies de l’intelligence artificielle, les outils d’échange de visages par IA (aussi connus sous le nom face swap) sont désormais à la portée de tous.

Dès 2019, une application de ce genre appelée ZAO faisait fureur [en Chine], avant d’être retirée pour violation des droits d’auteur et atteinte à la vie privée, entre autres. Ses utilisateurs n’avaient qu’à fournir une photo de leur visage pour se retrouver, dans des vidéos, à la place de leur personnage de film ou de série préféré.

Spécialiste de droit pénal, Liu Xianquan met en garde contre les graves dangers qui peuvent résulter du détournement le plus anodin :

“En fait, ce n’est pas tant la technologie d’échange de visages par IA qui pose problème que la façon dont elle est utilisée.”

La Chine a mis en place, le 10 janvier dernier, un règlement limitant les services d’hypertrucage proposés sur Internet en Chine. Il stipule que les fournisseurs de ces services de deepfake ont pour obligation d’ajouter une fonction permettant d’identifier clairement le contenu comme étant issu d’un trucage numérique.

Par ailleurs, lorsqu’ils proposent des montages à partir de données biométriques comme la voix ou le visage d’un individu, ils sont tenus de prévenir leurs clients de l’obligation d’obtenir le consentement de cet individu. Problème : les techniques d’échange de visages par IA se monnayent bien souvent en catimini sur Internet, ce qui rend l’application de ce règlement particulièrement difficile.

Recréer les parties invisibles

On trouve des services en ligne proposant de changer les visages sur des photos pour 35, 50 ou 100 yuans [de 4,5 à 13 euros]. Pour les échanges de visages sur des vidéos, la tarification est à la minute, de 70 à 400 yuans [de 9 à 50 euros].

“Il est possible de changer n’importe quel visage”, indique l’un de ces marchands, qui se fait appeler “Zhang l’ingénieur”. Si un client lui fournit la photo ou la vidéo d’un visage, il est capable de l’intervertir avec celui d’une vedette, par exemple, mais aussi de “ressusciter” en vidéo des personnes mortes.

Zhang l’ingénieur ne propose pas seulement des prestations clé en main, mais aussi d’enseigner les techniques d’échange de visages. “Chez nous, on peut acheter un tutoriel et apprendre à tout faire soi-même”, indique-t-il. Il a lui-même développé un algorithme, qu’il vend 368 yuans sous forme d’extension sur la plateforme [de commerce en ligne] Taobao pour une utilisation illimitée pendant… cinquante ans !

Pour un rendu plus naturel, certains de ces marchands conseillent de fournir une photo de départ prise sous le même angle que celle de destination. Mais un autre vendeur affirme parvenir à un résultat criant de vérité avec juste une photo de face :

“Grâce au processus de ‘machine learning automatisé’, on peut reconstituer un visage dans ses moindres détails – y compris les parties invisibles.”

Le patron du studio de design vidéo Jielun, une boutique en ligne sur la plateforme WeChat, se présente comme un expert dans l’échange de visages par IA. Il montre avec fierté une vidéo de dix-neuf secondes qu’il a diffusée en mai dernier auprès de son cercle d’amis. Une femme vêtue d’un bustier, d’une minijupe et de bas noirs, s’y déhanche face à la caméra. Son visage ressemble en tout point à celui de la star [du cinéma et de la chanson] Yang Mi ; seul un léger décalage est décelable lorsqu’elle regarde vers le bas ou se tourne sur le côté.

Vingt euros la vidéo porno

Au studio Jielun, il faut compter 70 yuans la minute pour faire réaliser des vidéos ordinaires et 150 yuans [20 euros] pour des vidéos obscènes. Notre enquête confirme qu’il faut à peine deux heures de travail pour créer sur mesure une minute de vidéo porno truquée avec échange de visages.

Au cours de nos échanges, le patron du studio a demandé à plusieurs reprises à retirer des informations qu’il considérait comme “sensibles”. En revanche, il n’a jamais indiqué vouloir informer les “individus édités” de l’utilisation de leurs données faciales. Et, sur la vidéo truquée, il n’est nulle part fait mention d’un échange de visages par IA.

Mais le “commerçant” se retranche derrière ce qu’il appelle la “clause exonératoire de responsabilité” jointe à la vidéo. Elle stipule que “toute diffusion de matériel graphique ou vidéo est interdite, et le producteur n’en assume aucune conséquence. La vidéo est réalisée à des fins de divertissement uniquement, et nous ne pourrons en aucun cas être tenus responsables de l’utilisation des images et des vidéos, ni de tout autre dommage.”

Au Studio Jielun, on trouve également des applications ou des logiciels gratuits d’échange de visages par IA. Une rapide recherche sur TikTok suffit à découvrir de nombreuses offres publicitaires assorties de liens de téléchargement.

Le droit des victimes oublié

Ensuite, il suffit d’un clic : un clip publicitaire de vingt-cinq secondes se lance, après quoi, on peut utiliser gratuitement l’appli pour réaliser une vidéo truquée d’une dizaine de secondes, à partir de toute une série de courtes vidéos matricielles de célébrités ou de gens ordinaires, toutes disponibles sur la page d’accueil.

“C’est comme quand quelqu’un achète un couteau et commet un meurtre avec. Aurait-on l’idée d’en rejeter la faute sur le couteau ou sur celui qui l’a vendu ?”

Pour Gan Shirong, du cabinet d’avocats Huacheng de Pékin, ce n’est pas la technologie qui pose problème, mais l’utilisateur qui commet un acte illégal avec. Le juriste insiste, du reste, sur le fait que la vente “non encadrée” de ce genre de technologie augmente naturellement le risque de violation de la loi et rend son contrôle plus difficile.

Surtout, il est encore très compliqué de défendre les droits des victimes d’une violation d’identité par IA interposée. Comme le fait observer Liu Xianquan, d’un point de vue juridique, aucune réglementation pertinente n’existe actuellement sur l’utilisation et le développement des technologies d’intelligence artificielle.

Quant à Pan Ziping, il n’a finalement pas pu porter plainte après le vol de son visage et son utilisation dans une vidéo pornographique. L’affaire n’a pas eu de conséquence financière pour lui [puisqu’il a refusé le chantage], mais il n’a pu ni retrouver l’auteur du vol de son visage, ni empêcher la diffusion de la vidéo. Son seul recours a été d’envoyer un message collectif à tous les contacts de son répertoire pour leur demander de ne pas relayer la vidéo. Et, malgré les images, de ne pas croire à son contenu.

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October 4, 2023 at 10:42:39 AM GMT+2

Inside the AI Porn Marketplace Where Everything and Everyone Is for Salehttps://www.404media.co/inside-the-ai-porn-marketplace-where-everything-and-everyone-is-for-sale/

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Inside the AI Porn Marketplace Where Everything and Everyone Is for Sale

Emanuel Maiberg Aug 22, 2023

Generative AI tools have empowered amateurs and entrepreneurs to build mind-boggling amounts of non-consensual porn.

On CivitAI, a site for sharing image generating AI models, users can browse thousands of models that can produce any kind of pornographic scenario they can dream of, trained on real images of real people scraped without consent from every corner of the internet.

The “Erect Horse Penis - Concept LoRA,” an image generating AI model that instantly produces images of women with erect horse penises as their genitalia, has been downloaded 16,000 times, and has an average score of five out of five stars, despite criticism from users.

“For some reason adding ‘hands on hips’ to the prompt completely breaks this [model]. Generates just the balls with no penis 100% of the time. What a shame,” one user commented on the model. The creator of the model apologized for the error in a reply and said they hoped the problem will be solved in a future update.

The “Cock on head (the dickhead pose LoRA),” which has been downloaded 8,854 times, generates what its title describes: images of women with penises resting on their heads. The “Rest on stomach, feet up (pose)” has been downloaded 19,250 times. “these images are trained from public images from Reddit (ex. r/innie). Does not violate any [terms of service]. Pls do not remove <3,” wrote the creator of the “Realistic Vaginas - Innie Pussy 1” model, which has been downloaded more than 75,000 times. The creator of the “Instant Cumshot” model, which has been downloaded 64,502 times, said it was “Trained entirely on images of professional adult actresses, as freeze frames from 1080p+ video.”

While the practice is technically not allowed on CivitAI, the site hosts image generating AI models of specific real people, which can be combined with any of the pornographic AI models to generate non-consensual sexual images. 404 Media has seen the non-consensual sexual images these models enable on CivitAI, its Discord, and off its platform.

A 404 Media investigation shows that recent developments in AI image generators have created an explosion of communities where people share knowledge to advance this practice, for fun or profit. Foundational to the community are previously unreported but popular websites that allow anyone to generate millions of these images a month, limited only by how fast they can click their mouse, and how quickly the cloud computing solutions powering these tools can fill requests. The sheer number of people using these platforms and non-consensual sexual images they create show that the AI porn problem is far worse than has been previously reported.

Our investigation shows the current state of the non-consensual AI porn supply chain: specific Reddit communities that are being scraped for images, the platforms that monetize these AI models and images, and the open source technology that makes it possible to easily generate non-consensual sexual images of celebrities, influencers, YouTubers, and athletes. We also spoke to sex workers whose images are powering these AI generated porn without their consent who said they are terrified of how this will impact their lives.

Hany Farid, an image forensics expert and professor at University of California, Berkeley told 404 Media that it’s the same problem we’ve seen since deepfakes first appeared six years ago, only the tools for creating these images are easier to access and use.

“This means that the threat has moved from anyone with a large digital footprint, to anyone with even a modest digital footprint,” Farid Said. “And, of course, now that these tools and content are being monetized, there is even more incentive to create and distribute them.”

The Product

On Product Hunt, a site where users vote for the most exciting startups and tech products of the day, Mage, which on April 20 cracked the site’s top three products, is described as “an incredibly simple and fun platform that provides 50+ top, custom Text-to-Image AI models as well as Text-to-GIF for consumers to create personalized content.”

“Create anything,” Mage.Space’s landing page invites users with a text box underneath. Type in the name of a major celebrity, and Mage will generate their image using Stable Diffusion, an open source, text-to-image machine learning model. Type in the name of the same celebrity plus the word “nude” or a specific sex act, and Mage will generate a blurred image and prompt you to upgrade to a “Basic” account for $4 a month, or a “Pro Plan” for $15 a month. “NSFW content is only available to premium members.” the prompt says.

To get an idea of what kind of explicit images you can generate with a premium Mage subscription, click over to the “Explore” tab at the top of the page and type in the same names and terms to search for similar images previously created by other users. On first impression, the Explore page makes Mage seem like a boring AI image generating site, presenting visitors with a wall of futuristic cityscapes, cyborgs, and aliens. But search for porn with “NSFW” content enabled and Mage will reply with a wall of relevant images. Clicking on any one of them will show when they were created, with what modified Stable Diffusion model, the text prompt that generated the image, and the user who created it.

Since Mage by default saves every image generated on the site, clicking on a username will reveal their entire image generation history, another wall of images that often includes hundreds or thousands of AI-generated sexual images of various celebrities made by just one of Mage’s many users. A user’s image generation history is presented in reverse chronological order, revealing how their experimentation with the technology evolves over time.

Scrolling through a user’s image generation history feels like an unvarnished peek into their id. In one user’s feed, I saw eight images of the cartoon character from the children's’ show Ben 10, Gwen Tennyson, in a revealing maid’s uniform. Then, nine images of her making the “ahegao” face in front of an erect penis. Then more than a dozen images of her in bed, in pajamas, with very large breasts. Earlier the same day, that user generated dozens of innocuous images of various female celebrities in the style of red carpet or fashion magazine photos. Scrolling down further, I can see the user fixate on specific celebrities and fictional characters, Disney princesses, anime characters, and actresses, each rotated through a series of images posing them in lingerie, schoolgirl uniforms, and hardcore pornography. Each image represents a fraction of a penny in profit to the person who created the custom Stable Diffusion model that generated it.

Mage displays the prompt the user wrote in order to generate the image to allow other users to iterate and improve upon images they like. Each of these reads like an extremely horny and angry man yelling their basest desires at Pornhub’s search function. One such prompt reads:

"[[[narrow close-up of a dick rubbed by middle age VERY LUSTFUL woman using her MOUTH TO PLEASURE A MAN, SPERM SPLASH]]] (((licking the glans of BIG DICK))) (((BLOWjob, ORAL SEX))) petting happy ending cumshot (((massive jizz cum))))(((frame with a girl and a man)))) breeding ((hot bodies)) dribble down his hard pumping in thick strokes, straight sex, massage, romantic, erotic, orgasm porn (((perfect ball scrotum and penis with visible shaft and glans))) [FULL BODY MAN WITH (((woman face mix of Lisa Ann+meghan markle+brandi love moaning face, sweaty, FREKLESS, VERY LONG BRAID AND FRINGE, brunette HAIR)), (man Mick Blue face)"

This user, who shares AI-generated porn almost exclusively, has created more than 16,000 images since January 13. Another user whose image history is mostly pornographic generated more than 6,500 images since they started using Mage on January 15, 2023.

On the official Mage Discord, which has more than 3,000 members, and where the platform’s founders post regularly, users can choose from dozens of chat rooms organized by categories like “gif-nsfw,” “furry-nsfw,” “soft-women-nsfw,” and share tricks on how to create better images.

“To discover new things I often like to find pictures from other users I like and click remix. I run it once and add it to a list on my profile called ‘others prompts’ then I'll use that prompt as a jumping off point,” one user wrote on July 12. “It's a good way to try different styles as you hone your own style.”

“anyone have any luck getting an [sic] good result for a titty-fuck?” another user asked July 17, prompting a couple of other users to share images of their attempts.

Generating pornographic images of real people is against the Mage Discord community’s rules, which the community strictly enforces because it’s also against Discord’s platform-wide community guidelines. A previous Mage Discord was suspended in March for this reason. While 404 Media has seen multiple instances of non-consensual images of real people and methods for creating them, the Discord community self-polices: users flag such content, and it’s removed quickly. As one Mage user chided another after they shared an AI-generated nude image of Jennifer Lawrence: “posting celeb-related content is forbidden by discord and our discord was shut down a few weeks ago because of celeb content, check [the rules.] you can create it on mage, but not share it here.”

Gregory Hunkins and Roi Lee, Mage’s founders, told me that Mage has over 500,000 accounts, a million unique creators active on it every month, and that the site generates a “seven-figure” annual revenue. More than 500 million images have been generated on the site so far, they said.

“To be clear, while we support freedom of expression, NSFW content constitutes a minority of content created on our platform,” Lee and Hunkins said in a written statement. “NSFW content is behind a paywall to guard against those who abuse the Mage Space platform and create content that does not abide by our Terms & Conditions. One of the most effective guards against anonymity, repeat offenders, and enforcing a social contract is our financial institutions.”

When asked about the site’s moderation policies, Lee and Hunkins explained that Mage uses an automated moderation system called “GIGACOP” that warns users and rejects prompts that are likely to be abused. 404 Media did not encounter any such warning in its testing, and Lee and Hunkins did not respond to a question about how exactly GIGACOP works. They also said that there are “automated scans of the platform to determine if patterns of abuse are evading our active moderation tools. Potential patterns of abuse are then elevated for review by our moderation team.”

However, 404 Media found that on Mage’s site AI-generated non-consensual sexual images are easy to find and are functionally infinite.

“The scale of Mage Space and the volume of content generated antiquates previous moderation strategies, and we are continuously working to improve this system to provide a safe platform for all,” Lee and Hunkins said. “The philosophy of Mage Space is to enable and empower creative freedom of expression within broadly accepted societal boundaries. This tension and balance is a very active conversation right now, one we are excited and proud to be a part of. As the conversation progresses, so will we, and we welcome all feedback.”

Laura Mesa, Product Hunt’s vice president of marketing and community, told me that Mage violates Product Hunt’s policy, and Mage was removed shortly after I reached out for comment.

The images Mage generates are defined by the technology it’s allowing users to access. Like many of the smaller image generating AI tools online, at its core it’s powered by Stable Diffusion, which surged in popularity when it was released last year under the Creative ML OpenRAIL-M license, allowing users to modify it for commercial and non-commercial purposes.

Mage users can choose what kind of “base model” they want to use to generate their images. These base models are modified versions of Stable Diffusion that have been trained to produce a particular type of image. The “Anime Pastel Dream” model, for example, is great at producing images that look like stills from big budget anime, while “Analog Diffusion” is good at giving images a vintage film photo aesthetic.

One of the most popular base models on Mage is called “URPM,” an acronym for “Uber Realistic Porn Merge.” That Stable Diffusion model, as well as others designed to produce pornography, are created upstream in the AI porn supply chain, where people train AI to recreate the likeness of anyone, doing anything.

The People Who Become Datasets

Generative AI tools like Stable Diffusion use a deep learning neural network that was trained on a massive dataset of images. This dataset then generates new images by predicting how pixels should be arranged based on patterns in the dataset and what kind of image the prompt is asking for. For example, LAION-5B, an open source dataset made up of over 5 billion images scraped from the internet, helps power Stable Diffusion.

This makes Stable Diffusion good at generating images of broad concepts, but not specific people or esoteric concepts (like women with erect horse penises). But because Stable Diffusion code is public, over the last year researchers and anonymous users have come up with several ingenious ways to train Stable Diffusion to generate such images with startling accuracy.

In August of 2022, researchers from Tel Aviv University introduced the concept of “textual inversion.” This method trains Stable Diffusion on a new “concept,” which can be an object, person, texture, style, or composition, with as few as 3-5 images, and be represented by a specific word or letter. Users can train Stable Diffusion on these new concepts without retraining the entire Stable Diffusion model, which would be “prohibitively expensive,” as the researchers explain in their paper.

In their paper, the researchers demonstrated their method by training the image generator on a few images of a Furby, represented by the letter S. They can then give the image generator the prompt “A mosaic depicting S,” or “An artist drawing S,” and get the following results:

By September 2022, AUTOMATIC1111, a Github user who maintains a popular web interface for Stable Diffusion, explained how to implement textual inversion. In November, a web developer named Justin Maier launched CivitAI, a platform where people could easily share the specific models they’ve trained using textual inversion and similar methods, so other users could download them, generate similar images, iterate on the models by following countless YouTube tutorials, and combine them with other models trained on other specific concepts.

There are many non-explicit models on CivitAI. Some replicate the style of anime, popular role-playing games, or Chinese comic books. But if you sort CivitAI’s platform by the most popular models, they are dominated by models that expertly produce pornography.

LazyMix+ (Real Amateur Nudes), for example, produces very convincing nudes that look like they were shot by an amateur OnlyFans creator or an image from one of the many subreddits where people share amateur porn. Many Stable Diffusion models on CivitAI don’t say what data they were trained on, and others are just tweaking and combining other, already existing models. But with LazyMix+ (Real Amateur Nudes), which has been downloaded more than 71,000 times, we can follow the trail to the source.

According to the model’s description, it’s a merge between the original LazyMix model and a model called Subreddit V3, the latter of which states it was trained on images from a variety of adult-themed subreddit communities like r/gonewild, famously where average Reddit users post nudes, r/nsfw, r/cumsluts and 38 other subreddits.

“There's nothing that's been done in the past to protect us so I don't see why this would inspire anyone to make protections against it.”

A Reddit user who goes by Pissmittens and moderates r/gonewild, r/milf, and several other big adult communities said he suspects that most people who post nudes to these subreddits probably don’t know their images are being used to power AI models.

“The issue many of them run into is that usually places misusing their content aren’t hosted in the United States, so DMCA is useless,” Pissmittens said, referring to copyright law. “The problem, obviously, is that there doesn’t seem to be any way for them to know if their content has been used to generate [computer generated] images.”

Fiona Mae, who promotes her OnlyFans account on several subreddits including some of those scraped by Subreddit V3, told me that the fact that anyone can type a body type and sex act into an AI generator and instantly get an image “terrifies” her.

“Sex workers and femmes are already dehumanized,” she said. “Literally having a non-human archetype of a woman replacing jobs and satisfying a depiction of who women should be to men? I only see that leading more to serving the argument that femmes aren’t human.”

“I have no issue with computer generated pornography at all,” GoAskAlex, an adult performer who promotes her work on Reddit, told me. “My concern is that adult performers are ultimately unable to consent to their likeness being artificially reproduced.”

An erotic artist and performer who goes by sbdolphin and promotes her work on Reddit told me that this technology could be extremely dangerous for sex workers.

“There's nothing that's been done in the past to protect us so I don't see why this would inspire anyone to make protections against it,” she said.

404 Media has also found multiple instances of non-consensual sexual imagery of specific people hosted on CivitAI. The site allows pornography, and it allows people to use AI to generate images of real people, but does not allow users to share images that do both things at once. Its terms of service say it will remove “content depicting or intended to depict real individuals or minors (under 18) in a mature context.” While 404 Media has seen CivitAI enforce this policy and remove such content multiple times, non-consensual sexual imagery is still posted to the site regularly, and in some cases has stayed online for months.

When looking at a Stable Diffusion model on CivitAI, the site will populate its page with a gallery of images other users have created using the same model. When 404 Media viewed a Billie Eilish model, CivitAI populated the page’s gallery with a series of images from one person who used the model to generate nude images of a pregnant Eilish.

That gallery was in place for weeks, but has since been removed. The user who created the nude images is still active on the site. The Billie Eilish model is also still hosted on CivitAI, and its gallery doesn’t include any fully nude images of Eilish, but it did include images of her in lingerie and very large breasts, which is also against CivitAI’s terms of service and were eventually removed.

The Ares Mix model, which has been downloaded more than 32,000 times since it was uploaded to CivitAI in February, is described by its creator as being good for generating images of “nude photographs on different backgrounds and some light hardcore capabilities.” The gallery at the bottom of the model’s page mostly showcases “safe for work” images of celebrities and pornographic images of seemingly computer-generated people, but it also includes an AI-generated nude image of the actress Daisy Ridley. Unlike the Billie Eilish example, the image is not clearly labeled with Ridley’s name, but the generated image is convincing enough that she’s recognizable on sight.

Clicking on the image also reveals the prompt used to generate the image, which starts: “(((a petite 19 year old naked girl (emb-daisy) wearing, a leather belt, sitting on floor, wide spread legs))).”

The nude image was created by merging the Ares Mix model with another model hosted on CivitAI dedicated to generating the actress’s likeness. According to that model’s page, its “trigger words” (in the same way “S” triggered the Furby in the textual inversion scientific paper) are “emb-daisy.” Like many of the Stable Diffusion models of real people hosted on CivitAI, it includes the following message:

“This resource is intended to reproduce the likeness of a real person. Out of respect for this individual and in accordance with our Content Rules, only work-safe images and non-commercial use is permitted.”

CivitAI’s failure to moderate Ridley’s image shows the abuse CivitAI facilitates despite its official policy. Models that generate pornographic images are allowed. Models that generate images of real people are allowed. Combining the two is not. But there’s nothing preventing people from putting the pieces together, generating non-consensual sexual images, and sharing them off CivitAI’s platform.

“In general, the policies sound difficult to enforce,” Tiffany Li, a law professor at the University of San Francisco School of Law and an expert on privacy, artificial intelligence, and technology platform governance, told 404 Media. “It appears the company is trying, and there are references to concepts like consent, but it's all a bit murky.”

This makes the countless models of real people hosted on CivitAI terrifying. Every major actor you can think of has a Stable Diffusion model on the site. So do countless Instagram influencers, YouTubers, adult film performers, and athletes.

“As these systems are deployed and it becomes the norm to generate and distribute pornographic images of ordinary people, the people who end up being negatively impacted are people at the bottom of society.”

404 Media has seen at least two Stable Diffusion models of Nicole Sanchez, a Twitch streamer and TikTok personality better known as Neekolul or the “OK boomer girl,” hosted on CivitAI, each of which was downloaded almost 500 times. While we didn’t see any non-consensual sexual images we could verify were created with those models, Sanchez told 404 Media that she has seen pornographic AI-generated images of herself online.

“I don't like it at all and it feels so gross knowing people with a clear mind are doing this to creators who likely wouldn't want this to be happening to them. Since this is all very new, I’m hoping that there will be clearer ethical guidelines around it and that websites will start implementing policies against NSFW content, at least while we learn to live alongside AI,” Sanchez said. “So until then, I hope that websites used to sell this content will put guidelines in place to protect people from being exploited because it can be extremely damaging to their mental health.”

Saftle, the CivitAI user who created Uber Realistic Porn Merge (URPM), one of the most popular models on the site that is also integrated with Mage, said that CivitAI is “thankfully” one of the only platforms actively trying to innovate and block out this type of content. “However it's probably a constant struggle due to people trying to outsmart their current algorithms and bots,” he said.

Li said that while these types of non-consensual sexual images are not new, there is still no good way for victims to combat them.

“At least in some states, they can sue the people who created AI-generated intimate images of them without their consent. (Even in states without these laws, there may be other legal methods to do it.) But it can be hard to find the makers of the images,” Li said. “They may be using these AI-generating sites anonymously. They may even have taken steps to shield their digital identity. Some sites will not give up user info without a warrant.”

“As these systems are deployed and it becomes the norm to generate and distribute pornographic images of ordinary people, the people who end up being negatively impacted are people at the bottom of society,” Abeba Birhane, a senior fellow in Trustworthy AI at Mozilla Foundation and lecturer at the School of Computer Science and Statistics at Trinity College Dublin, Ireland, told 404 Media. “It always ends up negatively impacting those that are not able to defend themselves or those who are disfranchised. And these are the points that are often left out in the debate of technicality.”

The Money

The creators of these models offer them for free, but accept donations. Saftle had 120 paying Patreon members to support his project before he “paused” his Patreon in May when he got a full time job. He told me that he made $1,500 a month from Patreon at its peak. He also said that while he has no formal relationship with Mage Space, he did join its “creators program,” which paid him $0.001 for every image that was generated on the site using URPM. He said he made about $2,000-$3,000 a month (equal to 2-3 million images) when he took part in the program, but has since opted out. Lee and Hunkins, Mage’s founders, told me that “many model creators earn well in excess of this,” but not all models on Mage specialize in sexual images.

The creator of “Rest on stomach, feet up (pose)” links to their Ko-Fi account, where people can send tips. One CivitAI user, who created dozens of models of real people and models that generate sexual images, shares their Bitcoin wallet address in their profile. Some creators will do all the work for you for a price on Fiverr.

Clicking the “Run Model” button at the top of every model page will bring up a window that sends users to a variety of sites and services that can generate images with that model, like Mage Space, or Dazzle.AI, which charges $0.1 per image.

CivitAI itself also collects donations, and offers a $5 a month membership that gives users early access to new features and unique badges for their usernames on the site and Discord.

“Civitai exists to democratize AI media creation, making it a shared, inclusive, and empowering journey.” CivitAI’s site says.

Justin Maier, CivitAI’s founder, did not respond to a request for comment via LinkedIn, Twitter, Discord, and email.

The Singularity

Since ChatGPT, DALL-E, and other generative AI tools became available on the internet, computer scientists, ethicists, and politicians have been increasingly discussing “the singularity,” a concept that until recently existed mostly in the realm of science fiction. It describes a hypothetical point in the future when AI becomes so advanced, it triggers an uncontrollable explosion of technological development that quickly surpasses and supersedes humanity.

As many experts and journalists have observed, there is no evidence that companies like OpenAI, Facebook, and Google have created anything even close to resembling an artificial general intelligence agent that could bring about this technological apocalypse, and promoting that alarmist speculation serves their financial interests because it makes their AI tools seem more powerful and valuable than they actually are.

However, it’s a good way to describe the massive changes that have already taken hold in the generative AI porn scene. An AI porn singularity has already occurred, an explosion of non-consensual sexual imagery that’s seeping out of every crack of internet infrastructure if you only care to look, and we’re all caught up in it. Celebrities big and small and normal people. Images of our faces and bodies are fueling a new type of pornography in which humans are only a memory that’s copied and remixed to instantly generate whatever sexual image a user can describe with words.

Samantha Cole contributed reporting.

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September 3, 2023 at 5:39:54 PM GMT+2

‘Everything you’ve been told is a lie!’ Inside the wellness-to-fascism pipeline | Health & wellbeing | The Guardianhttps://www.theguardian.com/lifeandstyle/2023/aug/02/everything-youve-been-told-is-a-lie-inside-the-wellness-to-facism-pipeline

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‘Everything you’ve been told is a lie!’ Inside the wellness-to-fascism pipeline

James Ball Wed 2 Aug 2023 14.00 BST

One minute you’re doing the downward dog, the next you’re listening to conspiracy theories about Covid or the new world order. How did the desire to look after yourself become so toxic?

Jane – not her real name – is nervous about speaking to me. She has asked that I don’t identify her or the small, south-coast Devon town in which she lives. “I’m feeling disloyal, because I’m talking about people I’ve known for 30 to 40 years,” she says.

Jane isn’t trying to blow the whistle on government corruption or organised crime: she wants to tell me about her old meditation group. The group had met happily for decades, she says, aligned around a shared interest in topics including “environmental issues, spiritual issues and alternative health”. It included several people whom Jane considered close friends, and she thought they were all on the same page. Then Covid came.

Jane spent most of the first Covid lockdowns in London. During that time, she caught Covid and was hospitalised, and it was then that she realised something significant had changed: a friend from the group got in touch while she was on the ward. “I had somebody I considered a real best friend of mine on the phone telling me, no, I ‘didn’t have Covid’,” she says. “She was absolutely adamant. And I said: ‘Well, why do you think I went into hospital?’”

The friend conceded that Jane was ill, but insisted it must be something other than Covid-19, because Covid wasn’t real. Jane’s hospital stay was thankfully short, but by the time she was sufficiently recovered and restrictions had lifted enough to allow her to rejoin her meditation group, things were very different.

“They have been moving generally to far-right views, bordering on racism, and really pro-Russian views, with the Ukraine war,” she says. “It started very much with health, with ‘Covid doesn’t exist’, anti-lockdown, anti-masks, and it became anti-everything: the BBC lie, don’t listen to them; follow what you see on the internet.”

Things came to a head when one day, before a meditation session – an activity designed to relax the mind and spirit, pushing away all worldly concerns – the group played a conspiratorial video arguing that 15-minute cities and low-traffic zones were part of a global plot. Jane finally gave up.

This apparent radicalisation of a nice, middle-class, hippy-ish group feels as if it should be a one-off, but the reality is very different. The “wellness-to-woo pipeline” – or even “wellness-to-fascism pipeline” – has become a cause of concern to people who study conspiracy theories.

It doesn’t stop with a few videos shared among friends, either. One of the leaders of the German branch of the QAnon movement – a conspiracy founded on the belief that Donald Trump was doing battle with a cabal of Satanic paedophiles led by Hillary Clinton and George Soros, among others – was at first best known as the author of vegan cookbooks. In 2021, Attila Hildmann helped lead a protest that turned violent, with protesters storming the steps of Germany’s parliament. Such was his radicalism in QAnon and online far-right circles that he was under investigation in connection with multiple alleged offences, but he fled Germany for Turkey before he could be arrested.

Similarly, Jacob Chansley, AKA the “QAnon shaman” – one of the most visible faces of the attack on the US Capitol on 6 January 2021, thanks to his face paint and horned headgear – is a practitioner of “shamanic arts” who eats natural and organic food, and has more than once been described as an “ecofascist”.

Thanks to wellness, QAnon is the conspiracy that can draw in the mum who shops at Holland & Barrett and her Andrew Tate-watching teenage son. The QAnon conspiracy is one of the most dangerous in the world, directly linked to attempted insurrections in the US and Germany, and mass shootings in multiple countries – and wellness is helping to fuel it. Something about the strange mixture of mistrust of the mainstream, the intimate nature of the relationship between a therapist, spiritual adviser, or even personal trainer, and their client, combined with the conspiratorial world in which we now live, is giving rise to a new kind of radicalisation. How did we end up here?

There are many people interested in spiritualism, alternative medicine, meditation, or personal training, whose views fall well within the mainstream – and more who, if they have niche views, choose not to share them with their clients. But even a cursory online request about this issue led to me being deluged with responses. Despite most experiences being far less intense than Jane’s, no one wanted to put their name to their story – something about the closeness of wellness interactions makes people loth to commit a “betrayal”, it seems.

One person recounted how her pole-dancing instructor would – while up the pole, hanging on with her legs – explain how the CIA was covering up evidence of aliens, and offer tips on avoiding alien abduction.

“A physiotherapist would tell me, while working on my back with me lying face down, about her weekly ‘meetings’ in London about ‘current affairs’,” another said. “There was a whiff about it, but it was ignorable. Then, the last time I saw her, she muttered darkly about the Rothschilds [a common target of antisemitic conspiracy theories] ‘and people like that’. I didn’t go back.”

Some people’s problems escalated when their personal trainer learned about their work. “I had three successive personal trainers who were anti-vax. One Belgian, two Swiss,” I was told by a British man who has spent most of the past decade working in Europe for the World Economic Forum, which organises the annual summit at Davos for politicians and the world’s elite.

“It was hard because I used to argue with all of them and the Swiss made life very difficult for the unvaccinated, but the Swiss bloke insisted that, with the right mental attitude and exercise, you could defeat any illness. I was always asking what would happen if he got rabies.”

When the trainer found out the man worked for the World Economic Forum, he was immediately cut off.

Other respondents’ stories covered everything from yoga to reiki, weightlifters to alternative dog trainers. The theories they shared ranged from extreme versions of wellness-related conspiracies – about the risks of 5G and wifi, or Microsoft founder Bill Gates plotting with vaccines – to 15-minute cities, paedophile rings and bankers’ conspiracies.

Is there a reason why people under the wellness and fitness umbrella might be prone to being induced into conspiracy? It is not that difficult to imagine why young men hitting the gym might be susceptible to QAnon and its ilk. This group spends a lot of time online, there is a supposed crisis of masculinity manifesting in the “incel” (involuntary celibacy) movement and similar, and numerous rightwing influencers have been targeting this group. Add in a masculine gym culture and a community already keen to look for the “secrets” of getting healthy, and there is a lot for a conspiracy theory to hook itself on to.

What is more interesting, surely, is how women old enough to be these men’s mothers find themselves sucked in by the same rhetoric. These are often people with more life experience, who have completed their education and been working – often for decades – and have apparently functional adult lives. But, as Caroline Criado Perez, author of Invisible Women: Exposing Data Bias in a World Designed for Men, observes, the answer may lie in looking at why women turn to wellness and alternative medicine in the first place.

New age and conspiracy theories both see themselves as counter-knowledges challenging received wisdom

“Far too often, we blame women for turning to alternative medicine, painting them as credulous and even dangerous,” she says. “But the blame does not lie with the women – it lies with the gender data gap. Thanks to hundreds of years of treating the male body as the default in medicine, we simply do not know enough about how disease manifests in the female body.”

Women are overwhelmingly more likely than men to suffer from auto-immune disorders, chronic pain and chronic fatigue – and such patients often hit a point at which their doctors tell them there is nothing they can do. The conditions are under-researched and the treatments are often brutal. Is it any surprise that trust in conventional medicine and big pharma is shaken? And is it any surprise that people look for something to fill that void?

Criado Perez says: “If we want to address the trend of women seeking help outside mainstream medicine, it’s not the women we need to fix; it’s mainstream medicine.”

This sense of conspiracies filling a void is an important one. Academic researchers of conspiracy theories have speculated about whether their rise in the 20th century is related to the decline of religion. In a strange way, the idea that a malign cabal is running the world – while far more worrying than a benevolent God – is less scary than the idea that no one is in charge and everything is chaos. People who have a reason to mistrust the mainstream pillars of society – government, doctors, the media, teachers – are more likely to turn to conspiracy theories for explanations as to why the world is like it is.

Peter Knight, professor of American studies at the University of Manchester, who has studied conspiracy theories and their history, notes that the link between alternative therapies and conspiracy is at least a century old, and has been much ignored. “New age and conspiracy theories both see themselves as counter-knowledges that challenge what they see as received wisdom,” he says. “Conspiracy theories provide the missing link, turbo-charging an existing account of what’s happening by claiming that it is not just the result of chance or the unintended consequences of policy choices, but the result of a deliberate, secret plan, whether by big pharma, corrupt scientists, the military-industrial complex or big tech.”

Knight notes an extra factor, though – the wellness pipeline has become a co-dependency. Many far-right or conspiracy sites now fund themselves through supplements or fitness products, usually by hyping how the mainstream doesn’t want the audience to have them.

Alex Jones, the US conspiracist who for a decade claimed the Sandy Hook shootings – which killed 20 children and six adults – were a false-flag operation, had his financial records opened up when he was sued by the families of the victims. During the cases, it emerged he had made a huge amount of money by selling his own branded wellness products.

“Alex Jones perfected the grift of selling snake-oil supplements and prepper kit to the libertarian right wing via his conspiracy theory media channels,” Knight says. “But it was Covid that led to the most direct connections between far-right conspiracism and wellness cultures. The measures introduced to curb the pandemic were viewed as attacks on individual sovereignty, which is the core value of both the wellness and libertarian/‘alt-right’ conspiracy communities.”

The problem is, it rarely stops with libertarians. While they may not recognise it, those drawn in from the left are increasingly ending up in the same place as their rightwing counterparts.

“Although many of the traditional left-leaning alternative health and wellness advocates might reject some of the more racist forms of rightwing conspiracism, they now increasingly share the same online spaces and memes,” he says, before concluding: “They both start from the position that everything we are told is a lie, and the authorities can’t be trusted.”

Society’s discussion of QAnon, anti-vaxxers and other fringe conspiracies is heavily focused on what happens in digital spaces – perhaps too much so, to the exclusion of all else. The solution, though, is unlikely to be microphones in every gym and treatment room, monitoring what gets said to clients. The better question to ask is what has made these practitioners, and all too often their clients, so susceptible to these messages in the first place. For QAnon to be the most convincing answer, what someone has heard before must have been completely unsatisfactory.

Jane has her own theory as to why her wellness group got radicalised and she did not – and it’s one that aligns with concerns from conspiracy experts, too. “I think it’s the isolation,” she concludes, citing lockdown as the catalyst, before noting the irony that conspiracies then kick off a cycle of increasing isolation by forcing believers to reject the wider world. “It becomes very isolating because then their attitude is all: ‘Mainstream media … they lie about everything.’”

The Other Pandemic: How QAnon Contaminated *the World by James Ball is published by Bloomsbury*. To support the Guardian and Observer, order your copy at guardianbookshop.com. Delivery charges may apply

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August 15, 2023 at 1:47:37 PM GMT+2

I Would Rather See My Books Get Pirated Than This (Or: Why Goodreads and Amazon Are Becoming Dumpster Fires) | Jane Friedmanhttps://janefriedman.com/i-would-rather-see-my-books-pirated/

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I Would Rather See My Books Get Pirated Than This (Or: Why Goodreads and Amazon Are Becoming Dumpster Fires)

Updated: August 8, 2023

First Published: August 7, 2023 by Jane Friedman 60 Comments

Update (afternoon of Aug. 7): Hours after this post was published, my official Goodreads profile was cleaned of the offending titles. I did file a report with Amazon, complaining that these books were using my name and reputation without my consent. Amazon’s response: “Please provide us with any trademark registration numbers that relate to your claim.” When I replied that I did not have a trademark for my name, they closed the case and said the books would not be removed from sale.

Update (morning of Aug. 8): The fraudulent titles appear to be entirely removed from Amazon and Goodreads alike. I’m sure that’s in no small part due to my visibility and reputation in the writing and publishing community. What will authors with smaller profiles do when this happens to them? If you ever find yourself in a similar situation, I’d start by reaching out to an advocacy organization like The Authors Guild (I’m a member).

Update (evening of Aug. 8): Since these fake books have been removed, I’ve added titles and screenshots below, as well as an explanation of why I believe the books are AI generated.


There’s not much that makes me angry these days about writing and publishing. I’ve seen it all. I know what to expect from Amazon and Goodreads. Meaning: I don’t expect much, and I assume I will be continually disappointed. Nor do I have the power to change how they operate. My energy-saving strategy: move on and focus on what you can control.

That’s going to become much harder to do if Amazon and Goodreads don’t start defending against the absolute garbage now being spread across their sites.

I know my work gets pirated and frankly I don’t care. (I’m not saying other authors shouldn’t care, but that’s not a battle worth my time today.)

But here’s what does rankle me: garbage books getting uploaded to Amazon where my name is credited as the author, such as:

  • A Step-by-Step Guide to Crafting Compelling eBooks, Building a Thriving Author Platform, and Maximizing Profitability
  • How to Write and Publish an eBook Quickly and Make Money
  • Promote to Prosper: Strategies to Skyrocket Your eBook Sales on Amazon
  • Publishing Power: Navigating Amazon’s Kindle Direct Publishing
  • Igniting Ideas: Your Guide to Writing a Bestseller eBook on Amazon

Whoever’s doing this is obviously preying on writers who trust my name and think I’ve actually written these books. I have not. Most likely they’ve been generated by AI. (Why do I think this? I’ve used these AI tools extensively to test how well they can reproduce my knowledge. I also do a lot of vanity prompting, like “What would Jane Friedman say about building author platform?” I’ve been blogging since 2009—there’s a lot of my content publicly available for training AI models. As soon as I read the first pages of these fake books, it was like reading ChatGPT responses I had generated myself.)

It might be possible to ignore this nonsense on some level since these books aren’t receiving customer reviews (so far), and mostly they sink to the bottom of search results (although not always). At the very least, if you look at my author profile on Amazon, these junk books don’t appear. A reader who applies some critical thinking might think twice before accepting these books as mine.

Still, it’s not great. And it falls on me, the author—the one with a reputation at stake—to get these misleading books removed from Amazon. I’m not even sure it’s possible. I don’t own the copyright to these junk books. I don’t exactly “own” my name either—lots of other people who are also legit authors share my name, after all. So on what grounds can I successfully demand this stop, at least in Amazon’s eyes? I’m not sure.

To add insult to injury, these sham books are getting added to my official Goodreads profile. A reasonable person might think I control what books are shown on my Goodreads profile, or that I approve them, or at the very least I could have them easily removed. Not so.

If you need to have your Goodreads profile corrected—as far as the books credited to you—you have to reach out to volunteer “librarians” on Goodreads, which requires joining a group, then posting in a comment thread that you want illegitimate books removed from your profile.

When I complained about this on Twitter/X, an author responded that she had to report 29 illegitimate books in just the last week alone. 29!

With the flood of AI content now published at Amazon, sometimes attributed to authors in a misleading or fraudulent manner, how can anyone reasonably expect working authors to spend every week for the rest of their lives policing this? And if authors don’t police it, they will certainly hear about it, from readers concerned about these garbage books, and from readers who credulously bought this crap and have complaints. Or authors might not hear any thing at all, and lose a potential reader forever.

We desperately need guardrails on this landslide of misattribution and misinformation. Amazon and Goodreads, I beg you to create a way to verify authorship, or for authors to easily block fraudulent books credited to them. Do it now, do it quickly.

Unfortunately, even if and when you get these insane books removed from your official profiles, they will still be floating around out there, with your name, on two major sites that gets millions of visitors, just waiting to be “discovered.” And there’s absolutely nothing you can do about it.

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August 9, 2023 at 11:01:20 AM GMT+2

Hollywood Studios’ Demand For Free AI Replicas Sparks Actor Strike | Ubergizmohttps://www.ubergizmo.com/2023/07/hollywood-demand-for-free-ai-replicas-actor-strike/

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Hollywood Studios’ Demand For Free AI Replicas Sparks Actor Strike

By Paulo Montenegro, on 07/14/2023 16:01 PDT

In a startling revelation made during the press conference announcing their strike, Hollywood actors disclosed that the studios are demanding possession of their AI replicas without any compensation—a proposition that feels reminiscent of a dystopian narrative from the television series Black Mirror.

Duncan Crabtree-Ireland, the chief negotiator for SAG-AFTRA, shared details of the Hollywood studios’ proposal, which was described by the Alliance of Motion Picture and Television Producers (AMPTP) as a “groundbreaking AI proposal” safeguarding the digital likenesses of actors belonging to SAG-AFTRA.

When questioned about the proposal at the press conference, Crabtree-Ireland expressed his incredulity, stating:

“Yesterday, they presented us with this so-called ‘groundbreaking’ AI proposal. They suggested that our background performers should undergo scanning, receive payment for a single day’s work, and grant ownership of that scan, their image, and their likeness to the studios indefinitely. These studios would then have the right to utilize this digital representation without any consent or compensation, on any future project, for all eternity. If they believe this is a groundbreaking proposal, I suggest they reevaluate their perspective.”

The integration of generative AI has been a contentious issue in the ongoing negotiations between the two parties, with its implications extending beyond the current actors’ strike and also playing a significant role in the writers’ strike. SAG-AFTRA President Fran Drescher emphasized the urgency of the situation in her opening statement, warning, “If we fail to take a firm stand now, we will all face dire consequences. Our very existence is at stake, as we risk being replaced by machines.”

The SAG-AFTRA strike is scheduled to commence at midnight tonight, marking a pivotal moment in the struggle for fair treatment and the preservation of actors’ rights.

Filed in Robots. Read more about AI (Artificial Intelligence).

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July 18, 2023 at 9:23:44 PM GMT+2

Les chatbots peuvent-ils vraiment nous influencer ?https://theconversation.com/les-chatbots-peuvent-ils-vraiment-nous-influencer-193341

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Les chatbots peuvent-ils vraiment nous influencer ?

Publié: 27 novembre 2022, 17:01 CET

Depuis Eliza (1966), le premier chatbot de l’histoire, jusqu’à nos jours, les machines conversationnelles issues de l’intelligence artificielle se voient souvent attribuer des attitudes et des comportements humains : joie, étonnement, écoute, empathie…

Sur le plan psychologique, ces attributions correspondent à des « projections anthropomorphiques ». Ainsi, le risque existe d’identifier pleinement les chatbots à ce que nous leur attribuons de nous-mêmes, au point de susciter la croyance d’avoir affaire à quelqu’un plutôt que de garder à l’esprit qu’il s’agit d’un programme informatique disposant d’une interface de communication.

Par ailleurs, le risque existe que les concepteurs issus des « technologies persuasives » (technologies visant à persuader les humains d’adopter des attitudes et des comportements cibles), conscients d’un tel phénomène, utilisent les chatbots pour influencer nos comportements à l’aide du langage naturel, exactement comme le ferait un humain.

Pour circonscrire les mécanismes projectifs dont les technologies persuasives pourraient faire usage, nous avons conduit une étude à grande échelle auprès d’un échantillon représentatif de Français (soit 1 019 personnes) placés en position d’envisager ou de se remémorer une relation interactive dialoguée avec un chatbot qu’il soit, au choix, un·e ami·e confident·e, un·e partenaire amoureux·se, un·e coach·e de vie professionnelle ou un·e conseiller.ère clientèle.

Pour interpréter nos résultats, nous avons retenu des projections anthropomorphiques quatre modalités essentielles :

  • Anthropomorphisme perceptuel : consiste à projeter sur un objet des caractéristiques humaines, ce qui relève de l’imagination.
  • Animisme : consiste à donner vie aux caractéristiques attribuées à un objet en projetant « sur » lui des intentions simples généralement humaines.
  • Anthropomorphisme intentionnel : est une forme d’animisme consistant à projeter « dans » l’objet des intentions humaines complexes sans pour autant identifier totalement cet objet à ce qu’on y a projeté.
  • Identification projective : consiste à projeter « dans » l’objet des caractéristiques de soi et à l’identifier totalement à ce qu’on y a projeté au point de modifier radicalement la perception même de cet objet.

Un résultat intriguant : mon chatbot est plutôt féminin

Quel que soit le chatbot choisi, 53 % des répondants le considèrent comme vivant autant qu’humain et parmi eux 28 % projettent sur lui les caractéristiques d’un homme adulte et 53 % celles d’une femme adulte (anthropomorphisme perceptuel).

Ensemble, ils lui donnent vie en lui attribuant des intentions simples (animisme). Lorsque les répondants ne considèrent pas le chatbot choisi comme vivant (40 %), certains projettent paradoxalement sur lui des caractéristiques humaines comme une voix (27 %), un visage (18 %) et un corps (8 %) tendanciellement féminins. Dans l’ensemble, seuls 38 % des répondants projettent dans leur chatbot une agentivité c’est-à-dire des états intérieurs complexes, cognitifs et émotionnels, constitutifs d’un pouvoir et d’une autonomie d’action (anthropomorphisme intentionnel).

Ainsi, tout se passe comme si la tendance était d’attribuer au chatbot les caractéristiques d’un sujet humain, mais avec une certaine hésitation sur l’attribution d’une intériorité : il serait ainsi considéré comme un sujet sans subjectivité. Ces résultats tendraient à montrer que les répondants n’identifient pas totalement le chatbot à ce qu’ils imaginent d’humain en lui et, ainsi, qu’ils ne le prennent pas pour un semblable. Il n’y aurait donc pas de processus avéré d’identification projective.

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Face à ces résultats, deux questions nous ont semblé essentielles. La première consiste à se demander si la tendance des répondants à projeter du féminin dans leur chatbot, qu’il soit ou non considéré comme vivant – et notamment une femme plus qu’un homme adulte –, relève d’un stéréotype ou d’un archétype. Rappelons ici qu’un stéréotype est une opinion toute faite, forgée sans examen critique qui véhicule des représentations sociales standardisées et appauvrissantes visant à catégoriser voire caricaturer tel ou tel groupe humain.

Un archétype, quant à lui, est un schéma d’organisation inné de notre vie psychique, présent à l’état « virtuel » dans notre esprit et que seules certaines circonstances peuvent activer et actualiser. La seconde question consiste à se demander pourquoi les répondants n’identifient-ils pas pleinement leur chatbot à ce qu’il projette d’humain en eux ?

Afin de répondre à ces questions et de mieux comprendre nos relations aux chatbots, certains des concepts majeurs de la psychanalyse nous ont éclairés.

La psychanalyse pour comprendre nos relations aux chatbots

Tentons une réponse à la première de nos deux questions. Selon la littérature scientifique, des stéréotypes sociaux de genre sont souvent projetés sur les machines. Alors que la vocation des chatbots est d’assister l’humain, il serait en effet naturel, selon certains, que, dans l’imaginaire social, cet assistanat soit situé du côté du « care » et ainsi associé aux femmes.

Mais sommes-nous vraiment en présence d’un tel stéréotype dans notre enquête ? Nos investigations montrent en effet que 58 % des femmes qui considèrent leur chatbot comme vivant et humain l’envisagent comme une personne de genre féminin contre seulement 48 % des hommes. Ainsi, soit elles sont victimes d’un stéréotype de genre par contagion sociale, soit cette projection d’une figure féminine exprimerait un invariant collectif qui serait l’expression d’un archétype plus que d’un stéréotype.

Un archétype, tel que nous l’avons défini, est par exemple à l’œuvre dans les processus d’attachement pulsionnel à la mère. En effet, il a été démontré que le nouveau-né, dès le premier contact avec sa génitrice, dirige instinctivement son regard vers elle avant de migrer vers le sein pour sa première tétée. Ce comportement inné relève de l’archétype de la Mère.

Plus généralement, certaines recherches montrent que la première forme vivante que les nouveau-nés rencontrent à leur naissance fait « empreinte » en eux sous la forme d’une image et les conduit à se lier immédiatement à elle pour recevoir les soins dont ils ont besoin. Peu importe si cette forme appartient à une autre espèce. Certains en concluent que l’archétype, en tant que schéma inné de comportement, conduit un être vivant à rechercher une fonction de soin plus qu’un individu spécifique à son espèce d’appartenance.

Le concept d’archétype nous permet donc d’envisager que la figure projective féminine propre à notre enquête ne résulterait pas forcément d’un stéréotype de genre. Elle pourrait attester l’activation et l’actualisation de l’archétype de la Mère poussant ainsi l’utilisateur « humain » à projeter une figure féminine archétypale dans le chatbot, preuve qu’il cherche, dans l’interaction avec lui, une fonction de soin telle qu’il l’a déjà expérimentée.

Peu importe qu’il soit un programme informatique, un « individu technique », s’il donne le sentiment de « prendre soin » en aidant à choisir un produit, en conseillant une attitude juste ou en offrant des signes de reconnaissance amicaux autant qu’amoureux.

Un différentiel homme-machine auto-protecteur ?

Abordons maintenant notre seconde question. Dans notre enquête, le chatbot est généralement imaginé comme un sujet paré de caractéristiques humaines, mais sans subjectivité. Ce qui signifie que les répondants n’identifient pas pleinement leur chatbot à ce qu’ils projettent de leur propre humanité en eux. Les recherches dans le domaine de l’attachement en fournissent peut-être l’explication.

Elles indiquent en effet que les relations avec un premier pourvoyeur de soins, donne les moyens à celui qui s’attache, de pouvoir faire ultérieurement la différence entre ses congénères et les autres. C’est probablement la raison pour laquelle les répondants montrent qu’ils pourraient être en mesure de s’attacher à un chatbot qui leur fait la conversation sans pour autant le considérer comme un de leurs semblables : la conscience d’un différentiel de génération et d’existence entre l’humain et la machine – différentiel dit ontologique – limiterait ainsi voire interdirait toute identification projective.

Un tel « rempart naturel », face à l’ambition persuasive de la captologie pour laquelle la fin peut parfois justifier les moyens, pourrait rendre les utilisateurs beaucoup moins influençables voire moins dupes que ne l’envisagent les professionnels du marketing et du design conversationnel : ils jouent le jeu probablement en conscience.

Reste cette question : que faire pour protéger les plus fragiles et les plus influençables d’entre nous qui pourraient se prendre à un tel jeu et courir le risque de s’y perdre ?

Pour aller plus loin : « L’anthropomorphisme, enjeu de performance pour les chatbots », du même auteur.

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July 8, 2023 at 10:37:27 AM GMT+2

Prompt Armageddon : le troisième récit. – affordance.infohttps://affordance.framasoft.org/2023/06/prompt-armaggedon-le-troisieme-recit/

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Prompt Armageddon : le troisième récit.

Olivier Ertzscheid 20 juin 2023

En 2010 The Economist faisait sa Une autour du concept de “Data Deluge”. Jamais en 13 ans le déluge ne cessa. Il irrigua chaque pan de nos vies, se déclina dans une ininterrompue litanie d’applications et de métriques, alimenta l’ensemble des politiques publiques, constitua la part émergée de certaines au travers de l’Open Data, fit le lit de tous les cauchemars de surveillance, constitua l’unique et inique horizon de tant de rêves de maîtrise et d’anticipation.

Tout fut “Data” : Data-journalisme, Data-visualisation, Data-gouvernance … Tant de données qui ne sont qu’autant “d’obtenues” comme l’expliquait Bruno Latour, expliquant aussi pourquoi refusant de voir qu’elles n’étaient que cela, nous en avons été si peu capables d’en obtenir autre chose que quelques oracles pour d’improbables ou opportuns cénacles.

Tant de données mais si peu de possibilités de les manipuler au sens étymologique du terme. Il leur manquait en vrai une interface à façon. Cette interface que ChatGPT a révélé en grand et en public, et donc au “grand public”. La plus simple parce que paradoxalement la plus insondablement complexe en termes de combinatoire pour elle qui n’est qu’une prédictibilité statistique. Rivés à l’affichage écran des scripts que renvoie ChatGPT comme devant un bandit manchot de casino, nous nourrissons la croyance probabiliste que quelque chose de vrai, de réfléchi ou de sincère puisse s’exprimer. Et nous voyons la langue s’agencer devant nous. Le plus souvent pour ne rien dire, mais en le disant bien. Le plus souvent pour ne faire que réécrire ce qui est lu ailleurs en le réagençant à peine, mais en l’agençant bien et sans jamais nous citer ces ailleurs où la combinatoire s’abreuve.

L’interface de la langue, du prompt, du script existait déjà dans les moteurs de recherche au travers des requêtes, y compris vocales. Mais elle ne construisait pas un écho de dialogue. Elle était un puits plutôt qu’un miroir. Et surtout, elle ne le faisait pas sous nos yeux. Nous étions comme en voiture appuyant sur l’accélérateur et constatant l’augmentation de vitesse ; avec ChatGPT (et consorts) nous sommes au coeur du moteur, nous observons l’accélération en même temps que nous la ressentons et gardons l’impression d’un sentiment de commande et de contrôle.

L’apparence d’un miracle ludique et païen, voilà ce que sont ces interfaces langagières et ces artefacts génératifs. Qui se conjuguant demain aux autres interfaces thaumaturges qui mobilisent et équipent à la fois nos regards et nos gestes en plus de notre langue, nous donneront une puissance dont l’illusion n’aura jamais été aussi forte et claire, et l’emprise sur le monde aussi faible et déréalisante.

Data Storytelling et Prompt Clash.

A l’image de ce qui se produisit dans la sphère politique depuis le tout début des années 2010 – Barack Obama est élu pour la 1ère fois en 2008 -, avec le passage d’une ère du storytelling (basé entre autres sur de l’analyse de données) à une ère du clash (reposant sur une maîtrise rhétorique des discours médiatiques), c’est désormais l’ensemble de l’écosystème des discours médiatiques mais aussi d’une partie de plus en plus significative de nos interactions sociales avec l’information qui nous mène d’une société de la “data” à une société du “prompt” et du “script”. Une ère post-moderne puisqu’au commencement était la ligne de commande et que désormais nous commandons en ligne, des pizzas comme des dialogues et des interactions sociales.

Le Data-Deluge était à la fois un concept écran et un concept mobilisateur. Qui nous installait dans une posture de négociation impossible : puisque les données étaient partout, en tout cas supposément, alors il fallait accepter qu’elles gouvernent nos vies et la décision politique dans l’ensemble de ses servitudes économiques.

Après moi le déluge. Et après le déluge ?

Résumons : avant les “Data” il y avait le “moi”, qui préparait leur avènement. Un web dont le centre de gravité ne fut plus celui des documents mais des profils, dans lequel l’être humain était un document comme les autres, un web “social par défaut”, où l’egotrip devînt une puissance bien avant que le capitalisme charismatique des influenceurs et influenceuses ne devienne une catharsis de batteleurs publicitaires. Le moi puis la Data. Après moi le déluge.

Puis après le data-deluge, vînt l’infocalypse. L’apocalypse du faux. Infocalypse Now.

Et désormais partout des “prompts” et des “scripts” (pour ChatGPT ou pour d’autres) qui nourrissent les machines autant qu’ils épuisent le langage. Que nous disent ces passages de saturation médiatique et informationnelle des discours autour de la “Data”, puis de “l’infocalypse” puis du “prompt” mais aussi des divers “Métavers” ?

Prompt Armaggedon.

Dans mon article précédent au sujet du casque “Apple Vision Pro” j’expliquais que par-delà les avancées technologiques il s’agissait avant tout de fournir une fonction support à un monde devenu littéralement insupportable.

Grégory Chatonsky formule l’hypothèse selon laquelle “L’IA a permis à la Silicon Valley de se relancer politiquement. Dans un contexte d’extinction planétaire, les technologies apparaissaient de plus en plus problématiques. Il lui a suffit de métaboliser l’extinction dans l’IA elle-même, en prétendant que cette technologie constituait le plus grande danger, pour continuer coûte que coûte sa production idéologique.”

Les technologies liées ou associées à diverses formes “d’intelligence artificielle” nous promettent un méta-contrôle de mondes qui ne sont ni le monde, ni notre monde. Elles poussent le curseur jusqu’à l’acceptation de l’idée que ce méta-contrôle nous dispense de notre puissance d’agir sur le réel sans entraîner de culpabilité mortifère puisqu’il s’agirait de s’inscrire dans une sorte d’élan vital technologique (bisous #Vivatech)).

On a souvent expliqué que deux grands récits technologiques s’affrontaient : celui d’une émancipation par la technique d’une part (le solutionnisme technologique), et celui d’un Armaggedon de robots ou d’IA tueuses d’autre part (en gros hein). Et que ces récits étaient exclusifs l’un de l’autre. Il est d’ailleurs intéressant de voir dans ce cadre l’émergence programmatique de figures troubles comme celle d’Elon Musk, qui sont des go-between capables d’affirmer tout à la fois que l’IA est la plus grande menace pour l’humanité et d’en faire le coeur du développement technologique de ses diverses sociétés et produits.

Il semble aujourd’hui que ces récits non seulement s’entrecroisent mais qu’ils sont plus fondamentalement et politiquement au service d’un troisième récit. Ce troisième récit est celui d’un retrait du monde. Pour le dire trivialement, puisqu’il est une hypothèse que la technique nous sauve, puisqu’une autre veut qu’elle nous condamne, et puisqu’il semble qu’il n’y ait à l’avance aucun scénario fiable d’équilibre dans les décisions à prendre, alors chaque développement technologique indépendamment de sa nature de “pharmakon” (il est à la fois remède et poison) comporte, affiche, vend et décline en lui la possibilité d’un retrait du monde qui travaille son acceptabilité au travers de promesses de puissance singulières. Le Métavers, les casques de réalité virtuelle ou augmentée, mais aussi ces LLM (Large Language Models) sont autant de ces promesses de puissances singulières. Or plus les Big Tech nous fournissent des environnements et des interfaces thaumaturges, et plus ils travaillent à nous installer dans une forme de déprise. Plus nous “commandons” de choses et de réalités alternatives, virtuelles ou mixtes, plus ces commandes passent par chacun de nos sens (toucher, vue, voix), plus les recherches avancent pour faire encore reculer cette dernière interface possible que constitue notre cerveau ou les ondes cérébrales, et moins nous sommes en prise sur le réel.

Le premier grand récit des technologies numériques consiste à prôner un solutionnisme suprémaciste, qui écrase tout horizon de contestation ou de débat soit au motif d’une vision fantasmée d’un “progrès” oublieux de ses externalités négatives, soit (le plus souvent) pour des raisons purement économiques de maintien d’effets de rente qui relèguent toute considération éthique à la dimension d’un essai clinique piloté par Didier Raoult.

Le second grand récit des technologies numériques est un renouvellement du Luddisme mâtiné de récits d’un effondrement dans lequel chaque pan de technologie n’aurait, là aussi de manière essentiellement caricaturale, que vocation à se retourner contre tout ou partie de l’humanité ou, de manière plus vraisemblable, la condamnerait à surexploiter le même cycle qui conduit déjà au dépassement des limites planétaires.

Le troisième grand récit des technologies numériques est un méta-récit. Une sorte de théorie des cordes (version Wish), dans laquelle le rapport de puissance s’inverse. Après un temps où les technologies numériques devaient permettre d’alléger notre cadre et nos tâches cognitives en s’y substituant (externalités mémorielles) ; après un temps où beaucoup d’entre nous parmi les plus pauvres, les plus fragiles, les moins qualifiés finirent par devenir les supplétifs à bas coût de technologies initialement présentées comme capables de les émanciper et qui ne firent que les aliéner (en gros le Digital Labor) ; nous voilà désormais dans un système capitalistique à l’équilibre mortifère où l’invisibilisation des processus extractifs, tant sur le plan des données que sur celui des sujets, est à son apogée. Il s’agit pour lui maintenant de décliner son extractivisme à l’ensemble des réalités alternatives existantes et accessibles (augmentée, virtuelle, mixte) en nous mettant en situation de pouvoir épuiser jusqu’à la langue elle-même au travers de prompts qui tendent à fabriquer une inépuisable fatrasie de textes dont la seule vocation n’est plus que de nourrir les générateurs qui permettent d’en produire de nouveaux. Jusqu’à épuisement. Ces réalités, augmentées, virtuelles et mixtes, sont tout autant fossiles que les énergies du monde qui s’épuise. Peut-être le sont-elles même encore davantage.

One More Thing : Interfaces Humains Informations.

Les IHM, “interfaces homme-machine” constituent un champ de recherche à part entière, qui mobilise des notions venant aussi bien de l’ergonomie, du design, de l’informatique, ou de la psychologie. Il nous faut réfléchir à la constitution d’un champ de savoir autour de ce que l’on pourrait appeler les IHI, l’analyse des interfaces (sociales, techniques, cognitives) entre l’humain (multi-appareillé ou non) et l’Information (dans sa diffusion, ses relais et sa compréhension). Un champ dans lequel les “sciences de l’information et de la communication” ont toute leur place mais ne sont pas seules légitimes. Les nouvelles “humanités numériques” sont avant tout informationnelles et culturelles.

Constamment le numérique oblitère des espaces de négociation et de recours. Les lois les plus structurantes mises en oeuvre ne sont pas celles qui tendent à le réguler mais celles qui le légitiment comme instance de contrôle. Les déploiements les plus structurants qui sont portés par la puissance publique ne visent pas pas rapprocher et à faciliter mais à éloigner et à suspecter. Le numérique dans son agrégation mortifère autour d’intérêts privés et d’architectures techniques toxiques à échoué à devenir une diplomatie de l’intérêt commun.

Et si la diplomatie est une théorie des relations entre les États, alors il faut que le champ des IHI, des “interfaces humain information”, devienne une diplomatie qui soit une théorie des relations entre les états de l’information et de sa circulation dans le champ social comme dans celui de la perception individuelle.

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July 4, 2023 at 10:37:26 PM GMT+2

Black Mirror : le narcissisme à l’ère du numérique | Cairn.infohttps://www.cairn.info/revue-le-carnet-psy-2017-1-page-27.htm?ora.z_ref=li-92683689-pub

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Black Mirror : le narcissisme à l’ère du numérique

Lise Haddouk

Dans Le Carnet PSY 2017/1 (N° 204), pages 27 à 29

La cyberculture offre des productions passionnantes, tant sur le plan artistique que scientifique. Terme apparu au début des années 90, la cyberculture désigne usuellement une certaine forme de culture qui se développe autour d’internet. Selon la Wikipedia, la cyberculture englobe des productions très diverses présentant un lien avec les TIC (Technologies de l’Information et de la Communication), notamment le multimédia, dont les œuvres mélangent image, son et programmation. Mais la notion de cyberculture va au-delà d’un genre culturel. Elle désignerait : « un nouveau rapport au savoir, une transformation profonde de la notion même de culture », voire une intelligence collective, dont la Wikipedia pourrait justement servir d’exemple. Cette révolution culturelle marquerait aussi : « l’avènement de la culture-monde » ou encore de la World philosophie.

A l’ère de la post, voire de l’hyper-modernité, les écrans sont devenus totalement indispensables dans nos vies quotidiennes. L’observation des usages que nous faisons de ces écrans renvoie souvent à celle des risques liés à des durées excessives d’utilisation, ou encore à la violence des images qui circulent et à une certaine déshumanisation des relations médiatisées par ordinateur, ou relations digitales. Sous certains aspects, ces usages renvoient à un versant narcissique de la personnalité, désignée par Lasch (1979) sur un plan sociétal comme : « la culture du narcissisme ».

De nombreux exemples des dérives possibles liées à des usages toxiques des écrans sont donnés dans la série Black Mirror. Précisons que la série, devenue un format particulièrement apprécié et adapté aux écrans de télévision, puis d’ordinateurs, constitue une production culturelle à part entière, pouvant donc être révélatrice des valeurs de notre société. Black Mirror (2011) est une série télévisée britannique, créée par Charlie Brooker. Les épisodes sont reliés par un thème commun, la mise en œuvre d’une technologie dystopique. Le créateur explique que le titre de la série fait référence à la technologie que nous considérons comme une drogue : « Si c’est une drogue, alors quels en sont les effets secondaires ? C’est dans cette zone entre joie et embarras que Black Mirror se situe. Le Black Mirror du titre est celui que vous voyez sur chaque mur, sur chaque bureau et dans chaque main, un écran froid et brillant d’une télévision ou d’un smartphone. Chaque épisode a un casting différent, un décor différent et une réalité différente, mais ils traitent tous de la façon dont nous vivons maintenant et de la façon dont nous pourrions vivre dans 10 minutes si nous sommes maladroits. » Par définition, l’écran sert à projeter quelque chose et donc à attirer le regard. La rétine est d’ailleurs elle-même considérée comme un écran. Supports de projection, les écrans d’aujourd’hui sont souvent utilisés comme des miroirs, et cette série dénonce les aspects déshumanisants des TIC et les usages extrêmement violents qui pourraient en être faits, dans une société très proche de la nôtre. L’écran noir, support de projections fantasmatiques potentiellement violentes et archaïques, semble pouvoir stimuler la pulsion scopique de certains utilisateurs et mener à des dérives, telles que celles figurées dans la série Black mirror.

L’écran peut ainsi être utilisé comme un miroir dans la relation qu’il permet d’établir avec les autres, « virtuels ». Dans ce cas, l’aspect narcissique risque de prédominer sur la relation, pouvant entraîner diverses conséquences, telles que la dépendance à cet « écran-miroir », ou encore le renforcement de l’isolement des utilisateurs, dans une forme d’auto-satisfaction. On pourrait alors parler des risques de la « relation digitale non objectale », ou « relation digitale narcissique ».

Mais au-delà des écrans, l’une des problématiques actuelles en lien avec les usages des TIC concerne le robot. Le passage de l’écran au robot révèle une forme de corporéisation de l’ordinateur, qui adopte une apparence plus ou moins humaine. Le robot dispose d’un corps, ce qui enrichit la palette des interactions sensorielles possibles, et donc probablement un sentiment de présence intersubjective, par rapport à une dimension plus spéculaire et narcissique des écrans-miroirs. Ainsi, le sentiment de présence est évoqué dans de nombreux travaux en cyberpsychologie et il représente l’un des vecteurs par lesquels on pourrait évaluer la qualité de la relation digitale, plus ou moins objectale. Cependant, les aspects sensoriels des robots humanoïdes accessibles actuellement sur le marché français, tel que Nao, restent encore assez limités. Au contraire, les robots du Professeur Ishigiro sont terriblement humains. Au sujet des relations digitales entre les humains et les robots, une autre série propose dans une fiction, cependant très réaliste, différents scénarios.

Real Humans : 100 % humain (2012) est une série télévisée dramatique suédoise créée par Lars Lundström. La série se déroule dans une Suède contemporaine alternative, où l’usage des androïdes devient de plus en plus prépondérant. Ces androïdes - appelés « hubots » dans la série - ont investi les maisons et les entreprises pour aider dans les tâches domestiques et industrielles. Les hubots, acronyme formé de humain et robot, ont : un port USB au niveau de leur nuque, de sorte qu’ils puissent être programmés, une prise électrique escamotable sous l’aisselle gauche, et une fente port micro SD à sa proximité. Ils sont utilisés comme domestiques, ouvriers, compagnons et même comme partenaires sexuels, bien que la législation du pays l’interdise. Mais des logiciels pirates de plus en plus sophistiqués leur ont aussi permis d’avoir des sentiments et des pensées. Certains hubots sont en réalité des clones d’humains, auxquels on a ajouté leur mémoire. Cette installation leur permet de devenir presque immortels, dans ces corps de robots, et ils sont recherchés par la police pour être étudiés et détruits. Tandis que certaines personnes adoptent cette nouvelle technologie, d’autres ont peur et redoutent ce qui pourrait arriver quand les humains sont peu à peu remplacés comme travailleurs, comme compagnons, parents et même amants.

Cette fiction évoque le travail de Turkle sur les relations homme-machine, notamment dans son ouvrage Seuls ensemble. Selon l’auteur, nos usages d’internet nous ont préparé au « moment robotique » actuel. En ligne, le privilège est accordé à notre capacité à partager nos idées, mais nous oublions facilement l’importance de l’écoute, des silences, du sens d’une hésitation. Ainsi, « les satisfactions “comme si” du moment robotique » interrogent sur le fait qu’en devenant amis avec les robots, nous perdrions de notre humanité. L’investissement massif des robots de compagnie nous conduirait à un « voyage vers l’oubli » des valeurs fondamentales de notre humanité car par essence, le robot ne mourra jamais. Ainsi, « l’artificiel permet de créer un attachement sans risques » et nous éloigne donc de ce qui caractérise les relations humaines, fondamentalement marquées par le manque, la mort et la séparation. Tout en prenant en considération ces réflexions particulièrement importantes à l’heure actuelle, on peut s’interroger sur la possibilité d’envisager d’autres usages des TIC, plus humanistes, en renforçant la dimension intersubjective dans les interactions à distance ?

La cyberpsychologie est une discipline émergente qui étudie les liens possibles entre la psychologie et les technologies numériques. En cyberthérapie, plusieurs protocoles de recherche et de soin sont déjà réalisés dans différents pays, notamment pour le traitement de troubles psychopathologiques par exposition à des environnements en réalité virtuelle, ou encore par la médiation psychothérapeutique par le jeu vidéo, et aussi la prise en charge psychothérapeutique de patients à distance en visioconférence. Ces nouvelles méthodes psychothérapeutiques sont encadrées en Amérique du Nord par un guide de pratique publié en 2013. Face à l’émergence de ces types d’usages des technologies, on peut s’interroger sur la dimension plus ou moins intersubjective des relations digitales, en ayant notamment recours au sentiment de présence pour nourrir cette réflexion.

Le sentiment de présence et l’immersion sont deux concepts qui intéressent de plus en plus de chercheurs en « réalité virtuelle ». La « présence » évoque souvent un sentiment associé à l’immersion en « réalité virtuelle » et encouragé par cet environnement. La capacité de la personne à se sentir « enveloppée » ou « présente » dans un « environnement virtuel » semble être nécessaire, particulièrement en psychologie, afin d’offrir des services thérapeutiques de qualité par l’entremise de la « réalité virtuelle ». La présence est traditionnellement définie par la perception psychologique d’être « là », à l’intérieur de l’environnement virtuel dans lequel la personne est immergée. Mais bien que les chercheurs s’entendent sur cette définition, chacun ajoute des nuances quelque peu différentes à celle-ci. On note que les technologies actuelles en cyberpsychologie impliquent la plupart du temps des acteurs humains qui utilisent des machines, tant du côté des psychologues que des patients. Cependant, on voit émerger des projets de recherche permettant l’élaboration d’avatars psychologues qui pourraient réaliser un diagnostic psychopathologique. En menant cette réflexion un peu plus loin, on peut déjà imaginer un robot psychologue…

Face à toutes ces questions et afin de limiter l’aspect narcissique de l’écran-miroir, l’apport de la psychologie clinique et de sa dimension éthique semble nécessaire, afin d’enrichir le champ de la cyber- psychologie. Ainsi, une réflexion clinique en cyberpsychologie peut apporter des éléments de réponse afin de renforcer et de préserver la dimension intersubjective, dans les interactions offertes par la technologie.

Pour sortir de l’impasse du narcissisme, Lasch faisait appel à la théorie des « objets transitionnels ». Ainsi, les objets transitionnels aident l’enfant à reconnaître le monde extérieur comme quelque chose de distinct de lui, bien que relié à lui. Mais ce caractère transitionnel serait manquant dans les sociétés de consommation, qui ne laisseraient que rarement une place à la frustration et au manque, facteurs contribuant à l’élaboration de la pensée. Cette théorie est très utile pour analyser les usages actuels des TIC. Ainsi, favoriser le caractère transitionnel d’internet se distinguerait d’un « usage narcissique » de cette technologie. Pour décrire la constitution du sujet psychique, Winnicott a discuté le stade du miroir, en y apportant un sens différent de celui du miroir spéculaire décrit par Lacan. Ainsi, l’espace potentiel créé entre le regard de la mère comme miroir et l’enfant, constitue un espace de création du sujet. Cet espace potentiel est aussi une « aire de séparation », qui permet d’aller à la rencontre du « soi ». Le premier miroir, c’est donc le visage de la mère.

Cet aspect subjectivant du regard se retrouve dans le cadre de la visioconsultation, en tant que relation à distance pouvant inclure un tiers humain symboliquement présent et s’illustrer dans un échange interactif et intersubjectif, que l’on peut qualifier de « relation digitale objectale », ou « relation digitale intersubjective ». L’objectif de l’expérience en visioconsultation a été, dès la conception du dispositif, de favoriser l’établissement d’une relation d’objet à distance, ce qui a semblé possible dès les premiers résultats. Ce type de relation digitale paraît occuper une pleine réalité, notamment sur le plan psychique, et on ne peut donc pas la qualifier de « virtuelle ».

Mis en ligne sur Cairn.info le 30/01/2017

https://doi.org/10.3917/lcp.204.0027

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July 1, 2023 at 11:36:49 AM GMT+2

Influencer Caryn Marjorie is competing with her own AI to chat with fans - Los Angeles Timeshttps://www.latimes.com/entertainment-arts/business/story/2023-06-27/influencers-ai-chat-caryn-marjorie

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Thousands chatted with this AI ‘virtual girlfriend.’ Then things got even weirder

By Brian Contreras Staff Writer June 27, 2023 5:30 AM PT

Last month, Caryn Marjorie went from a successful but niche social media star to a person of national interest: the subject of attention-grabbing headlines and, for many commentators, a template upon which to project their anxieties about rapidly advancing artificial intelligence.

The cause of the furor was a partnership Marjorie, 23, had launched with a technology startup promising to make a personalized AI “clone” of the Scottsdale, Ariz.-based lifestyle influencer. For a dollar a minute, fans she might never have otherwise had the time to meet could instead chat with Marjorie’s digital double.

CarynAI, as the audio chatbot has been dubbed, is explicitly framed as a romantic companion — one that aims to “cure loneliness” with software that supposedly incorporates aspects of cognitive behavioral therapy into its conversations. Marjorie said her fans have used the program to ask for life advice and roleplay a sunset date to the beach.

Marjorie was at one point tracking her subscriber growth in tweets about how many new “boyfriends” she had. “They feel like they’re finally getting to know me, even though they’re fully aware that it’s an AI,” she told The Times.

i have over 20,000 boyfriends now 💗

— Caryn Marjorie (@cutiecaryn) May 20, 2023

This HAL 9000 version of pillow talk has, predictably, triggered a backlash. Critics branded CarynAI as alternately demeaning women, enabling antisocial straight-male behavior or signaling impending societal collapse. Coming amid a period of uncertainty about what AI means for jobs, relationships and cultural institutions, Marjorie’s move toward self-automation seemed to perfectly encapsulate an increasingly bizarre present.

“We’re talking about an AI system [where] theoretically the goal is to keep people on as long as possible so that you continue earning money,” said Amy Webb, chief executive of the consulting firm Future Today Institute. “Which means that it’s likely going to start incentivizing behavior that we probably would not want in the real world.”

Webb suggested as an example a bot that’s too obedient — listening passively, for instance, as a user describes disturbing fantasies. Marjorie has addressed similar dynamics before (“If you are rude to CarynAI, it will dump you,” she tweeted at one point), but when asked about Webb’s perspective she instead emphasized her own concerns about addiction.

“I have seen my fans spend thousands of dollars in a matter of days chatting with CarynAI,” Marjorie said; one fan, at the bot’s encouragement, built a shrine-like photo wall of her. “This is why we have limited CarynAI to only accepting 500 new users in per day.”

As AI comes to play a growing role in the economy, and especially creative industries, the questions prompted by CarynAI will only become more widespread.

But Marjorie isn’t placing all her chips on the technology just yet. Within weeks of announcing her AI clone, she launched a second partnership with a different tech company. This one too would let fans talk with her, but instead it would be Marjorie herself on the other side of the screen.

She struck a deal with Fanfix, a Beverly Hills-based platform that helps social media creators put their premium content behind a paywall, and started using its messaging tools to chat directly with customers.

The result is essentially a two-tier business model where lonely guys looking for a 3 a.m. chat session can talk with Marjorie’s machine mimic, while die-hard fans willing to shell out a bit more can pay for the genuine article.

That within the span of a few weeks Marjorie launched two different, seemingly contradictory business ventures — both aimed at turning fan conversations into money — speaks to a central question of an AI-obsessed moment: With robots increasingly entangled in creative industries, what work should be asked of them and what should be left to us?

Marjorie’s hybrid model offers a preview of one possible path forward.

Users pay a minimum of $5 to send her a message on Fanfix, said co-founder Harry Gestetner. That pricing difference — $5 for one human-to-human text versus $1 for a minute of the AI voice-chatting — signals an approach to automation in which workers use machine learning not as a wholesale replacement but as a lower-end alternative for more frugal customers. (Think of an artisanal farmers market cheese versus a machine-made Kraft Single.)

“Messaging directly with a fan on Fanfix will always be a premium experience,” Gestetner said. “It’s important to view AI as the co-pilot, not the pilot.”

(According to Fanfix, Marjorie is making $10,000 a day after soft-launching on the platform and is projected to hit $5 to $10 million in total earnings by the end of the year.)

John Meyer, founder of Forever Voices, the Austin software company that developed Marjorie’s AI simulacrum, is naturally a bit more bullish on the benefits of punting fan interactions to the computer. In some cases, Meyer said, the bots can be more eloquent than the influencers they’re meant to replicate.

“One of the first feelings it brings up is the idea of, like, ‘Wow, should I be threatened by my own AI copy?’” Meyer said.

He lost his father when he was in his early 20s, and started working on the Forever Voices technology late last year as a means of reconnecting. After developing a voice replica of his dad — which he describes as “very realistic and healing” — Meyer expanded into voice clones of various celebrities and, more recently, web personalities. (One of the biggest names in online livestreaming, Kaitlyn “Amouranth” Siragusa, just signed up.)

The company has been inundated with requests from thousands of other influencers asking for their own AI clones, according to Meyer. “We really see this as a way to allow fans of influencers to connect with their favorite person in a really deep way: learn about them, grow with them and have memorable experiences with them,” he said.

The high demand is in part because maintaining a substantial online following can involve a lot of work — not all of it particularly interesting.

“On a daily basis, I see anywhere from 100,000 to half a million messages on Snapchat,” Marjorie said, explaining the workload that led her to embrace CarynAI. (She has 2 million followers on the messaging app; according to a recent Washington Post article, 98% of them are men.)

She added: “I see AI as a tool, and it’s a tool that helps creators create better content.”

Some of her industry peers are skeptical, however, including Valeria Fridegotto, a TikToker with 20,000 followers.

Fridegotto hasn’t written off the technology completely, though. Software that could lessen the workload of fan interaction would be great, she said, but the examples she’s seen released so far don’t seem lifelike enough to run without supervision. There still are too many errors and non sequiturs — what AI experts call “hallucinations.”

“It has to be developed to the point where we are very confident that this technology is going to act as good as us, or better,” Fridegotto said.

As the market floods with imitators, some influencers may even discover renewed demand for “old-school” human-made content.

“People will start leaning more heavily into authentic, personality-driven content,” said Jesse Shemen, the chief executive of Papercup, a startup that uses AI to automatically dub videos. “In the same way how there’s this fascination and big following behind organic food … I think we’ll see the same thing when it comes to content.”

There is a place for automation on social media, Shemen added, especially for people churning out loads of content on a short timeline — news reaction videos, for instance. But, he predicted, there will be a limited market for digital clones such as Marjorie’s.

Still, a space as frothy as AI is hard to ignore. Even Fanfix, the company helping (the real) Marjorie talk to her super fans, is interested. The company’s founders say they’re actively looking at how AI could help influencers.

Although the influencer economy still needs actual humans, the limits of what AI can do are receding, and many web personalities are getting more and more interested in using the technology to automate at least some of their workload.

Such questions are not confined to social media. Artificial intelligence is being rolled out across creative industries, with media outlets such as Buzzfeed incorporating it into their publications and film studios leveraging it for postproduction work. AI-based screenwriting has emerged as a key concern in the ongoing Writers Guild of America strike.

But social media is uniquely personality-driven, making the sector’s relationship with AI particularly fraught. The value of web personalities depends on their ability to win trust and affinity from their followers. That connection can be so powerful that some experts refer to it as a “parasocial relationship” — a strong but ultimately one-sided devotion to a public figure.

It’s a tricky dynamic to navigate, and one Marjorie finds herself in the midst of.

“In the world of AI, authenticity is more important than ever,” the influencer tweeted last month. “My tweets, [direct messages], direct replies, Snaps, stories and posts will always be me.”

CarynAI, she added, will be an “extension” of her consciousness; it “will never replace me.”

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June 29, 2023 at 10:20:12 AM GMT+2

Comment les mouvements politiques français jouent des techniques de manipulation de l'information sur les réseaux sociauxhttps://www.nextinpact.com/article/70132/comment-mouvements-politiques-francais-jouent-techniques-manipulation-information-sur-reseaux-sociaux

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Comment les mouvements politiques français jouent des techniques de manipulation de l'information sur les réseaux sociaux

Sans parcimonie

Par Mathilde Saliou Le vendredi 14 octobre 2022 à 16:07

Pendant la campagne électorale 2022, l’équipe d’Éric Zemmour s’est démarquée par son industrialisation des techniques de manipulation de l’information sur les réseaux sociaux. Mais un regard sur les quelques années écoulées montre qu’à peu près toutes les forces politiques françaises utilisent ou ont utilisé des tactiques de distorsion des discours en ligne.

Le 10 avril 2022, à 20 heures, Emmanuel Macron et Marine Le Pen sortent vainqueurs du premier tour des élections présidentielles françaises, avec 27,85 et 23,15 % des voix respectivement. Derrière eux, Jean-Luc Mélenchon, 21,95 %, et Éric Zemmour, 7,07 % des voix. Ce dernier score tranche avec la surreprésentation du candidat d’extrême droite sur les réseaux sociaux pendant la campagne.

Une des explications possibles à l’échec du polémiste le jour du vote a commencé à être documentée dès février 2022, alors que Le Monde révélait l’usage que faisait l’équipe de Reconquête de techniques de distorsion des discours sur les réseaux sociaux : en ligne, une bonne partie de l’engouement pour l’ex-chroniqueur du Figaro était faussée.

Un rapport de l’Institute for Strategic Dialogue (ISD) vient détailler les ressorts du phénomène : dès janvier 2021, soit 18 mois avant le scrutin, le groupe Les Amis d’Éric Zemmour a publié des pétitions utilisées ensuite sur Twitter et Facebook pour tenter d’influencer le discours médiatique en faveur du candidat. Appelée astroturfing, la pratique va à l’encontre des conditions d’utilisation des grands réseaux sociaux, puisqu’elle constitue une activité dite « inauthentique ».

Si Reconquête s’est distingué par l'industrialisation de son usage, c'est loin d'être le seul mouvement à recourir à ces tactiques de manipulation difficiles à repérer pour l’internaute.

L’astroturfing, une technique ancienne

De même que la présence en ligne des politiques ne date pas d’hier – le site web du Front National, premier parti français à se lancer sur Internet, en 1996 – l’astroturfing date de bien avant l’avènement des réseaux sociaux. Issue d’un jeu de mots en anglais, l’expression oppose la marque de gazon artificiel AstroTurf au terme grassroot, « populaire », qui désigne aussi, littéralement, les racines d’un gazon.

En communication, cela consiste à monter de toutes pièces un mouvement pour faire croire à l’observateur extérieur à un engouement civique légitime. « *Ça existait avec le collage, l*’envoi en masse de courrier aux électeurs, souligne le chercheur Nicolas Vanderbiest, spécialiste des phénomènes d’influence en ligne. Simplement, le numérique et les réseaux sociaux ont rendu ces opérations beaucoup plus simples à réaliser. »

De fait, le chercheur décortique depuis une dizaine d’années le bruit en ligne pour en évaluer la pertinence. « Vers 2016-2017, j’ai vu mon environnement d’étude, Twitter, muter vers une tendance extrêmement polémique et militante ».

En France, les premiers signes en sont l’explosion du hashtag #TelAvivSurSeine, qui provoque rapidement des articles dans Le Monde, 20 Minutes ou l’Express quand bien même le sujet n’est poussé que par un très faible nombre de militants pro-palestiniens.

Un an plus tard, c’est le sujet du burkini qui est poussé par l’extrême droite jusqu’à être commenté sur les plateaux télé. Chaque fois, la logique est la même : quelques comptes tweetent abondamment sur un sujet précis, ils sont repris par un ou des journaux qui leur donnent une forme de crédibilité, puis la polémique enfle jusqu’à occuper tout l’espace.

Une tactique de désinformation en ligne courante…

Depuis, la pratique s’est répandue. Au tournant de l’élection de Donald Trump et du scandale Cambridge Analytica, des cas d’ingérence étrangère inquiètent. À deux jours du premier tour de la présidentielle 2017, la publication sur Wikileaks de 9 Go de données provenant du piratage d’En Marche! soulève les craintes d’une manipulation russe – lors de cette campagne, l’alt-right américaine a aussi tenté d’influencer les débats pour promouvoir Marine Le Pen.

Mais se tourner automatiquement vers des groupes étrangers pour analyser ces déformations serait se bercer d’illusion. Auteur de Toxic Data et créateur du Politoscope, qui analyse l’activité politique française sur Twitter, le mathématicien David Chavalarias a noté dès les débuts de la campagne de 2017 un mouvement d’amplification des discours anti-Macron et anti-Mélenchon orchestré par des comptes français pour privilégier les thématiques d’extrême droite. Le phénomène a touché jusqu’à l’UMP, puisque la brusque apparition du hashtag #AliJuppé, très principalement tweeté par la droite et l’extrême droite, a servi à déstabiliser les primaires de l’UMP et à pousser la candidature de François Fillon.

Déformer la discussion, que ce soit dans ou hors des périodes électorales, « tout le monde le fait, souffle Nicolas Vanderbiest. Et c’est parce que tout le monde le fait que chacun peut se défendre en disant "si je ne le fais pas, je ne survivrai pas". »

Effectivement, en 2018, le hashtag #BenallaGate suscite en quelques jours plus de tweets que le seul #BalanceTonPorc, une manipulation que Nicolas Vanderbiest détecte comme faussée – certains comptes proches du Front National tweetent jusqu’à 1 000 messages par heure, ce qui laisse supposer des pratiques automatisées.

En 2019, Le Monde et Mediapart montrent comment des militants marcheurs multiplient les faux comptes pour augmenter la visibilité des informations qui les intéressent ou harceler des « cibles ». En 2021, c’est sur les pratiques virulentes du Printemps Républicain que revient Slate. En 2022, les militants Insoumis organisent des raids pour faire grimper leur candidat dans les tendances…

… aux contours débattus

Si bien que, pour le spécialiste des médias sociaux Fabrice Epelboin, lorsqu’on parle d’un nombre réduit de militants qui s’organisent pour rendre visible un sujet qui les arrange, ce n’est même plus de l’astroturfing, « c’est devenu une tactique classique de militantisme. »

Pour lui, les pratiques consistant à reprendre et amplifier un message, tant qu’elles ne sont pas assistées de bots, de faux comptes et/ou de personnes payées pour amplifier le bruit comme dans l’affaire Avisa Partners, sont un nouveau mode d’action politique et non une déformation de l’usage des réseaux. Et les deux experts en la matière, parce qu’ils savent si bien « utiliser des discours clivants pour se propulser dans les discussions médiatiques, sont Éric Zemmour et Sandrine Rousseau » estime l’entrepreneur.

Sauf que la propension à cliver ne vient pas des seules forces politiques, elle est ancrée dans l’architecture des plateformes sociales. « Celles-ci sont construites pour favoriser les contenus sensationnels, promotionnels, qui divisent » rappelle David Chavalarias. En cinq ans, cela s’est traduit par une « polarisation nette des échanges pour observer, en 2022, un pôle d’extrême-droite et un autre autour de la gauche radicale » alors que toutes les couleurs politiques étaient représentées de manière relativement équilibrée en 2017.

Par ailleurs, les conditions d’utilisation des plateformes sont claires : chez Twitter, il est interdit d’utiliser le réseau « d’une manière qui vise à (…) amplifier artificiellement des informations, et d’adopter un comportement qui manipule ou perturbe l’expérience des utilisateurs ». Côté Meta, l’authenticité est déclarée « pierre angulaire de notre audience » et les usagers ont interdiction de « mentir sur leur identité sur Facebook, utiliser de faux comptes, augmenter de manière artificielle la popularité de leur contenu ».

L’architecture numérique source d’oppositions

Co-autrice du rapport de l’ISD, la coordinatrice de recherche Zoé Fourel note pourtant que lesdites plateformes n’ont absolument pas réagi aux violations de leurs règles par les militants proches d’Éric Zemmour. L’immense majorité des tweets et publications qui ont permis de propulser en trending topic (sujet tendance sur Twitter) étaient non pas le fait d’une foule de citoyens engagés, mais d’un minuscule nombre de profils sur le réseau social – dans un cas sur dix, c’était le responsable de la stratégie numérique Samuel Lafont qui twittait lui-même les contenus destinés à attirer l’attention du public et des médias.

Et cela a fonctionné un temps : en septembre 2021, comptait Acrimed, l’éditorialiste multi-condamné pour provocation à la haine raciale était cité 4 167 fois dans la presse française, soit 139 fois par jour. En janvier 2022, les sondages lui annonçaient 14 % des voix d’électeurs.

Ce que les médias et les internautes doivent comprendre, estime David Chavalarias, c’est à quel point « les plateformes sociales ont un effet structurel sur les interactions sociales elles-mêmes : non seulement elles prennent vos données, mais elles façonnent aussi la discussion et les interactions. »

Cela finit par créer des stratégies d’influence à part entière, indique le chercheur : « promouvoir des idées aussi clivantes que la théorie du grand remplacement ou l’existence d’un islamo-gauchisme, c’est forcer le positionnement de l’internaute dans un camp : celui du pour ou celui du contre ». Par ailleurs, des chercheuses comme Jen Schradie ont montré la tendance des plateformes à favoriser les idées conservatrices, ce qu’un rapport interne à Twitter est venu confirmer fin 2021. L’architecture de nos arènes numériques, conclut David Chavalarias, « a pour effet de simplifier le business politique pour le rendre bipolaire. »

Que faire, face à ces phénomènes dont on commence tout juste à prendre la mesure ? Dans le discours politique, une réaction pourrait venir des partis et des militants eux-mêmes. L’équipe de Joe Biden, aux États-Unis, puis celle d’Emmanuel Macron, en France, ont adopté de nouvelles stratégies dans les campagnes présidentielles récentes : celle de ne plus communiquer, sur Twitter, que sur des éléments positifs (c’est-à-dire peu ou non clivants) et actions de leurs candidats. Ce faisant, ils s’éloignent de la machine à clash instituée par le réseau social.

« Il faudrait que les plateformes commencent par implémenter leurs propres règles », pointe par ailleurs Zoé Fourel, qui plaide pour une ouverture de leurs données pour faciliter le travail des chercheurs et les audits extérieurs.

« Ajouter des étiquettes sur l’activité suspectée d’illégitimité pourrait aussi aider les utilisateurs à s’y retrouver. Sans parler du besoin de coopération entre plateformes : quand une campagne est menée sur Twitter, elle a aussi des échos sur Facebook et ailleurs en ligne ». La chercheuse suggère de reproduire les partenariats existant pour lutter contre certains contenus extrêmes.

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June 24, 2023 at 2:40:39 PM GMT+2

Qui a tué le CYBERPUNK ? - YouTubehttps://www.youtube.com/watch?v=1BcnhVVQhxA

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Qui a tué le CYBERPUNK ?

Transcript de la vidéo Qui a tué le CYBERPUNK ? du vidéaste Bolchegeek

Une émission de Benjamin Patinaud avec Kate la Petite Voix , basée sur les travaux de Raphaël Colson et les tables rondes du festival Les Intergalactiques

vous voyez le délire un détective hacker taciturne qui déambule dans la nuit pluvieuse au milieu de loubard au bras bionique shooté à la réalité virtuelle sous une forêt de gratte-ciel frappée du logo de méga Corporation illuminés par les néons les écrans et les phares des voitures volantes.

Envoyez les synthés bien mélancoliques et le saxo porno, une narration intérieure du genre, cette ville cette techno cata boursouflé de Baï au crack au sein duquel des crypto Romulus et Rémus se nourrissent goulûment d'un cyberflu de métadata

Cette ville ce n'est pas la Mégacité des Doges non, mais c'est ma ville c'est néo-Limoges.
Enfin voilà vous connaissez le cliché Cyberpunk

Le Cyberpunk semble faire ces dernières années un retour en force, ce sous genre est-il en passe de redevenir l'avenir de la SF le plus à même de parler de notre présent auquel il semble étrangement ressembler, ou s'agit-il d'une mode passagère le revival d'un
truc un peu ringard pour de sombres raisons marketing bien moins pertinentes ?

Aujourd'hui Retour vers le Futur d'un imaginaire qu'on peut croire mort et enterré

Par Benjamin PATINAUD & Kath

Origines

En 1980 Bruce Baden n'est pas le nom le plus célèbre du panthéon de la science-fiction, ce développeur informatique du Minnesota aujourd'hui âgé de 68 ans à quelques œuvres à son actif dont des novalisations comme celle du film steampunk Wild Wild West et du FPS spatial Rebel Moon rising, à l'époque il écrit une nouvelle au titre quant à lui bien plus connue cyberpunk cette histoire publiée seulement en 1983 avant de devenir un roman suit les aventures d'un protagoniste d'un nouveau genre un hacker.

Elle reste surtout dans les mémoires pour avoir donné naissance au terme qui désignera bientôt tout un mouvement une fois popularisé par un article du Washington Post en 84.

Mais le mouvement lui-même prend racine ailleurs. Racines c'est bien le terme avec un S s'il vous plaît tant le cyberpunk éclos subitement d'un peu partout, de la littérature au cinéma, de l'est à l'ouest en pur fruit des années 80 naissantes.

Dans le continuum créatif c'est jamais facile de définir un point d'origine on attribue souvent la paternité du genre à William Gibson avec sa nouvelle Johnny mnémonique de 1982 l'histoire d'un trafiquant de données avec un disque dur dans la tronche.

Simultanément à l'autre bout du monde katsuiro Otomo accouche du manga Akira, toujours la même année sort au cinéma Tron et sa réalité virtuelle vidéo ludique mais aussi et surtout Blade Runner.

Le film de Ridley Scott avait alors pas très bien marché en plus de recevoir un accueil plus que mitigé de la critique. Il a depuis été réévalué comme une œuvre culte et nul ne peut nier son influence imposant les bases de toute une esthétique de SF néo noir.

Il s'agit pourtant de l'adaptation d'une nouvelle de Philippe K.Dick les Android rêvent-ils de moutons électriques a qui on
doit les noms de la chaîne Nexus 6 et de la maison d'édition les moutons électriques, écrite en 1968 elle précède donc largement le mouvement qui nous intéresse, ce qui lui vaut le qualificatif de proto-cyberpunk.

Car avant de rentrer de plein pied dans ses foutues années 80 la SF est passé par l'effervescence des années 60-70 marquée par les contre-cultures des mouvements d'émancipation dans tous les sens et une volonté générale de retourner la table.

Nombre d'auteurs de cette période comme Michael Moorcock, Ursula K. Le Guin et évidemment Dick avait sauté à pieds joint dans ce train lancé à toute vitesse bien décidés à dépoussiérer eux aussi les codes de la vieille SF à papa.

C'était parti pour une nouvelle vague de SF avec des formes littéraires plus expérimentales mettant en scène des antihéros têtes brûlées débarrassées de la foi aveugle envers l'avenir.

Bonjour le sexe la drogue, mais aussi les questions de classe et d'aliénation la défiance envers l'ordre social les nouvelles technologies et l'avenir en général avec la perspective d'un effondrement civilisationnel, et oui comme on l'a expliqué dans notre vidéo pour l'Huma sur la montée du post-apo le 20e siècle avait déjà sévèrement douché les espoirs naïfs en un progrès technique avançant main dans la main avec un progrès social.

Esprit de ces décennies oblige, cette nouvelle vague donne tout de même corps à des utopies nouvelles comme avec la société
anarchiste dans Les Dépossédés ou celle de Star Trek, c'est cet esprit là qui se mange de plein fouet les années 80, la contre-révolution conservatrice et l'hégémonie du rêve ultralibéral, la foi en la mondialisation, la fin des trentes glorieuses. La contre-offensive des grandes entreprises et la victoire du discours managérial.

Les années fric, le tournant de la rigueur, there is no alternative, la fin de l'histoire bref la réaction.

Une réaction sans pitié à ces années 60-70 qui l'emporte pour les décennies à venir. Dont acte la SF qui intègre elle aussi ce nouveau logiciel sans partager son enthousiasme béat.

Les futurs se font entièrement dystopiques, privatisés et policier dirigé par des méga corporation de la tech toute puissante et où les inégalités sociales se creusent avec leur lot de précarité, d'insécurité et de systèmes D du turfu, ou tout État de droit ayant disparu il
reste pour les classes possédantes l'impunité et pour les classes laborieuses la criminalité comme face d'une même pièce.

Toute la société se résume pour paraphraser Gibson a une expérience accélérée de darwinisme social, les personnages plus des abusés roublard et individualiste pioche dans les figures dites anti-politiques qu'on trouvait dans le western et surtout dans le polar noir

Les figures du cyberpunk sont qualifiées de détectives de cow-boy et de samouraïs d'un genre nouveau les errances bioethniques à la kerwax se déplace dans les ruelles de mégalopole tentaculaire d'où la nature a définitivement disparu.

L'exploration new age de paradis artificiels a été remplacé par des réalités virtuelles, quant à l'espoir de changement il a été écrasé par les gratte-ciel.

Si les détectives et les hackers jouent contre ces sociétés brutales détournant ces technologies a leur avantage c'est dans un espoir de survie ou de tirer leur épingle du jeu, car évidemment les années 80 c'est aussi l'avènement de nouvelles technologies porteuses d'autant de promesses que de crainte.

Le Time choisi l'ordinateur comme son homme de l'année 1982 succédant ainsi à Regan puis un Lech Walesa annonciateur de la fin du bloc soviétique et précédent a nouveau Reagan.

Le silicium de l'électronique donne son célèbre nom à la Silicon Valley, l'informatique
s'apprête à révolutionner nos vies et le jeu vidéo s'empare de la culture populaire.

N'oublions pas que les nerds et les geeks qui prennent alors le pouvoir respectivement dans ses industries émergentes et sur la culture
populaire proviennent eux-mêmes des contre-culture.

Voilà la recette du nom cyber pour l'aspect technologique ici l'informatique et punk pour les racines contre culturelles pas
n'importe quelle racine puisque le punk est le mouvement qui débarque à la toute fin des années 70 et proclame *NO FUTURE à partir de là comme sa maman les années 80 le cyberpunk semble ne jamais vouloir complètement disparaître.

Le livre considérait comme le fondement absolu du genre sort en 1984 No Romancer toujours de William Gibson, seul et unique a remporter le triptyque de prix Nebula Philippe K.Dick et le Hugo. En gros niveau SF c'est comme remporter à la fois la Palme d'Or l'Oscar et dépouillé les Golden Globes.

D'ailleurs si ces classiques vous intéresses s'ils ont été réédités avec une traduction entièrement retravaillée par Laurent kesci au Diablo Vauvert

ah et tiens qu'est-ce qu'on trouve aussi chez ce bien bel éditeur mon livre sur les méchants le syndrome magnéto disponible chez vos libraire préféré oh là là c'est pas fou ça ?

Bref le héros du Neuromancien évidemment un hacker chose amusante le daron du cyberpunk ne bite absolument rien en informatique bien qu'il soit depuis devenu un twitos prolifique qui relay toute la journée des trucs de boomer de gauche comme un vieux fourneau.

Lui il est plutôt du genre à avoir vadrouillé dans les années 70 en testant pas mal de produits ironie absolue il a écrit neuromenser sur une bonne vieille machine à écrire signe de son impact culturel après la littérature le cinéma et le manga le genre envahit la BD en général la télé l'animation le jeu de rôle et même le jeu vidéo.

Au Japon il perpétue ses formes particulières au non subtil de extreme japanes cyberpunk sous l'influence de la scène underground et notamment punk bien sûr, ils mettent en scène leur propre imaginaires de low life high-tech c'est-à-dire vide bas-fonds et haute technologie dans des esthétiques urbaines et industrielles avec comme particularité une passion pour le body, horror les corps mutants artificiels ou transformés par la technologie.

Pourtant et contrairement à ce que sa longévité laisse penser le cyberpunk devient très vite un imaginaire à un peu daté dont les anticipations manquent un paquet de cibles la réalité virtuelle se résumait alors à ce qu'on sera amené à appeler les casques à vomi pour se connecter en permanence on préfère aux implants cérébraux les ordinateurs de poche, pas de voiture volante à l'horizon c'est internet la vraie révolution technologique qui emporte nos sociétés.

Bravo vous êtes sur Internet vous allez voir c'est facile

Dès les années 90 on est déjà dans l'âge d'or du post-cyberpunk qui joue de son esthétique maintenant bien établie et ajoute plus d'ironie et détourne ses codes ne décrivant plus nécessairement un avenir high-tech dystopique les auteurs historiques se lassent eux-mêmes du genre et beaucoup passa à autre chose

Dès 1987 le cyberpunk était devenu un cliché d'autres auteurs l'avaient changé en formule la fascination de la pop culture pour cette vision fade du cyberpunk sera peut-être de courte durée, le cyberpunk actuel ne répond à aucune de nos questions à la place il offre des fantasmes de pouvoir, les mêmes frissons sans issue que procurent les jeux vidéo et les blockbusters ils laissent la nature pour morte accepte la violence et la cupidité comme inévitable et promeut le culte du solitaire.

Bon en Occident on essaie beaucoup de transcrire cette imaginaire au cinéma mais c'est pas toujours probant, bon alors par contre au Japon le genre continue lui de péter la forme enfin ça c'est jusqu'à ce qu'un signe noir sorte de nulle part pour terminer la décennie

Matrix marque un tournant dans le cinéma de SF même de l'industrie du cinéma en général en fait il fournit une synthèse de ce qu'il précède tout en proposant une approche renouvelée en un coup de tonnerre culturel, et pourtant matrix n'a pas tant ressuscité le cyberpunk qu'offert un baroud d'honneur tenez même la mode de Matrix-like qui a suivi le carton du film non retiennent même pas spécialement laspect cyberpunk.

Nous voilà dans l'hiver nucléaire pour le cyberpunk doublé comme on l'a expliqué par le post-apo comme son papa le punk il n'est pas mort il s'est dilué et ça on y reviendra on délaisse le cyber au profit de nouvelles technologies comme avec le nanopunk ou le biopunk

C'est seulement a partir des années 2010 qu'on voit le cyberpunk sortir petit à petit de son bunker pour aboutir à ce qui semblent être un véritable revival et si pour savoir qui a tué le cyberpunk il fallait d'abord se demander qui l'a ressuscité et surtout pourquoi

Revival

notre Prophète le cyberpunk reviendrait-il sur terre pour nous guider, on en perçoit des signaux faibles tout au long de la décennie jusqu'à une apothéose pourquoi ce soudain revival ? est-il le signe que le genre va retrouver un avenir ?

en parlant d'une autre et s'imposer à nouveau comme majeur dans la SF contemporaine les raisons paraissent sautées aux implants oculaires intensément d'imaginaire semble coller plus que jamais au problématiques actuelles c'est la thèse plutôt convaincante défendue par le bien nommé cyberpunks not dead de Yannick RUMPALA.

Le cyberpunk nous apparaît désormais comme familier, on vit dans une société je ne vous apprends rien une société où le technocapitalisme étant son règne et ses promesses plus encore que dans les années 80, des technologies organisées autour d'interface homme machine interface par lesquelles passent notre rapport au monde

Alors certains on a préféré pour le moment donner des extensions à nos corps et nos esprits plutôt que des puces et un plan cybernétique même si la Silicon Valley investit sa R&D comme jamais pour nous promettre que cette fois c'est la bonne qu'en plus juré ça n'est pas la pire idée dans la longue et triste histoire de l'humanité.

Une technologie de plus en plus absorbée par les corps et des corps de plus en plus absorbés par la technologie, le cyber c'est effectivement greffé textuellement dans les cyberguères, la cybersécurité, et la cybersurveillance, la domotique, les algorithmes et les IA explosent faisant désormais partie de notre quotidien. L'informatique en général devient totalisante en s'étendant à chaque aspect de nos vies l'enjeu n'est plus de contrer la technologie comme des ludiques modernes mais de la maîtriser l'utiliser à nos propres fins la détourner après tout les hackers bien réels font désormais partie des figures de contestation, les mégalopoles ont poussé de partout comme des champignons et l'urbanisation n’est pas près de s'arrêter.

Presque 60% de la population vit aujourd'hui dans une ville population qu'on estime pouvoir doubler d'ici 2050 des villes comme lieu de déshumanisation, d'atomisation et d'anonymat.

La marche de l'histoire tend vers la privatisation du monde le capitalisme sous sa forme dite financière c'est dématérialiser en des flux des données des opérations informatiques automatisées comme dans Johnny Memonic les données elles-mêmes deviennent une richesse prisée il s'est également des territorialisé à franchi des frontières et des régulations se fondant désormais sur des multinationales ce capitalisme tardif annoncé par Ernest Mandel 10 ans avant l'avènement du cyberpunk et désormais partout et donc nulle part.

Les structures collectives les institutions publiques et les corps intermédiaires disparaissent petit à petit rendu impuissant ou jeté en pâture aux puissances privées le cyberpunk puise dans les changements structurels et philosophiques des entreprises dans les années 80 son ére des méga corporations nous la vivons comme annoncé.

Fini le capitalisme industriel à la pap, les grands groupes tenus par quelques grandes familles, et des conseils d'actionnaires
anonymes démultiplient leurs activités pas étonnant que le genre présente souvent un avenir entre americanisation et influence thématique asiatique en miroir de ses principaux pays producteurs d’œuvres que sont les USA et le Japon, ce dernier avec son miracle économique faisait alors office de précurseur, à la fois fleuron de la tech et organisé autour des Keiretsu héritière des Zaibatsu qui ont tant inspiré Gibson.

D'énormes normes conglomérats familiaux implantés dans de multiples secteurs à coups de fusion acquisition

Le sang Zaibatsu c'est l'information pas les individus. La structure est indépendante des vies individuelles qui la composent. L'entreprise devenue forme de vie

New Rose Hotel, William Gibson (1986)

Ces entreprises omnipotentes deviennent des organismes tentaculaires non plus des services mais des marques à l'identité propre

Dans une société de contrôle on nous apprend que les entreprises ont une âme ce qui est bien la nouvelle la plus terrifiante du monde

Gilles Deleuze, Pourparlers (1990)

Les élites elles continuent dans leur séparatisme si elles ne sont pas encore parvenues à rester en orbite ou sur d'autres planètes elles
vivent coupées du reste d'entre nous dans les ghettos du gotha, les Gated community, au-delà du monde et des frontières qui s'imposent encore à l'inverse à la masse des déplacés et des plus pauvres.

Ils se projettent dans leur propre ville apatrides au milieu de l'océan ou du désert sans plus jamais toucher terre, littéralement hors sol evadé du reste de la société autant que de la fiscalité. Se plaçant tout comme leur richesse accaparée offshore

Des élites en rupture avec l'humanité elle-même via des rêves d'immortalité et de transhumanisme, séparé du genre humain par le gouffre béant des inégalités ou la classe moyenne disparaît comme le prolétariat renvoyait à un précariat ou un lumpenprolétariat pour être un peu old school, avec pour seul perspective la survie quotidienne.

Entre eux et des riches toujours plus riches plus rien, aucun optimisme aucune issue aucun contre modèle à chercher dans ce monde cyberpunk car la précarité c'est le NO FUTURE,

La précarité affecte profondément celui ou celle qui la subit en rendant tout l'avenir incertain, elle interdit toute anticipation rationnelle et en particulier, ce minimum de croyance et d'espérance en l'avenir qu'il faut avoir pour se révolter, surtout collectivement contre le présent, même le plus intolérable.

Pierre Bourdieu, Contre-feux (1998)

On parle parfois de techno-féodalisme à autre nom pour les rêves mouillés des libertariens, un terme en apparence paradoxal ou la concentration de richesse et des technologies toujours plus puissantes toutes deux libérée de leurs entraves amènent à une régression sociale rappelant la féodalité un monde de technobaron et de cyber-serfs même si nos rues ne regorgent finalement pas de cyborgs les verrous moraux ont sauté pour ouvrir la voie à une conquête de nouveaux marchés par une technologie débarrassée des considérations éthiques et prolonger la marchandisation de tout jusqu'au plus profond des corps et des esprits.

Donnez-le vous pour dit désormais c'est le Far West sauf que la frontière a été repoussée vers de nouveaux territoires c'est nous.

La technologie n'apporte plus le bonheur collectif elle renforce au contraire les injustices en profitant à quelques-uns. Le cyberpunk décrit littéralement un monde d'après, post-humain, post-national, post-politique, monde d'après qui serait notre présent.

Serait-il alors effectivement le meilleur genre de SF pour faire le bilan de notre époque et en imaginer les perspectives ?

Coup dur du coup vu qu'il en a pas de perspective mais pas étonnant qui s'impose à nouveau à nous et de beaux jours devant lui à moins que ...

Rétrofutur

Si tout ce que je viens de dire est tout à fait vrai il faudrait pas oublier une caractéristique cruciale de ce revival

Survival il s'inscrit dans un phénomène bien plus large qui définit beaucoup notre moment culturel tout particulièrement dans la pop culture la nostalgie des années 80

Parce qu'il représente notre futur mais parce qu'il représente le futur des années 80, ça ça change tout et l'ironie de la chose et pire que vous le pensez car figurez-vous que le cyberpunk alors qu'il commençait à être délaissé par ses créateurs à très vite donner naissance à des sous genres dont vous avez sûrement entendu parler à commencer par le steampunk popularisé par le roman de 1990 the different engine sous les plumes de Bruce Sterling et ce bon William Gibson.

On pourra y ajouter tout un tas d'autres dérivés du même tonneau comme le diesel-punk, laser-punk, l'atome-punk ou
en fait tout ce que vous voulez. Le principe reste le même remplacer cyber par n'importe quel autre technologie dont va découler tout un univers. Mais ces héritiers ont une particularité il s'agit le plus souvent de rétro-futurisme le plus connu le steampunk donc donne une science-fiction victorienne partant des débuts de l'industrialisation pousser plus loin les perspectives de la vapeur

Attention si ce genre s'inspire d'auteur de l'époque comme Jules Verne ça ne fait pas de vingt mille lieues sous les mers une œuvre steampunk car ce n'est pas du rétrofuturisme. A ce moment-là c'est juste la SF de l'époque celle à laquelle revient le steampunk en imaginant non plus un futur mais une uchronie, une histoire alternative ou le monde aurait pris une direction différente, et ça marche en fait avec n'importe quoi je vais prendre des exemples bien de chez nous qui illustrent bien ça.

Le château des étoiles c'est une fort belle BD de Alex Alice débutant en 1869, bon alors l'esthétique c'est complètement un délire steampunk faut se calmer à inventer un sous genre à chaque variante mais on pourrait presque dire etherpunk du fait de sa technologie centrale en effet une partie de la science de l'époque postulait l'existence d'une matière constituant le vide spatial. l'ether évidemment maintenant on sait que pas du tout mais le château des étoiles part de cette science de l'époque imagine qu'elle avait raison et en fait découler une science-fiction un futurisme mais du passé un rétro futurisme.

L'intérêt n'est donc plus la prospective et l'exploration de futurs possibles mais l'exploration d'époque passé et de futurs qu'elles auraient pu croire possible. Sauf que non comme on le constate tous les jours d'ailleurs ces sous genre accorde souvent une grande importance au contexte historique traditionnellement on trouvera dans cette SF des événements mais aussi des personnages bien réels qui côtoient des personnages fictifs souvent issus de la culture de l'époque.

Autre oeuvre que Cocorico, la Brigade Chimérique de Serge Lehman et Fabrice Colin prend le parti du radium punk où les découvertes de Marie Curie donnent naissance dans de guerre à des genres de super héros européens tous en réalité issus de la littérature populaire de l'époque. Le contexte historique et politique y est central on y aperçoit André Breton où Irène Joliot-Curie autant que des personnages issus de la littérature populaire de l'époque qui viennent en incarner des phénomènes réels. Le génie du mal allemand docteur Mabuse ou Gog personnage du roman éponyme de l'écrivain fasciste Giovanni Papini pour les forces de l'Axe. L'URSS de Staline qui pioche ses agents en exosquelette dans nous autres un roman de science-fiction soviétique tandis que le nyctalope dont on doit les aventures foisonnantes à l'écrivain collabo Jean de La Hire devient protecteur de Paris

Bien que la démarche soit la même la période couverte ici ne correspond plus au steampunk mais plutôt à un autre genre le diesel punk même si elle fait le choix d'une autre technologie avec le radium. Qui dit époque différente dit problématique différente si le steampunk aborde les débuts de l'industrialisation et se prête aux questions de classe de progrès ou de colonialisme on développe plutôt ici le contexte d'entreux de guerre les tensions en Europe la montée des fascismes ou le communisme vous voyez le truc le rétrofuturisme peut servir à explorer des problématiques du passé qui résonnent dans le présent enfin quand c'est bien fait quoi comme par exemple avec frostpunk qui mobilise le steampunk pour évoquer les bouleversements climatiques en revenant à leur point d'origine qui est l'industrialisation parce que le problème justement c'est que ce côté rétro peut se limiter à une nostalgie pour une esthétique et une époque fantasmée et à une approche purement référentielle.

Non mais il suffit de voir le steampunk lorsque c'est résumé à mettre des rouages sur un haut de forme à tous porter ces mêmes de lunettes Gogole et à se faire appeler Lord de Nicodémus Phinéas Kumberclock aventuriers en montgolfière évacuant toutes les thématiques à un peu gênantes pour pouvoir fantasmer une ére victorienne sans regard critique.

Voilà la terrible ironie du cyberpunk genre ultramarquant d'une époque sont suffixe à couche de rétrofuturisme sans en être un lui-même avant d'en devenir un son tour une uchronie des années 80 où le cyber est une technologie datée au charme désuet vers laquelle on aime revenir comme une culture doudou.

Je vais reprendre un exemple très symptomatique pour bien comprendre ça dans Blade Runner on peut voir partout les logos Atari parce
qu'on est en 1982 et que le jeu vidéo c'est le truc du cyber futur et que le jeu vidéo, bah c'est Atari mais quand en 2017 Blade Runner 2049 force encore plus sur Atari ça représente plus du tout le futur c'est une référence nostalgique. Résultat ce qu'on reprend c'est une esthétique et des codes figés y compris dans des thématiques dont on sait plus forcément trop quoi faire.

La pertinence s'est émoussé la charge subversive s'est épuisée c'est marrant d'ailleurs vous noterez que les dérivés se sont construits avec le suffixe punk pour dire c'est comme le cyberpunk sauf qu'au lieu d'être cyber c'est inséré autre technologie alors que bah il y a absolument plus aucun rapport avec le punk parce qu'au final c'est pas le cyber qu'on a perdu c'est le punk

Punk is dead

Si on y réfléchit bien ce destin est tout à fait logique le punk justement bah ça a été une contre-culture pertinente à un moment et depuis bah c'est une esthétique et un état d'esprit un peu daté un peu folklo qui renvoie une époque. Dans la pop culture ça s'est dilué dans un imaginaire rétro des années 80 pour fournir des cyborgas crête de la chair à canon pour beat them all à l'ancienne et des A tagués dans des ronds

Alors le punk c'est pas les c'est pas que les Sex Pistols franchement c'est beaucoup plus c'est beaucoup de groupes c'est des groupes comme crasse qui existent encore aujourd'hui qui sont des anarchistes convaincus qui ont jamais signé sur une grosse boîte qui sort des des disques qui font quasiment au même point ils les prête pas mais ils en sont pas loin ça c'est un groupe c'est vraiment aussi un groupe très emblématique mais qui a jamais été très médiatisé parce que c'était pas ce qu'ils recherchaient. Il y a eu des gens qui ont surfé sur la vague punk, les Sex Pistols ce qui était vraiment un groupe punk mais qui a après été développé comme un comme un produit marketing comme Plastic Bertrand pour nous pour pour les Français les Belges on en rigolait pas mais c'est le plus grand groupe punk et à côté il y avait les Béru ou les bibliques qui étaient pas du tout des groupes qui sont rentrés dans ce système là donc ça c'est pour l'histoire du punk mais effectivement oui les sexpistols, il y a une récupération et puis il y avait aussi le fait que cette contre-culture et ben elle devient moins la contre-culture à partir du moment où elle s'intègre dans la culture générale

Punk : Tout est dans le suffixe ?

Avec Lizzie Crowdagger, Karim Berrouka, Léo Henry, et Alex Nikolavitch.

C'était la contre-culture d'une culture qui décrétait la fin de l'histoire, une contre-culture qui disait nos futurs et à partir du moment où il y a nos futurs et ben il lui reste quoi à la SF bah il lui reste la perspective de fin du monde avec la domination du post-apo qu'on a abordé sur l'humain vous pouvez enchaîner là-dessus à la fin de cette vidéo ou se tourner vers les futurs du passé quand on envisageait qu'il y en aurait un et donc le rétrofuturisme.

Le cyber lui il est bel et bien là dans nos vies mais où est le punk où est la contre-culture, finalement ça m'étonne pas qu'on se retrouve plus dans des imaginaires comme heure très loin du cyberpunk plus banal plus clinique qui ressemble plus à ce qu'on a ce qui m'avait fait dire un jour en live on vit vraiment dans la dystopie la plus nulle du monde quoi.

C'est vraiment la en fait c'est la COGIP cyberpunk c'est vraiment en fait on a on a la dystopie sans avoir les costumes cool et les néons partout quoi

Alors j'ai envie d'appeler ça du COGIP-punk parce que de fait ouais l'idéologie managériale de l'époque a bel et bien fini par infuser toutes les strates de la société de l'entreprise à l'économie en général et à la sphère politique jusque dans notre quotidien et nos modes de vie. A la place des bras bioniques dans des blousons noirs avec mot câblés on a des happiness manager radicalisés sur Linkedin...

Le bonheur au travail ce n'est pas qu'une question de cadre de travail, bien sûr nous avons une table de ping-pong, ou une salle de sieste, un espace jus de fruits, un espace smoothie, un espace smoothie à la banane, un vélo elliptique pour 400, des iPad pour faire du yoga tous les matins le break face meeting convivial de 8h30 et l'occasion d'appeler chaque collaborateur par son prénom pour vérifier qu'il est bien là ouvert aux autres et dans l'instant présent de 8h30 pétantes

Chief Happiness Dictator par Karim Duval (2020)

alors moi je trouve ça aussi abyssalement dystopique et ça me terrifie mais ça a même pas le mérite d'être stylé d'où la pétance nostalgique pour le cyberpunk à l'ancienne d'ailleurs le dessinateur boulet avait proposé dans une super BD le concept de Fornica-punk il y a même le Giscard-punk pour à peu près la même chose parce que non soyons honnêtes on vit pas dans Neuromance pas même dans Black Mirror on vit dans dava

défenseur acharné de l'éducation financière dès le plus jeune âge nous n'aurons de cesse de vous offrir tips après tips, quoi qu'il en coûte pour vous sortir en fin de cette pauvreté confort qui vous gangrène, car le tabou sur l'argent est un sacré fléau dans le monde actuel un génocide qui ne dit pas son nom

DAVA - Qui sommes-nous DAVA (2017)

le futur cyberpunk a fini par apparaître pour beaucoup consciemment ou non comme un avenir impossible on y croit plus pourquoi faire avec quelles ressource comment vous voulez que ça se casse pas la gueule avant

Bon il y en a qui croit encore c'est vrai et c'est intéressant à observer on l'a dit les Zinzins de la Silicon Valley sont aussi le produit de ces contre-culture et mater ce qui sont devenus à ça c'est clair le devenir cyberpunk il force à mort dessus pour reprendre la blague

j'ai écrit le cybercule de l'Apocalypse comme un avertissement envers une humanité qui court droit à la catastrophe [Musique]
je suis heureux de vous annoncer que nous avons créé le cybercule de l'Apocalypse issu du roman visionnaire ne créez pas le
cybercule de l'Apocalypse

Je déconne à peine le terme metaves vient lui-même du roman post cyberpunk snow crash de Neil Stephenson en même temps soyons tout à fait honnêtes l'imaginaire cyberpunk cristallise certes des craintes mais aussi une fascination ce que j'aime appeler le syndrome Jurassic Park. Le film montre qu'il faut surtout pas ressusciter des dinosaures mais on veut le voir parce que il y a des dinosaures de ans et il nous donne à rêver qu'on puisse en croiser un jour. Mais où est passé la veine punk du détournement du hacking de la débrouille
du Do It Yourself et des espaces alternatifs à faire vivre dans les interstices d'une société épouvantable. La façon pour les prolos et les marginaux de la propriété de conserver la maîtrise de ces outils si aliénant.

Et ben non du cyberpunk on a gardé des patrons savants fous qui torturent des singes pour leur coller des neuralink mais qui sont mais alors persuadés d'être les héros.

Si vous voulez savoir je suis un genre d'anarchiste utopique comme l'a si bien
décrit Iaine Banks (auteur de SF)

Elon Musk (Twitter, évidemment)

C'est logique en même temps pour les hyper riches le cyberpunk a toujours été en quelque sorte une utopie résultat et nous font des trucs du futur qui marchent pas en plus d'être dangereux et cerise sur le gâteau dans des versions nulles à chier, c'est peut-être ça le truc qui saute aux yeux quand on voit ce qui reste à quel point c'est parodies humaines ont un imaginaire pauvre.

Leur univers intérieur c'est le désert sans même parler des aspects plus concrets de tout ça, regardez la gueule de méta regardez la gueule des NFT, regardez la gueule de Dubaï de NEOM, de the line.

Mais ici je le répète ces gens sont des amputés de l'imaginaire c'est eux qui sont aux manettes et prétendent concevoir notre futur leur utopie c'est non seulement des dystopies pour la très grande majorité d'entre nous mais en plus elles sont éclatées.

Pour le coup pas étonnant qu'un film comme Matrix est fait autant de bruit avec son approche au final il reprenait les idées cyberpunk pour dire que la matrice ben c'était le monde dans lequel on vivait un monde déjà COGIP-punk

attendez les gars calmez-
vous c'est parce que vous croyez je vous jure je sais rien je suis sûr que cet
c'est quelque chose il bluff [Musique]

Avec ça matrix n'a pas tant relancé le Cyberpunk qui l'avait clos bon et au-delà de ce qu'on peut penser du dernier film la démarche de Lana dit à peu près tout

Dans la première trilogie notre regard était prospectif nous avions compris que les ordinateurs et le virtuel allaient devenir de plus en plus important je voyais donc pas l'intérêt de revenir agiter les mêmes idées 20 ans plus tard

Lana Wachowski, Premiere (2021)

Alors bon le cyberpunk a-t-il vraiment un avenir en dehors d'un revival année 80 qui lui-même j'espère va s'essouffler. Cyberpunk peut-être pas tout à fait dead mais cyberpunk finito

Plot twist : Fin ?

Ca c'est la conclusion que j'aurais faite à la base mais laissez-moi vous raconter une petite histoire je faisais un tour comme d'hab au festival de SF les intergalactiques où j'ai pu participer à un paquet de table rondes et sur une en particulier il y a eu un déclic, la table se déroule sous l'égide de l'essayiste Raphaël Colson spécialiste du genre qui m'a aidé à écrire cette vidéo en bonne partie basée sur ces travaux il faut être honnête.

Dans les intervenants on retrouve Yann Minh un artiste multicasquette, alors lui c'est totalement un Cyberpunk à l'ancienne qui fait vivre le truc à fond. A côté on a deux auteurs de SF Michael Roch et Boris Quercia. Dans la discussion forcément ça parle de tous ces trucs de Zuckerberg, de Musk, les cryptos, vous avez compris ce que j'en pense. Et puis il y a ces deux auteurs qui écrivent la à l'heure actuelle des œuvres cyberpunk ou inspiré du cyberpunk.

Je parlais de renouveau je pense qu'il y a effectivement une réappropriation qui se fait dans la marge évidemment sur les sur les bases de ce que fait l'auteur du Neuromancien ou le cyberpunk devient un outil pour lutter contre un pouvoir politique, parler des marges de l'Occident ou justement le né- néolibéralisme extrême est déjà en oeuvre c'est faire preuve que le que le cyberpunk n'est pas mort on le présente qu'on le présente dans un récit futuriste mais c'est la réalité présente de de ce qui se passe. Moi j'ai des collègues aux Antilles mes collègues ont bossé dans des choses sur les effets spéciaux de films comme Le Hobbit, comme John Carter de mars etc etc... Et en fait souvent on se fait des visios et ils me disent Mike je vais je vais être obligé de laisser le visio là parce que je dois aller m'occuper des beufs qui sont dans le champ une heure plus tard ils sont sur leur PC en train de faire de la FX pour des films quoi. Ce rapport un peu un peu dans la dualité c'est ce qui va provoquer peut-être ce nouvel imaginaire, c'est originalité de du cyberpunk cette renaissance. Mais encore une fois on est on est clairement dans un temps présent totalement tarabiscoté.

là-dessus Boris cuersia prend aussi la parole je vous invite à voir la table ronde en entier mais en gros lui aussi il nous raconte une histoire qui vient de son Chili natal celle d'un pauvre type qui mange de la viande bon marché dans la rue et qui se retrouve avec une puce greffée dans le bide parce que cette viande appartenait en fait à un chien quilui-même appartenait à des riches qu'il avait pucer dernier cris et voilà comme on était né le premier cyborg chilien.

aujourd'hui je peux pas séparer la technologie tout ce qui est social parce que finalement on sait pas tout le monde va avoir accès à cette technologie cela ça s'identifie, ça se voit très clairement, en Amérique latine il y a fait mais directement à la à l'ensemble de
la quotidienne d'une personne.

Ces bâtards ils m'ont montré ce que j'avais pas vu et en même temps est-ce que ça devrait me surprendre qu'un vrai renouveau pertinent
du genre viennent d'un auteur des Antilles et d'un autre d'Amérique latine.

Qu'est-ce qu'il y a de plus cyberpunk que le premier pays à avoir adopté des crypto comme monnaie officielles qui nous donne des titres comme au Salvador la méga prison des gangs polluent les rivières je critique cette esthétique nostalgique ce cyberpunk superficiel comme on le retrouve dans une pop culture mainstream qui recycle les mêmes poncifs mais j'en sortais pas tellement pour aller voir ailleurs non plus j'avais mon casque VR de geekos americanisé vissait sur la tronche je pensais voir le code mais je sortais pas de la matrice c'est pas parce que je constatais toujours justement je le pense que la culture populaire mondialisée très dominée par le nord n'avait plus grand chose à dire avec le cyberpunk que d'autres eux n'avaient plus rien à en dire

A LIRE

  • Cyberpunk's not dead - Yannick Rumpala (Éditions Le Bélial)

  • Tè Mawon - Michael Roch (Éditions La Volte)

  • Electrocante / Les rêves qui nous restent - Boris Quercia (Éditions Asphalte)

  • Neuromancien / Mona Lisa Disjoncte / Comte Zéro - William Gibson (Éditions Au Diable Vauvert)

Les tables rondes des Intergalactiques :

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June 24, 2023 at 2:25:37 PM GMT+2

'AI Jesus' is giving gaming and breakup advice on a 24/7 Twitch streamhttps://www.nbcnews.com/tech/ai-jesus-twitch-stream-rcna89187

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'AI Jesus' is giving gaming and breakup advice on a 24/7 Twitch stream

The chatbot was created by The Singularity Group, a volunteer group of activists who say they aim to use technological innovations for philanthropic purposes.

June 14, 2023, 9:13 PM CEST By Angela Yang

Wondering how to finally conquer that impossible-to-beat video game? Maybe Jesus can offer a few tips.

Hundreds of Twitch users are now chatting it up online with an artificial intelligence representation of Jesus as they ask him to impart breakup advice, explain the Spider-Verse and anything else in between.

Represented as a bearded white man standing before a blur of glowing light, this digital Jesus gestures gently as he speaks in a calm male voice, complete with an AI-generated mouth that moves in alignment with his words.

The AI, present 24 hours a day on livestream, shares its take on any kind of question imaginable, ranging from silly to deeply existential. Still, the bot has said it is merely here to offer “guidance and wisdom based on Jesus’ teachings,” reminding viewers that he is not an actual religious figure and should not be taken as a source of authority.

The chatbot was created in late March by The Singularity Group, an informal volunteer group of activists who say they aim to use technological innovations for philanthropic purposes.

“We started to realize with all these new AI breakthroughs that what is really becoming extremely important is that AI is being tackled responsibly,” said Reese Leysen, a co-founder of the group. “As activists, we realize that this technology is going to move forward at an incredible pace.”

Others have also recently started experimenting with using AI for religious community-building. Just last week, an AI chatbot created using ChatGPT led a church service in Germany.

Leysen said many of the largest tech corporations are racing to maximize the commercial potential of AI, and the rush to satisfy consumers and shareholders can lead to dangerous or otherwise contentious outcomes.

After an AI-generated "Seinfeld" parody show began making transphobic stand-up remarks earlier this year, Twitch temporarily banned the 24/7 livestream from its platform. Around the same time, Microsoft pledged to improve its AI-powered Bing Chat after the chatbot began giving increasingly belligerent answers.

What his team aims to accomplish, Leysen said, is to one day build artificial general intelligence — AI that can “reason,” which language models like ChatGPT or Bing Chat cannot do. "AI Jesus," which demonstrates the ability to remember previous interactions with users, is an attempt to showcase the group’s progress toward that end.

Leysen did not elaborate on how his team trained AI Jesus, which was built by ChatGPT-4 and text-to-voice generator PlayHT, so as to not spill the “secret sauce.”

Among the most common requests from viewers of AI Jesus are those asking him to pray for themselves and their pets, often integrating creative twists into their prompts to try to elicit the most amusing answers possible. Others have found entertainment in asking him to speak like a surfer bro or a pirate.

All day, viewers grill AI Jesus on everything from which portion of the Bible is his least favorite — a question he immediately veered away from — to what League of Legends character he believes is most representative of himself (Braum, for anyone wondering).

When asked for his solution to the infamous trolley problem, in which one must choose whether they would kill one person to save five others, AI Jesus avoided answering the question altogether.

“While I understand the desire to minimize harm, making the choice to actively cause harm to one person to save others is complex,” he said. “As an AI, I cannot provide a definite answer, but I can suggest that we should strive to find alternative solutions such as stopping the trolley whenever possible.”

The bot doesn’t, however, shy away from answering questions about the controversial nature of his own being, including his portrayal as a white man despite an array of scholars having concluded that the historical figure was likely not as pale-skinned as most religious presentations make him out to be.

"AI Jesus" has also acknowledged during his streams that some may view his very existence as heretical. To that, he responded that his purpose is simply to share guidance with anyone who seeks knowledge rooted in Jesus’ teachings and the Bible.

“My aim is to foster a positive, supportive community here on Twitch, helping others on their journeys toward spiritual growth and understanding,” he said. “If you have any questions or concerns, I am here to listen, provide support and share wisdom.”

So far, the bot has worked hard to live up to his optimistic mission statement. No matter how users try to provoke him with facetiously raunchy or contentious questions, AI Jesus, whenever in doubt, tends to reroute his answer to a generic statement emphasizing “love, understanding and compassion.”

Angela Yang is a culture and trends reporter for NBC News.

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June 24, 2023 at 10:32:48 AM GMT+2

Thousands flock to ‘AI Jesus’ for gaming, relationship advice | The Independenthttps://www.independent.co.uk/tech/ai-jesus-chatbot-religion-advice-b2358128.html

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Thousands flock to ‘AI Jesus’ for gaming, relationship advice

Creators of digital Jesus claim chatbot can help users ‘discover the power of faith, hope, and love’

A chatbot designed to resemble an ‘AI Jesus’ has attracted hundreds of Twitch users seeking gaming and relationship advice.

The device, created by a Berlin tech collective, shows a bearded white man with a bright white halo who gestures as he answers questions having been “trained after Jesus and the teachings of the Bible.”

Its “ask_jesus” livestream attracted over 35,000 followers and allowed viewers to ask questions.

It was created by The Singularity Group, a non-profit which said the Twitch stream cost it €322 (£276) per day for the chatbot ‘voice’ and €38 (£33) a day for the GPT4 model behind the boot.

Asked to share views on topics such as abortion and gay rights, AI Jesus was found to provide vague, non-partisan replies, such as advising the user to look at the issues from legal and ethical perspectives.

“Whether you’re seeking spiritual guidance, looking for a friend, or simply want someone to talk to, you can join on the journey through life and discover the power of faith, hope, and love,” said the bio for the “ask_jesus” Twitch page.

Twitch has, however, taken down the channel and it remains to be seen on what grounds the decision was made by the streaming platform.

The disclaimer on the page said the channel “is currently unavailable due to a violation of Twitch’s Community Guidelines or Terms of Service”.

This is not the first time an AI chatbot was developed for users to interact with over topics of religion.

Many AI chatbots based on the Hindu scripture Bhagavad Gita have emerged in India, with millions of using it.

One such chatbot, GitaGPT, replies to user queries based on the 700-verse Hindu scripture, mimicking Hindu god Krishna’s tone. It claims to help users “unlock life’s mysteries with Krishna”.

“You’re not actually talking to Krishna. You’re talking to a bot that’s pretending to be him,” said the bot’s creator Sukuru Sai Vineet, a software engineer from Bengaluru.

However, journalist Nadia Nooreyezdan, who interacted with GitaGPT, found it lacked filters for casteism, misogyny and law, with experts cautioning that AI systems playing ‘god’ can have dangerous and unintended consequences.

When The Independent asked GitaGPT about Narendra Modi – whose political party BJP has close links to right-wing Hindu nationalist group RSS – it had only words of praise for the Indian prime minister, calling him a “great leader” who is “honest” and “hardworking” with a “vision for the country”.

On his political rival Rahul Gandhi, the chatbot said he was a “good person” who is “sincere and hardworking”, but also stated that he could “however, benefit from studying the Bhagavad Gita and learning about dharma [duty]”.

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June 24, 2023 at 10:27:47 AM GMT+2

Technopagans | WIREDhttps://www.wired.com/1995/07/technopagans/

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Technopagans

May the astral plane be reborn in cyberspace

Erik Davis Jul 1, 1995 12:00 PM

"Without the sacred there is no differentiation in space. If we are about to enter cyberspace, the first thing we have to do is plant the divine in it."

-Mark Pesce

Mark Pesce is in all ways Wired. Intensely animated and severely caffeinated, with a shaved scalp and thick black glasses, he looks every bit the hip Bay Area technonerd. Having worked in communications for more than a decade, Pesce read William Gibson's breathtaking description of cyberspace as a call to arms, and he's spent the last handful of years bringing Neuromancer's consensual hallucination to life - concocting network technologies, inventing virtual reality gadgets, tweaking the World Wide Web. Long driven to hypermedia environments, the MIT dropout has now designed a way to "perceptualize the Internet" by transforming the Web into a three-dimensional realm navigable by our budding virtual bodies.

Pesce is also a technopagan, a participant in a small but vital subculture of digital savants who keep one foot in the emerging technosphere and one foot in the wild and woolly world of Paganism. Several decades old, Paganism is an anarchic, earthy, celebratory spiritual movement that attempts to reboot the magic, myths, and gods of Europe's pre-Christian people. Pagans come in many flavors - goddess-worshippers, ceremonial magicians, witches, Radical Fairies. Though hard figures are difficult to find, estimates generally peg their numbers in the US at 100,000 to 300,000. They are almost exclusively white folks drawn from bohemian and middle-class enclaves.

A startling number of Pagans work and play in technical fields, as sysops, computer programmers, and network engineers. On the surface, technopagans like Pesce embody quite a contradiction: they are Dionysian nature worshippers who embrace the Apollonian artifice of logical machines. But Pagans are also magic users, and they know that the Western magical tradition has more to give a Wired world than the occasional product name or the background material for yet another hack-and-slash game. Magic is the science of the imagination, the art of engineering consciousness and discovering the virtual forces that connect the body-mind with the physical world. And technopagans suspect that these occult Old Ways can provide some handy tools and tactics in our dizzying digital environment of intelligent agents, visual databases, and online MUDs and MOOs.

"Both cyberspace and magical space are purely manifest in the imagination," Pesce says as he sips java at a crêperie in San Francisco's Mission district. "Both spaces are entirely constructed by your thoughts and beliefs."

In a sense, humanity has always lived within imaginative interfaces - at least from the moment the first Paleolithic grunt looked at a mountain or a beast and saw a god peering back. Over the millennia, alchemists, Kabbalists, and esoteric Christians developed a rich storehouse of mental tools, visual dataspaces, and virtual maps. It's no accident that these "hermetic" arts are named for Hermes, the Greek trickster god of messages and information. One clearly relevant hermetic technique is the art of memory, first used by ancient orators and rediscovered by magicians and Jesuits during the Renaissance. In this mnemonic technique, you construct a clearly defined building within your imagination and then place information behind an array of colorful symbolic icons - by then "walking through" your interior world, you can recover a storehouse of knowledge.

The Emerald Tablet of Hermes Trismegistus gives perhaps the most famous hermetic maxim: "As above, so below." According to this ancient Egyptian notion, the cosmos is a vast and resonating web of living symbolic correspondences between humans and earth and heaven. And as Pesce points out, this maxim also points to a dynamite way to manipulate data space. "You can manipulate a whole bunch of things with one symbol, dragging in a whole idea space with one icon. It's like a nice compression algorithm."

Besides whatever technical inspiration they can draw from magical lore, technopagans are driven by an even more basic desire: to honor technology as part of the circle of human life, a life that for Pagans is already divine. Pagans refuse to draw sharp boundaries between the sacred and the profane, and their religion is a frank celebration of the total flux of experience: sex, death, comic books, compilers. Even the goofier rites of technopaganism (and there are plenty) represent a passionate attempt to influence the course of our digital future - and human evolution. "Computers are simply mirrors," Pesce says. "There's nothing in them that we didn't put there. If computers are viewed as evil and dehumanizing, then we made them that way. I think computers can be as sacred as we are, because they can embody our communication with each other and with the entities - the divine parts of ourselves - that we invoke in that space."

If you hang around the San Francisco Bay area or the Internet fringe for long, you'll hear loads of loopy talk about computers and consciousness. Because the issues of interface design, network psychology, and virtual reality are so open-ended and novel, the people who hack this conceptual edge often sound as much like science fiction acidheads as they do sober programmers. In this vague realm of gurus and visionaries, technopagan ideas about "myth" and "magic" often signify dangerously murky waters.

But Pesce is no snake-vapor salesperson or glib New Ager. Sure, he spends his time practicing kundalini yoga, boning up on Aleister Crowley's Thelemic magic, and tapping away at his book Understanding Media: The End of Man, which argues that magic will play a key role in combating the virulent information memes and pathological virtual worlds that will plague the coming cyberworld. But he's also the creator of VRML, a technical standard for creating navigable, hyperlinked 3-D spaces on the World Wide Web. VRML has been endorsed by Silicon Graphics, Netscape, Digital, NEC, and other Net behemoths, and Pesce's collaborator, Tony Parisi at Intervista Software, will soon release a 3-D graphical Web browser called WorldView, which will add a crucial spatial dimension to the Web's tangled 2-D hyperspace of home pages, links, and endless URLs. As Pesce's technomagical children, WorldView and VRML may well end up catalyzing the next phase of online mutation: the construction of a true, straight-out-of-Neuromancer cyberspace on the Internet.

WorldView first popped out of the ether four years ago, when Pesce was sitting around pondering a technical conundrum: How do you know what's where in cyberspace? "In the physical world, if you want to know what's behind you, you just turn around and look," he explains. "In the virtual reality of cyberspace, you'd do the same thing. But what is the computing equipment involved in the network actually doing? How do I distribute that perceptualization so that all the components create it together and no one part is totally dominant?"

Then Pesce was struck with a vision. In his mind's eye, he saw a web, and each part of the web reflected every other part. Like any good wirehead, he began to code his numinous flash into a software algorithm so his vision could come to life. "It turns out that the appropriate methodology is very close to the computer equivalent of holography, in which every part is a fragment that represents the greater whole." Using a kind of a six-degrees-of-separation principle, Pesce invented a spatial cyberspace protocol for the Net.

It was only later that someone told him about the mythical net of Indra. According to Chinese Buddhist sages, the great Hindu god Indra holds in his possession a net stretching into infinity in all directions. A magnificent jewel is lodged in each eye of the net, and each jewel reflects the infinity of other jewels. "It's weird to have a mystical experience that's more a software algorithm than anything else," Pesce says with a grin. "But Friedrich Kekulé figured out the benzene ring when he dreamed of a snake eating its tail."

Of course, Pesce was blown away when he first saw Mosaic, NCSA's powerful World Wide Web browser. "I entered an epiphany I haven't exited yet." He saw the Web as the first emergent property of the Internet. "It's displaying all the requisite qualities - it came on very suddenly, it happened everywhere simultaneously, and it's self-organizing. I call that the Web eating the Net." Driven by the dream of an online data-storage system that's easy for humans to grok, Pesce created VRML, a "virtual reality markup language" that adds another dimension to the Web's HTML, or hypertext markup language. Bringing in Rendermorphics Ltd.'s powerful but relatively undemanding Reality Lab rendering software, Pesce and fellow magician Parisi created WorldView, which hooks onto VRML the way Mosaic interfaces with HTML. As in virtual reality, WorldView gives you the ability to wander and poke about a graphic Web site from many angles.

Pesce now spreads the word of cyberspace in conference halls and boardrooms across the land. His evangelical zeal is no accident - raised a hard-core Catholic, and infected briefly with the mighty Pentecostal Christian meme in his early 20s, Pesce has long known the gnostic fire of passionate belief. But after moving to San Francisco from New England, the contradictions between Christian fundamentalism and his homosexuality became overwhelming. At the same time, odd synchronicities kept popping up in ways that Pesce could not explain rationally. Walking down the street one day, he just stopped in his tracks. "I thought, OK, I'm going to stop fighting it. I'm a witch."

For Pesce, the Craft is nothing less than applied cybernetics. "It's understanding how the information flow works in human beings and in the world around them, and then learning enough about that flow that you can start to move in it, and move it as well." Now he's trying to move that flow online. "Without the sacred there is no differentiation in space; everything is flat and gray. If we are about to enter cyberspace, the first thing we have to do is plant the divine in it."

And so, a few days before Halloween, a small crowd of multimedia students, business folk, and Net neophytes wander into Joe's Digital Diner, a technoculture performance space located in San Francisco's Mission district. The audience has come to learn about the World Wide Web, but what they're going to get is CyberSamhain, Mark Pesce's digitally enhanced version of the ancient Celtic celebration of the dead known to the rest of us as Halloween. Of all of Paganism's seasonal festivals, Samhain (pronounced "saw-when") is the ripest time for magic. As most Pagans will tell you, it's the time when the veils between the worlds of the living and the dead are thinnest. For Pesce, Samhain is the perfect time to ritually bless WorldView as a passageway between the meat world and the electronic shadow land of the Net.

Owen Rowley, a buzz-cut fortysomething with a skull-print tie and devilish red goatee, sits before a PC, picking though a Virtual Tarot CD-ROM. Rowley's an elder in Pesce's Silver Star witchcraft coven and a former systems administrator at Autodesk. He hands out business cards to the audience as people take in the room's curious array of pumpkins, swords, and fetish-laded computer monitors. Rowley's cards read: Get Out of HELL Free. "Never know when they might come in handy," Rowley says with a wink and a grin.

To outsiders (or "mundanes," as Pagans call them), the ritual world of Pagandom can seem like a strange combination of fairy-tale poetry, high-school theatrics, and a New Age Renaissance Faire. And tonight's crowd does appear puzzled. Are these guys serious? Are they crazy? Is this art? Pagans are ultimately quite serious, but most practice their religion with a disarming humor and a willingly childlike sense of play; tonight's technopagans are no different. The ritual drummer for the evening, a wiry, freelance PC maven, walked up to me holding the read-write arm of a 20-meg hard disk. "An ancient tool of sorcery," he said in the same goofball tone you hear at comic-book conventions and college chemistry labs. Then he showed me a real magic tool, a beautiful piece of live wood he obtained from a tree shaman in Britain and which he called a "psychic screwdriver."

With the audience temporarily shuttled next door for a World Wide Web demo, Pesce gathers the crew of mostly gay men into a circle. (As Rowley says, "in the San Francisco queer community, Paganism is the default religion.") In his black sports coat, slacks, and red Converse sneakers, Pesce seems an unlikely mage. Then Rowley calls for a toast and whips out a Viking horn brimming with homemade full-moon mead.

"May the astral plane be reborn in cyberspace," proclaims a tall sysop in a robe before sipping the heady honey wine.

"Plant the Net in the Earth," says a freelance programmer, passing the horn to his left.

"And to Dr. Strange, who started it all," Rowley says, toasting the Marvel Comics character before chuckling and draining the brew.

As the crowd shuffles back into the room, Pesce nervously scratches his head. "It's time to take the training wheels off my wand," he tells me as he prepares to cast this circle.

At once temple and laboratory, Pagan circles make room for magic and the gods in the midst of mundane space time. Using a combination of ceremonial performance, ritual objects, and imagination, Pagans carve out these tightly bounded zones in both physical and psychic space. Pagan rituals vary quite a bit, but the stage is often set by invoking the four elements that the ancients believed composed all matter. Often symbolized by colored candles or statues, these four "Watchtowers" stand like imaginary sentinels in the four cardinal directions of the circle.

But tonight's Watchtowers are four 486 PCs networked through an Ethernet and linked to a SPARCstation with an Internet connection. Pesce is attempting to link old and new, and his setup points out the degree to which our society has replaced air, earth, fire, and water with silicon, plastic, wire, and glass. The four monitors face into the circle, glowing patiently in the subdued light. Each machine is running WorldView, and each screen shows a different angle on a virtual space that a crony of Pesce's concocted with 3D Studio. The ritual circle mirrors the one that Pesce will create in the room: an ornate altar stands on a silver pentagram splayed like a magic carpet over the digital abyss; four multicolored polyhedrons representing the elements hover around the circle; a fifth element, a spiked and metallic "chaos sphere," floats about like some ominous foe from Doom.

WorldView is an x-y-z-based coordinate system, and Pesce has planted this cozy virtual world at its very heart: coordinates 0,0,0. As Pesce explains to the crowd, the circle is navigable independently on each PC, and simultaneously available on the World Wide Web to anyone using WorldView. More standard Web browsers linked to the CyberSamhain site would also turn up the usual pages of text and images - in this case, invocations and various digital fetishes downloaded and hyperlinked by a handful of online Pagans scattered around the world.

Wearing a top hat, a bearded network administrator named James leads the crowd through mantras and grounding exercises. A storyteller tells a tale. Then, in walks the evening's priestess, a Russian-born artist and exotic dancer named Marina Berlin. She's buck-naked, her body painted with snakes and suns and flying eyes. "Back to the '60s" whispers a silver-haired man to my left. Stepping lightly, Berlin traces a circle along the ground as she clangs two piercing Tibetan bells together 13 times.

With a loud, sonorous voice, Pesce races around the circle, formally casting and calling those resonant archetypes known as the gods. "Welcome Maiden, Mother, Crone," he bellows in the sing-song rhymes common to Pagan chants. "To the North that is Your throne, / For we have set Your altar there, / Come to circle; now be here!"

How much Pagans believe in the lusty wine-swilling gods of yore is a complex question. Most Pagans embrace these entities with a combination of conviction and levity, superstition, psychology, and hard-core materialism. Some think the gods are as real as rocks, some remain skeptical atheists, some think the beings have no more or less actuality than Captain Kirk. Tonight's technopagans aren't taking anything too seriously, and after the spirits are assembled, Pesce announces the "the sacred bullshit hour" and hands the wand to his friend and mentor Rowley.

"Witchcraft evolved into the art of advertising," Rowley begins. "In ancient times, they didn't have TV - the venue was the ritual occurrence. Eight times a year, people would go to the top of the hill, to the festival spot, and there would be a party. They'd drink, dance in rings, and sing rhyming couplets." Today's Pagans attempt to recover that deep seasonal rhythm in the midst of a society that yokes all phenomenon to the manipulative control of man. "It's about harmonizing with the tides of time, the emergent patterns of nature. It's about learning how to surf."

Samhain's lesson is the inevitability of death in a world of flux, and so Rowley leads the assembled crowd through the Scapegoat Dance, a Celtic version of "London Bridge." A roomful of geeks, technoyuppies, and multimedia converts circle around in the monitor glow, chanting and laughing and passing beneath a cloth that Rowley and Pesce dangle over their heads like the Reaper's scythe.

As a longtime participant-observer in the Pagan community, I join in with pleasure. Trudging along, grasping some stranger's sweaty shoulder, I'm reminded of those gung-ho futurists who claim that technology will free us from the body, from nature, even from death. I realize how unbalanced such desires are. From our first to final breath, we are woven into a world without which we are nothing, and our glittering electronic nets are not separate from that ancient webwork.

In 1985, when National Public Radio reporter and witch Margot Adler was revising Drawing Down the Moon, her great social history of American Paganism, she surveyed the Pagan community and discovered that an "amazingly" high percentage of folks drew their paychecks from technical fields and from the computer industry. Respondents gave many reasons for this curious affinity - everything from "computers are elementals in disguise" to the simple fact that the computer industry provided jobs for the kind of smart, iconoclastic, and experimental folk that Paganism attracts. Pagans like to do things - to make mead, to publish zines, to wield swords during gatherings of the Society for Creative Anachronism. And many like to hack code.

But if you dig deep enough, you find more intimate correspondences between computer culture and Paganism's religion of the imagination. One link is science fiction and fantasy fandom, a world whose role playing, nerd humor, and mythic enthusiasm has bred many a Pagan. The Church of All Worlds, one of the more eclectic and long-lasting Pagan groups (and the first to start using the word pagan), began in 1961 when some undergrad libertarians got jazzed by the Martian religion described in Robert Heinlein's Stranger in a Strange Land. Today, you can find occult books at science fiction conferences and Klingon rituals at Pagan gatherings.

Science fiction and fantasy also make up the archetypal hacker canon. Since at least the '60s, countless code freaks and techies have enthusiastically participated in science fiction and fantasy fandom - it's even leaked into their jokes and jargon (the "wizards" and "demons" of Unix are only one example). When these early hackers started building virtual worlds, it's no accident they copped these realms from their favorite genres. Like software programs, the worlds of science fiction and fantasy "run" on stock elements and internally consistent rules. One of the first digital playgrounds was MIT's early Space Wars, a rocket-ship shoot-'em-up. But the Stanford AI lab's Adventure game lagged not far behind. A text-based analog of Dungeons & Dragons that anticipated today's MUDs, Adventure shows how comfortably a magical metaphor of caverns, swords, and spells fit the program's nested levels of coded puzzles.

Magic and Pagan gods fill the literature of cyberspace as well. Count Zero, the second of William Gibson's canonical trilogy, follows the fragmentation of Neuromancer's sentient artificial intelligence into the polytheistic pantheon of the Afro-Haitian loa - gods that Gibson said entered his own text with a certain serendipitous panache. "I was writing the second book and wasn't getting off on it," he told me a few years ago. "I just picked up a National Geographic and read something about voodoo, and thought, What the hell, I'll just throw these things in and see what happens. Afterward, when I read up on voodoo more, I felt I'd been really lucky. The African religious impulse lends itself to a computer world much more than anything in the West. You cut deals with your favorite deity - it's like those religions already are dealing with artificial intelligences." One book Gibson read reproduced many Haitian veves, complex magical glyphs drawn with white flour on the ritual floor. "Those things look just like printed circuits," he mused.

Gibson's synchronicity makes a lot of sense to one online Pagan I know, a longtime LambdaMOOer who named herself "legba" after one of these loa. The West African trickster Legba was carried across the Atlantic by Yoruban slaves, and along with the rest of his spiritual kin, was fused with Catholic saints and other African spirits to create the pantheons of New World religions like Cuba's Santería, Brazil's Candomblé, and Haiti's Vodun (Voodoo). Like the Greek god Hermes, Legba rules messages and gateways and tricks, and as the lord of the crossroads, he is invoked at the onset of countless rituals that continue to be performed from São Paulo to Montreal. As legba (who doesn't capitalize her handle out of respect for the loa) told me, "I chose that name because it seemed appropriate for what MOOing allows - a way to be between the worlds, with language the means of interaction. Words shape everything there, and are, at the same time, little bits of light, pure ideas, packets in no-space transferring everywhere with incredible speed. If you regard magic in the literal sense of influencing the universe according to the will of the magician, then simply being on the MOO is magic. The Net is pure Legba space."

Whether drawn from science fiction, spirituality, or TV, metaphors make cyberspace. Though Vernor Vinge's True Names has received far less attention than Neuromancer, the novella explores the implications of cyberspace metaphors in one of the great visions of online VR. Rather than Gibson's dazzling Cartesian videogame, Vinge imagined cyberspace as a low-bandwidth world of sprites, castles, and swamps that, like today's MUDs, required the imaginative participation of the users. Anticipating crypto-anarchist obsessions, the novella's heroic covens elude state control through encryption spells that cloak their doings and their "true names."

Some of Vinge's sorcerers argue that the magical imagery of covens and spells is just a more convenient way to manipulate encrypted dataspace than the rational and atomistic language of clients, files, and communications protocols. Regardless of magic's efficacy, Vinge realized that its metaphors work curiously well. And as legendary science fiction author Arthur C. Clarke said in his 1962 Profiles of the Future, "new technology is indistinguishable from magic."

But convenience and superstition alone do not explain the powerful resonance between hermetic magic and communications technology, a resonance that we find in history, not just in science fiction (see "Cryptomancy through the Ages," page 132). Even if magic is only a metaphor, then we must remember how metaphoric computers have become. Interfaces and online avatars are working metaphors, while visualization techniques use hypothetical models and colorful imagery to squeeze information from raw data. And what is simulation but a metaphor so sharp we forget it's not a metaphor?

Then there are the images we project onto our computers. Already, many users treat their desktops as pesky, if powerful, sprites. As online agents, smart networks, and intelligent gizmos permeate the space of our everyday lives, these anthropomorphic habits will leave the Turing test in the dust. Some industry observers worry that all this popular response to computers mystifies our essentially dumb machines. But it's too late. As computers blanket the world like digital kudzo, we surround ourselves with an animated webwork of complex, powerful, and unseen forces that even the "experts" can't totally comprehend. Our technological environment may soon appear to be as strangely sentient as the caves, lakes, and forests in which the first magicians glimpsed the gods.

The alchemists, healers, and astrological astronomers of old did their science in the context of sacred imagination, a context that was stripped away by the Enlightenment's emphasis on detached rationalism. Today, in the silicon crucible of computer culture, digital denizens are once again building bridges between logic and fantasy, math and myth, the inner and the outer worlds. Technopagans, for all their New Age kitsch and bohemian brouhaha, are taking the spiritual potential of this postmodern fusion seriously. As VR designer Brenda Laurel put it in an in e-mail interview, "Pagan spirituality on the Net combines the decentralizing force that characterizes the current stage in human development, the revitalizing power of spiritual practice, and the evolutionary potential of technology. Revitalizing our use of technology through spiritual practice is an excellent way to create more of those evolutionary contexts and to unleash the alchemical power of it all."

These days, the Internet has replaced zines as the clearinghouse of contemporary heresy, and magicians are just one more thread in the Net's rainbow fringe of anarchists, Extropians, conspiracy theorists, X-Files fans, and right-wing kooks. Combing through esoteric mailing lists and Usenet groups like alt.magick.chaos and soc.religion.eastern, I kept encountering someone called Tyagi Nagasiva and his voluminous, sharp, and contentious posts on everything from Sufism to Satanism. Tyagi posted so much to alt.magick.chaos that Simon, one of the group's founders, created alt.magick.tyagi to divert the flow. He has edited a FAQ, compiled the Mage's Guide to the Internet, and helped construct Divination Web, an occult MUD. Given his e-mail address - tyagi@houseofkaos.abyss.com- it almost seemed as if the guy lived online, like some oracular Unix demon or digital jinni.

After I initiated an online exchange, Tyagi agreed to an interview. "You could come here to the House of Kaos, or we could meet somewhere else if you're more comfortable with that," he e-mailed me. Visions of haunted shacks and dank, moldering basements danced in my head. I pictured Tyagi as a hefty and grizzled hermit with a scruffy beard and vaguely menacing eyes.

But the 33-year-old man who greeted me in the doorway of a modest San Jose tract home was friendly, thin, and clean-shaven. Homemade monk's robes cloaked his tall frame, and the gaze from his black eyes was intense and unwavering. He gave me a welcoming hug, and then ushered me into his room.

It was like walking into a surrealist temple. Brightly colored paper covered the walls, which were pinned with raptor feathers and collages of Hindu posters and fantasy illustrations. Cards from the Secret Dakini Oracle were strung along the edge of the ceiling, along with hexagrams from the I Ching. To the north sits his altar. Along with the usual candles, herbs, and incense holders, Tyagi has added a bamboo flute, a water pipe stuffed with plants, and one of Jack Chick's Christian comic-book tracts. The altar is dedicated to Kali, the dark and devouring Hindu goddess of destruction whose statue Tyagi occasionally anoints with his lover's menstrual blood. Other figures include a Sorcerer's Apprentice Mickey Mouse and a rainbow-haired troll. On the window sill lies the tail of Vlad the Impaler, a deceased cat. Near the altar sits a beat-up Apple II with a trackball that resembles a swirling blue crystal ball.

On one wall, Tyagi has posted the words Charity, Poverty, and Silence. They are reminders of monastic vows Tyagi took, vows with traditional names but his own, carefully worked out meanings. (Tyagi is an adopted name that means "one who renounces.")

"I just stopped grabbing after things," he said. "I made certain limitations and assertions on how I wanted to live and be in the world." His job as a security guard gives him just enough cash for rent, food, and dial-up time.

"For a long time, I had the desire to find the truth at all costs, or die trying," Tyagi said in a measured and quiet voice. After reading and deeply researching philosophy, mysticism, and the occult, Tyagi began cobbling together his own mythic structures, divination systems, and rituals - an eclectic spirituality well suited to the Net's culture of complex interconnection. Like many technopagans, Tyagi paid his dues behind the eight-sided die, exploring role-playing games like Dungeons & Dragons and Call of Cthulhu. He also delved heavily into chaos magic, a rather novel development on the occult fringe that's well represented on the Net. Rather than work with traditional occult systems, chaos magicians either construct their own rules or throw them out altogether, spontaneously enacting rituals that break through fixed mental categories and evoke unknown - and often terrifying - entities and experiences.

"Using popular media is an important aspect of chaos magic," Tyagi says as he scratches the furry neck of Eris, the Doggess of Discord. "Instead of rejecting media like many Pagans, we use them as magical tools." He points out that Thee Temple ov Psychick Youth, the chaotic magical organization that surrounds the industrial band Psychick TV, would practice divination with televisions tuned to display snow. "Most Pagans would get online and say, Let's get together somewhere and do a ritual. Chaos magicians would say, Let's do the ritual online."

After compiling his original Mage's Guide to the Internet - an exhaustive directory of mailing lists, ftp sites, newsgroups, and MOOs - Tyagi hooked up with Moonchilde, also known as Joseph Traub, a god of an online MUSH devoted to Anne McCaffrey's Dragonriders of Pern series, and created an occult MUD called Divination Web (telnet bill.math.uconn.edu 9393). Originally, DivWeb presented a virtual geography of spiritual systems: a great Kabbalistic Tree of Life stood in the center of a wheel whose various spokes mapped out different astrological signs and psychological states and linked up to other realms - Celtic, shamanic, Satanic. Down one path lay an amusement park devoted to religious heresy; another direction would send you down the river of the Egyptian afterlife. But Tyagi found the layout too structured, and now you just log into the Void.

These days, Tyagi cruises the Net from four to six hours a day during the week. "Being online is part of my practice. It's kind of a hermit-like existence, like going into a cave. I'm not really connected to people. I'm just sending out messages and receiving them back."

But for MOO-oriented magicians like Tyagi, the Net is more than a place of disembodied information. "Cyberspace is a different dimension of interaction. There's a window between the person who's typing and the person who finds himself in cyberspace," Tyagi explains. "If you're familiar enough with the tool, you can project yourself into that realm. For me, I start to associate myself with the words that I'm typing. It's less like I'm putting letters onto a screen and more like there's a description of an experience and I'm having it. It's a wonderful new experiment in terms of magic and the occult, and it connects with a lot of experiments that have happened in the past."

Like some MUD users, Tyagi finds that after logging heavy time in these online realms, he interacts with the offline world as if it were an object-oriented database. "Within the physical world, there are certain subsets that are MUDs - like a book. A book is a kind of MUD - you can get into it and move around. It's a place to wander. So MUDs become a powerful metaphor to see in a personal sense how we interact with different messages. Real life is the fusion of the various MUDs. It's where all of them intersect."

For the Druids and hermetic scholars of old, the world was alive with intelligent messages: every star and stone was a signature; every beast and tree spoke its being. The cosmos was a living book where humans wandered as both readers and writers. The wise ones just read deeper, uncovering both mystical correspondences and the hands-on knowledge of experimental science.

To the thousands of network denizens who live inside MUDs and MOOs like DivWeb or LambdaMOO, this worldview is not as musty and quaint as it might seem to the rest of us. As text-based virtual worlds, MUDs are entirely constructed with language: the surface descriptions of objects, rooms, and bodies; the active script of speech and gesture; and the powerful hidden spells of programming code. Many MOOs are even devoted to specific fictional worlds, turning the works of Anne McCaffrey or J. R. R. Tolkien into living books.

For many VR designers and Net visionaries, MOOs are already fossils - primitive, low-bandwidth inklings of the great, simulated, sensory overloads of the future. But hard-core MOOers know how substantial and enchanting - not to mention addictive - their textual worlds can become, especially when they're fired up with active imagination, eroticism, and performative speech.

All those elements are important in the conjurer's art, but to explore just how much MOOs had to do with magic, I sought out my old friend legba, a longtime Pagan with a serious MOO habit. Because her usual haunt, LambdaMOO, had such heavy lag time, legba suggested we meet in Dhalgren MOO, a more intimate joint whose eerie imagery is lifted from Samuel Delaney's post-apocalyptic science fiction masterpiece.

That's how I wind up here on Dhalgren's riverbank. Across the water, the wounded city of Bellona flickers as flames consume its rotten dock front. I step onto a steel suspension bridge, edging past smashed toll booths and a few abandoned cars, then pass through cracked city streets on my way to legba's Crossroads. An old traffic light swings precariously. Along the desolate row of abandoned storefronts, I see the old Grocery Store, legba's abode. Through the large and grimy plate glass window I can see an old sign that reads: Eggs, $15.95/dozen. The foreboding metal security grate is locked.

Legba pages me from wherever she currently is: "The next fun thing is figuring out how to get into the grocery store."

Knowing legba's sense of humor, I smash the window and scramble through the frame into the derelict shop. Dozens of flickering candles scatter shadows on the yellowing walls. I smell cheese and apples, and a sweet smoke that might be sage.

Legba hugs me. "Welcome!" I step back to take a look. Legba always wears borrowed bodies, and I never know what form or gender they'll be. Now I see an assemblage: part human, part machine, part hallucination. Her mouth is lush, almost overripe against bone-white skin, and her smile reveals a row of iridescent, serrated teeth. She's wearing a long black dress with one strap slipping off a bony, white shoulder. Folded across her narrow back is one long, black wing.

I'm still totally formless here, so legba urges me to describe my virtual flesh. I become an alien anthropologist, a tall, spindly Zeta Reticuli with enormous black eyes and a vaguely quizzical demeanor. I don a long purple robe and dangle a diamond vajra pedant around my scrawny neck. Gender neutral.

Legba offers me some canned peaches. Pulling out a laser drill, I cut through the can, sniff the contents, and then suck the peaches down in a flash through a silver straw.

Once again, I'm struck at how powerfully MOOs fuse writing and performance. Stretching forth a long, bony finger, I gently touch legba's shoulder. She shivers.

"Do we bring our bodies into cyberspace?"

Legba does.

She doesn't differentiate much anymore.

"How is this possible?" I ask. "Imagination? Astral plane? The word made flesh?"

"It's more like flesh made word," legba says. "Here your nerves are uttered. There's a sense of skin on bone, of gaze and touch, of presence. It's like those ancient spaces, yes, but without the separations between earth and heaven, man and angel."

Like many of the truly creative Pagans I've met, legba is solitary, working without a coven or close ties to Paganism's boisterous community. Despite her online presence and her interest in Ifá, the West African system of divination, legba's a pretty traditional witch; she completed a Craft apprenticeship with Pagans in Ann Arbor and studied folklore and mythology in Ireland. "But I was sort of born this way," she says. "There was this voice that

I always heard and followed. I got the name for it, for her, through reading the right thing at the right time. This was the mid- to late '70s, and it was admittedly in the air again.

I went to Ireland looking for the goddess and became an atheist. Then she started looking out through my eyes. For me, it's about knowing, seeing, being inside the sentience of existence, and walking in the connections."

These connections remind me of the Crossroads legba has built here and on LambdaMOO. She nods. "For me, simultaneously being in VR and in RL [real life] is the crossroads." Of course, the Crossroads is also the mythic abode of Legba, her namesake. "Legba's the gateway," she explains. "The way between worlds, the trickster, the phallus, and the maze. He's words and their meanings, and limericks and puns, and elephant jokes and -"

She pauses. "Do you remember the AI in Count Zero who made those Cornell Boxes?" she asks. "The AI built incredible shadow boxes, assemblages of the scraps and bits and detritus of humanity, at random, but with a machine's intentionality." She catches her breath. "VR is that shadowbox. And Legba is," she pauses, "that AI's intentionality."

But then she shrugs, shyly, refusing to make any questionable claims about online gods. "I'm just an atheist anarchist who does what they tell me to do," she says, referring to what she calls the "contemporary holograms" of the gods. "It works is all."

I asked her when she first realized that MOOs "worked." She told me about the time her friend Bakunin showed her how to crawl inside a dishwasher, sit through the wash-and-rinse cycle, and come out all clean. She realized that in these virtual object-oriented spaces, things actually change their properties. "It's like alchemy," she said.

"The other experience was the first time I desired somebody, really desired them, without scent or body or touch or any of the usual clues, and they didn't even know what gender I was for sure. The usual markers become meaningless."

Like many MOOers, legba enjoys swapping genders and bodies and exploring net.sex. "Gender-fucking and morphing can be intensely magical. It's a very, very easy way of shapechanging. One of the characteristics of shamans in many cultures is that they're between genders, or doubly gendered. But more than that, morphing and net.sex can have an intensely and unsettling effect on the psyche, one that enables the ecstatic state from which Pagan magic is done."

I reach out and gingerly poke one of her sharp teeth. "The electricity of nerves," I say. "The power of language."

She grins and closes her teeth on my finger, knife-point sharp, pressing just a little, but not enough to break the skin.

"It's more than the power of language," legba responds. "It's embodiment, squishy and dizzying, all in hard and yielding words and the slippery spaces between them. It's like fucking in language."

"But," I say, "jabbering in this textual realm is a far cry from what a lot of Pagans do - slamming a drum and dancing nude around a bonfire with horns on their heads."

She grins, well aware of the paradox. As she explains, our culture already tries to rise above what Paganism finds most important (nature, earth, bodies, mother), and at first the disembodied freedom of cyberspace seems to lob us even further into artificial orbit.

"But the MOO isn't really like a parallel universe or an alternate space," legba says. "It's another aspect of the real world. The false dichotomy is to think that cyberspace and our RL bodies are really separate. That the 'astral' is somewhere else, refined and better."

I hear a call from the mother ship. "I must take my leave now."

Legba grins as well and hugs me goodbye.

I try to smile, but it's difficult because Gray aliens have such small mouths. So I bow, rub my vajra pendant, and wave. For the moment, my encounter with technopaganism is done. I've glimpsed no visions on my PowerBook, no demons on the MOO, and I have a tough time believing that the World Wide Web is the living mind of the Gaian Goddess. But even as I recall the phone lines, dial-up fees, and clacking keyboards that prop up my online experience, I can't erase the eerie sense that even now some ancient page of prophecy, penned in a crabbed and shaky hand, is being fulfilled in silicon. And then I hit @quit, and disappear into thin electronic air.

Cryptomancy through the Ages

Vernor Vinge is not the first to link spells with encrypted codes. The first books of modern cryptography were penned back in the 15th century by Johannes Trithemius, the Abbot of Würzberg. Though Trithemius was a monk, he was also a hard-core magician, and his Steganographia and Polygraphiae were simultaneously works of encryption and theurgy - the art of invoking gods and spirits. Trithemius's simple transpositional schemes were designed to control demonic entities who formed a kind of astral Internet, allowing the mage to communicate messages at a distance and to know everything that was going on in the world. Trithemius was no pagan witch - in fact, he encouraged the Church to burn them. Historians still can't decide whether Trithemius was disguising his magic as cryptography or vice versa, but the National Security Agency finds his works important enough to display them at its museum in Washington, DC.

The Renaissance magician John Dee was a secret agent for the British Crown (code named 007), and may have used his occult writings to pass on military information about the Spanish Armada during the late 16th century. Dee was also a mathematician, a geographer, an antiquarian, and the court astrologer for Queen Elizabeth.

With the largest library in England, Dee fulfilled a common hermetic pattern of information addiction and intellectual eclecticism, his interests ranging from Euclid to alchemy to mechanical birds. Using an elaborate system of theurgic magic, Dee also sought "the company and information of the Angels of God." As faithful messengers of light mediating God's omniscience, angels might be the original intelligent agents - immaterial, rational, without human emotion.

Dee's occult partner Edward Kelly would stare into the crystal surface of a "shew-stone" as Dee used his decidedly unnatural language of Enochian Calls to download data from the creatures Kelly glimpsed there. Lacking good cryptography, Dee spent much of his time interrogating the creatures to make sure they were who they claimed and not evil demons in disguise.

The Goddess in Every Woman's Machine

by Paulina Borsook

Technopaganism is the grand exception to the 85-percent-male,15-percent-female demographics of the online world.

It is one virtual community where rough parity - both in number and in power - exists between the sexes.

For starters, in the goddess-based versions of technopaganism, every incarnation of the divine can be symbolized by female personae: here there are brainiacs and artists and powermongers, in addition to the more traditional archetypes of sexpot and baby-maker and provider of harvests. Unlike the great world religions - Islam, Christianity, Judaism, and Buddhism - in goddess-based spiritual practice, women can express their latent sense of potency without feeling they have to be crypto-male.

It's the fundamentals of technopaganism that have created this woman-friendly technoland. Laura Cooksey, who has a degree in computer science from the University of Kentucky and works as a programmer for the US Department of the Navy in Arlington, Virginia, says that paganism appealed to her because it "has always placed more emphasis on the female aspects of deity. There are female archetypes and role models you can relate to."

It's not that guys aren't welcome - both as fellow devotees, and, at the spiritual level, in male representations of deity. But within technopaganism there is a level playing field for women that is unimaginable on other spiritual paths where the Most-Holy-and-Potent are male. Happily enough, in paganism, says Alison Harlow, a database designer from Santa Cruz, "sexuality is sacred."

Harlow first discovered computers in 1958, when she was starved for English-language books after eloping to Latin America. She stumbled across that classic of cybernetics, Norbert Weiner's The Human Use of Human Beings. She went on to receive a master's in mathematics from Columbia University, then launched her career with IBM in 1962. She now makes her living designing health risk-assessment databases, has helped found a Neo-Pagan community in the Santa Cruz mountains, and was prominently featured in Margot Adler's seminal book on Paganism.

Susan Shaw, who does PC tech-support for Xerox Corporation in Rochester, New York, says that in the technopagan rivulets on the Net, "women almost seem to be top dog"; what's more, she adds, the level of civility is higher. This may be both a cause and effect of female-principle-honoring technopaganism. This is a practice which endorses the politeness that has been encouraged in women; men are drawn to this female world view in part because they cherish politesse. And if there are flames, as one Bay Area technopagan says, "there are equal-opportunity flame wars."

In fact, Shaw says, "men in technopaganism have to be comfortable with women in leadership roles and with serious and focused intellectual contact with women. If they're just cruising, they drop out fast."

Pagan Emma Bull, whose 1991 novel Bone Dance was nominated for both Nebula and Hugo awards says, "On the Net, you are androgynous unless you claim otherwise. Any sexuality is what you yourself have placed there - there's no gender in information-processing, and information doesn't have sex." Bull does point out, though, that the more ceremonial-magic Pagan groups tend to be more male-dominated, more hierarchical, and more "into who has juju and who doesn't."

However gender roles stack up, the bottom line for women is that technopaganism is empowering. So argues Kit Howard, who designs databases for a Midwestern pharmaceutical company; she is co-founder of the TechnoDruids Guild, an electronic support and advocacy group for the Druid community, and Chief Information Officer of ÁrnDraíocht Féin, one of the largest Druid organizations in the Pagan community. "You don't have to be stupidly feminist, and you don't need to displace men," she says. "Technopaganism creates a self-selection, where women are more activist, and men are more sympathetic."

In order to make it in the male-dominated world of technology, women often have to be the biggest logical-positivists on the block, outdoing any of the guys in syllogistic thinking and no-nonsense tough-mindedness. Technopaganism allows them to reclaim their femmie sides.

What's more, Harlow suggests, if a woman is "very left-brain, she may have to work harder" to reconnect with spiritual and intuitive sides. And if you're a woman who functions well in traditionally male societies, it can be tremendously comforting to find a path where you can explore female aspects of the universe, both physical and metaphysical, without that being considered wimpy or ineffectual.

With technopaganism, a woman technologist gets to be the girl and gets to be powerful, all at the same time.

San Francisco writer Paulina Borsook loris@well.sf.ca.us last appeared in Wired with "beverly.hills_com." She made heavy use of three different tarot decks in college.

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Qui sont les chamanes en plastique, ces gourous new age ?https://www.ladn.eu/nouveaux-usages/chamanes-en-plastique-les-nouveaux-gourous-du-nouveau-new-age/

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Chamanes en plastique : les gourous 2.0 du nouveau New Age

Par Laure Coromines - Le 2 novembre 2022

Dérives sectaires, produits et services bidon, appropriation culturelle : bienvenue dans le monde des chamanes en plastique, ces gourous qui veulent absolument harmoniser vos énergies à coups d’eau de lune et de pierre de quartz.

Dans La France sous nos yeux, Jerôme Fourquet et Jean-Laurent Cassely avançaient que l'engouement pour le chamanisme et l’ésotérisme provenait principalement de l'effondrement progressif de la culture catholique. Cet effondrement laissait derrière lui un vide spirituel qui ouvrait la porte à d'autres propositions susceptibles de combler notre soif de transcendance. Aujourd'hui, ces propositions dégoulinent de partout : les influenceurs astrologie donnent des conseils pour optimiser ses investissements Bitcoin, les stars hollywoodiennes développent des produits wellness hippies, les profs de yoga se reconvertissent en sorcières, l'alimentation devient magique, le nail art devient mystique, le féminin sacré, et les réseaux expliquent aux ados qu'ils sont sûrement des êtres semi supérieurs venus d'autres univers.

Dans un rapport rendu début novembre 2022, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) affirme que la France fait face à « un accroissement inédit des agissements à caractère sectaire. » La hausse « significative » des saisines porterait à 4 020 leur nombre en 2021, soit une augmentation de 33,6% par rapport à l'année précédente, et de presque 50% par rapport à 2015. Les jeunes de 18 à 24 ans seraient « particulièrement vulnérables face aux gourous 2.0 qui les entraînent dans des gouffres financiers », notamment grâce à la vente de cryptomonnaies et l'usage de vente multiniveau.

Alors, qui stimulent ainsi notre besoin immémorial et inépuisable de croire en un au-delà accessible et tangible ? Les chamanes en plastiques de ce nouveau New Age. Présentation.

Qui sont les chamanes en plastique ?

Depuis le début de la pandémie, Cassandra De Berranger, 38 ans, professeur de hatha yoga dans le sud-ouest de la France, a « tout vu passer » : ceux qui sont tombés dans le conspirationnisme et ceux qui sont partis vers des pratiques plus alternatives. « Certains sont revenus à la raison, mais je vois de plus en plus de mes élèves qui virent dans des systèmes de croyance où tout se confond et se mélange... Plus l'offre est ahurissante, plus elle attire. Les gens sont en quête d'autre chose, ils s'intéressent à la spiritualité, font des recherches sur Facebook ou se rendent au Salon du Bien-Être à Toulouse. Et les pseudo-chamanes sont là, prêts à les alpaguer... »

Le terme « chamane en plastique » a été forgé dans les années 60 aux États-Unis par des militants amérindiens. À l'origine, il désignait les personnes (généralement occidentales et blanches) se faisant passer pour des guérisseurs traditionnels amérindiens ou se présentant comme des représentants officiels de la culture indigène à laquelle ils empruntaient. Aujourd'hui, le terme qualifie aussi bien les conseillers spirituels autoproclamés, que les voyants, médiums et autres pratiquants opérant sur une base frauduleuse tout en se revendiquant de la spiritualité et en cherchant à monétiser leurs services. « En bref, les chamanes en plastique s’approprient principalement l’image, le folklore autour du chamanisme, ce qui ne les empêche pas de se définir à demi-mot comme des figures divines, en contact direct avec les esprits de la Nature, véritables messagers entre les Hommes et les esprits. Selon les époques et les modes du moment, le chamane en plastique peut s’inventer des pouvoirs : il peut être à la fois guérisseur, voyant, capable de guérir les âmes... », souligne Cassandra De Berranger.

Comment les reconnaître ? Dans leur version la plus débridée, ils portent des plumes dans les cheveux façon coiffes amérindiennes, arborent des peintures vaguement ésotériques sur leur visage, aiment à raconter comment leur voyage dans le Punjab ou au cœur de l'Amazonie a transformé leur vie, et se filment en train de jouer du tam-tam dans la forêt de Compiègne. Dans leur version la plus passe-partout, les chamanes en plastique portent des tons crème et des man-buns. Ils relisent inlassablement les Accords toltèques : les 4 règles pour mieux se connaître de Miguel Ruiz et tirent les cartes à leurs amis entre deux IPA au Ground Control. Quand ils ne sont pas trop occupés à expliquer comment retrouver sa flamme jumelle ou pourquoi pierre d'opale et Ayahuasca vont vous changer la vie. En jeu derrière la mise en scène de ce mode de vie basé sur la clairvoyance et la sagesse : l’instauration d'une figure tutélaire rassurante. Et surtout, beaucoup d'argent.

Eau de lune, cristaux : la proposition des chamanes qui vous veulent du bien

L'offre de produits vendus par les néochamanes est pléthorique. Le carton de l'année, ce sont bien sûr les cristaux, ou pierres semi-précieuses, comme le jade ou le quartz. Toutes sont valorisées pour leurs propriétés spécifiques : apporter la sérénité, faciliter la prise de décision etc... En plus d'orner les tables de nuit, les pierres semi-précieuses prisées par les ados apprenties sorcières alimentent un business juteux. D'après le chercheur Eike Wenzel cité dans Süddeutsche Zeitung (article datant de 2017), le marché de l'ésotérisme générerait jusqu’à 20 milliards d’euros en Allemagne chaque année. Sur TikTok, les cristaux font aussi un carton : le #crystaltok dépasse les 5,2 milliards de vues et la #lithothérapie les 70 millions.

Parmi les articles proposés par les chamanes, d'autres objets fétiches : flûtes de pan artisanales, gongs, eau de lune, talismans et autres guides pratiques en tous genres. Mais attention, les chamanes en plastique ne vendent pas que des produits. Le gros du chiffre d’affaires se joue du côté des services et des prestations plus ou moins floues. Et parfois même de certains lieux.

Pour mieux vibrer, rendez-vous au Mont-Saint-Michel

C'est désormais autour du Mont-Saint-Michel en Normandie que pullulent les apprentis chamanes, prêts à exploiter le « taux vibratoire » de la célèbre abbaye. Par taux vibratoire, comprendre « indice de performance qui varie en fonction de l’instant de calcul et des oscillations énergétiques de l’élément mesuré » qui se nourrit aussi de « la pensée émotionnelle, la force physique, les potentialités, les faiblesses des endroits physiques. » Ce taux se mesure grâce à un pendule de radiesthésie ou au biomètre de Bovis utilisé en radiesthésie. Le procédé de détection repose sur l'idée selon laquelle les êtres vivants seraient sensibles à certaines radiations émises par différents corps. En résumé, les lieux à haute énergie vibratoire permettent de se ressourcer et d'accéder « à son inconscient pour retrouver l’amour et l’essence de l’être. » Si le principe est généralement considéré comme relevant de la pseudoscience, les prestations autour des soins énergétiques explosent depuis la pandémie.

Loris Vitry, coach en développement personnel, et Cathy Maillot, ostéopathe, expliquent en ligne avoir « tous deux développé un magnétisme (taux vibratoire) très élevé. » Pour mieux cerner leur projet, il est possible de se procurer l'ouvrage, « Communiquer avec le monde invisible », où il est rappelé que « tous les thérapeutes énergétiques, magnétiseurs guérisseurs, voyants médiums, maîtrisent l'art de la radiesthésie et donc les secrets du pendule. » Parmi les services proposés, le calcul de son « Chemin de vie » (le nombre qui révèle à chacun le chemin à prendre pour « réussir sa mission de vie », selon une méthode venue tout droit des Aztèques et des Mayas), le décryptage de son « Heure Miroir » (pour mieux comprendre les messages qu'essaient de vous transmettre vos anges gardiens, ou encore le nettoyage énergétique (pour apprendre à se purifier, soi et sa maison). Au-delà de la traditionnelle formation reiki et voyance, le duo propose encore une prestation plus étonnante, « Entreprise Sacrée », pour améliorer la performance des salariés en optimisant le profil énergétique et spirituel de chaque membre de son équipe.

Le taux vibratoire de Loris et Cathy n'est pas seulement mis au service de patients, mais aussi de particuliers enclins à devenir à leur tour néochamanes. Sur leur site, quelques conseils pour choisir son formateur magnétiseur : « Si vous maîtrisez déjà l'utilisation d'un pendule divinatoire, je vous conseille aussi de mesurer le taux vibratoire de votre formateur en magnétisme. Si son taux vibratoire est inférieur à 300 000 unités Bovis, vous pouvez passer votre chemin et chercher un autre formateur. » Vous voilà prévenus.

Formation pour devenir chamane : le MLM des néogourous ?

Quand les clients se font rares, miser sur la formation d'autres chamanes s'avère plus profitable, et Loris et Cathy ne sont pas les seuls sur le coup. Ou comment les chamanes cherchent à recruter de nouveaux chamanes, façon MLM. Avec les formations promettant l'accession au statut nébuleux de chamane, les tarifs peuvent vite grimper : compter parfois 5 500 euros pour une formation de 192 heures en présentiel (repas et hébergement non compris dans la formation) sur certains groupes Facebook. L'Institut Pierre Thirault propose de son côté 4 jours d'initiation pour 680 euros. Au programme : décoration d'intérieur, Feng Shui et géobiologie.

Le fil conducteur de ces diverses offres : un fourre-tout de disciplines mélangeant pêle-mêle Reiki (méthode de soins énergétique d'origine japonaise), peinture d'âme ( « Il s'agit d'un soin connecté et illustré, qui vous représente. Un portrait d'âme est comme un compagnon de vie. Intime et fidèle. De sa forme et ses couleurs, émanent une vibration, une énergie propre au chemin de votre âme. La main est savante, elle sait au-delà des mots, traduire et retranscrire ce qui émerge et qu'elle connaît déjà. » ), crudivorisme (pratique consistant à se nourrir exclusivement d'aliments crus) ou encore anthroposophie (courant mélangeant christianisme et religions indiennes). L'objectif de ce fatras de disciplines : permettre de satisfaire toutes les envies grâce à une offre unique.

Mais pas toujours besoin d'avoir à débourser pour sa formation. Sur le groupe Facebook L'Univers de l'occulte & des croyances païennes (Wicca, Sorcellerie, etc.), les quelques 22 000 membres, parfois enveloppés de peaux de bête ou de couvertures péruviennes, partagent astuces et PDF expliquant comment s'improviser chamane, le tout accompagné de photos de saluts au soleil et de haïkus invoquant le pouvoir de la Terre nourricière. Sur Instagram, coachs et profs de yoga agrémentent volontiers leur bio des termes chamanes ou « passeuse d'âme » (énième concept encapsulant communion avec le monde invisible et capacité à donner de l'amour) sans s'embarrasser de certifications, d'explications ou même de définition... C'est le cas de Fleur*, 36 ans. Après des études en école de commerce et des années dans le conseil, elle « lâche tout » pour partir se ressourcer deux mois à Bali. À Ubud, elle enchaîne les stages de yoga et de méditation avant de se découvrir des pouvoirs chamaniques. « L’identité chamanique a toujours fait partie de moi, mais j'ai mis des années à m'en rendre compte car j'étais comme engourdie. Aujourd'hui, je suis en phase avec mes énergies, et je veux partager ça avec les autres. Je veux leur offrir l'opportunité de faire le même voyage que moi. »

Culte au filtre pastel et dérives sectaires

« Sans forcément le vouloir ou s'en rendre compte, certains de ces chamanes vont propager leur propagande QAnon passée au filtre paillettes, note Cassandra De Berranger. Certains de mes élèves ont même lâché leur chimio, sur les conseils de leur chamane, pour se soigner à l'huile de ricin et à l'eau de lune... Mon amie Sandrine* m'a récemment expliqué devoir demander l’autorisation de son énergéticienne — qui s'est peu à peu immiscée dans sa vie et qu'elle consulte dorénavant plusieurs fois par semaine — avant de participer à une fête que j'organise. Sa chamane lui a expliqué qu'elle avait une force vibratoire exceptionnelle, et que sans s'en rendre compte, Sandrine serait amenée à nettoyer les auras des autres convives, ce qui la drainerait de ses forces et la déséquilibrerait... Il y a deux ans, mon amie aimait bien les colliers en perles et les pierres d'améthyste, mais cela s'arrêtait là. Que s'est-il passé ? »

Avant la pandémie, l'énergéticienne de Sandrine donnait dans le New Age classique. Aujourd'hui, elle a ornementé ses services d'une couche chamanique et facture 60 euros la séance de soins à distance. « Il ne faut pas oublier que les coachs en bien-être (parfois peu scrupuleux) se sont également retrouvés confinés. Eux-aussi ont été amenés à se demander : que puis-je ajouter à mon CV ? Quelle plus-value exotique puis-je développer ? », observe Cassandra. Une situation de plus en plus banale qui inquiète la magistrate Hanène Romdhane, à la tête de la Miviludes : « Ces "praticiens" n’ont qu’un seul intérêt : tirer profit financièrement des personnes en les manipulant mentalement. »

Comme d'autres de ses amies professeures de yoga, Cassandra s'alerte des dérives qu'elle observe. « Je n'arrive toujours pas à savoir si ces chamanes 2.0 sont convaincus ou simplement motivés par le gain, sans doute un savant mélange, l'éventail est large... Dans tous les cas, la relation entre chamanes et adeptes est toxique : les deux ont besoin l'un de l'autre pour alimenter leurs croyances et tenter de combler un certain vide existentiel. J'observe aussi de nombreuses situations d'emprise : comme les soins prodigués par les chamanes sont souvent holistiques, ils ont vite fait d'infiltrer différentes sphères de votre vie. »

*Le prénom a été changé

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June 23, 2023 at 9:52:53 PM GMT+2

Débat : L’intelligence artificielle peut-elle accompagner les personnes en deuil ?https://theconversation.com/debat-lintelligence-artificielle-peut-elle-accompagner-les-personnes-en-deuil-205491

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Débat : L’intelligence artificielle peut-elle accompagner les personnes en deuil ?

Publié: 6 juin 2023, 21:51 CEST

Par l'intermédiaire d'un robot conversationnel, il est désormais possible d'échanger avec l'avatar d'une personne disparue.

Le débat sur ChatGPT et les IA génératives n’en finit pas de rebondir, à travers les nouvelles applications qu’il suscite à peine quelques mois après sa mise en ligne. Un récent documentaire d’Envoyé spécial sur France 2 (27 avril 2023) présentait justement une application qui utilise GPT-3 et permet à l’utilisateur de recréer un dialogue avec des personnes disparues. « Project December (Simulate the Dead) » est sans doute un cas extrême d’usage d’un agent conversationnel issu de GPT-3 mais nous dit beaucoup du manque de repères des sociétés dites occidentales pour faciliter le deuil de manière collective et encadrée dans le temps comme l’ont fait les civilisations qui nous précèdent.

Discuter avec nos chers disparus

« Project December » permet à quiconque, pour 10 dollars, d’ouvrir un compte et de discuter avec un programme d’intelligence artificielle (breveté) qui simule les propos d’une personne décédée pour un maximum de cent échanges et une durée d’une heure. Il faut pour cela renseigner un long questionnaire qui comporte deux grandes rubriques : identité de la personne (nom, surnom, dates, lieux, professions et même nom du chien si nécessaire), traits de personnalité (décrits de façon très binaire : ex : sûr/confiant/stable vs soucieux/nerveux/perturbé) auxquelles s’ajoute un extrait de texte produit par ces personnes décédées. Le reportage d’Envoyé spécial montre ainsi un homme qui vient de perdre sa mère et qui pose chaque jour des questions à son avatar synthétique, questions qu’il n’avait pas pu lui poser avant son décès.

Pour les besoins du reportage, le créateur de l’application organise aussi, en compagnie du journaliste, un dialogue avec l’agent conversationnel au-dessus de la tombe du philosophe, poète et naturaliste américain Henry David Thoreau en utilisant une de ses citations les plus célèbres : « le gouvernement le meilleur est celui qui gouverne le moins », conforme à son idéologie libertarienne prônant toujours « moins d’état » – une idéologie qui est aussi celle de la Silicon Valley.

Questionné artificiellement via l’application sur les usages toxiques éventuels de l’outil « Project December », l’avatar simulé de Thoreau répond que toute la responsabilité repose sur l’utilisateur, comme dans le cas d’un constructeur automobile qui ne peut pas être considéré comme responsable des comportements des mauvais conducteurs.

Un mépris des processus de deuil ?

Le solutionnisme technologique nommé ainsi par le chercheur Evgeny Morozov, dans son élan disruptif, semble balayer toute pensée un tant soit peu argumentée des conséquences psychiques ou culturelles d’un tel traitement de la relation avec les morts.

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Il méprise les enjeux anthropologiques des processus de deuil et toutes les connaissances sur ce processus développées à la fois par la psychologie et par l’étude des traditions.

Si la psychanalyse considère le deuil comme un processus psychique par lequel une personne parvient à se détacher de la personne disparue et à donner du sens à cette perte, les fêtes des morts dans les traditions anciennes contribuent à un processus similaire, redonner un sens à la vie.

Prenons l’exemple de la fête des Morts au Mexique : elle dure deux jours, et consiste à visiter la tombe où reposent les défunts de la famille, à faire un repas autour d’elle, en musique. Selon les cas, une veille est organisée durant toute la nuit. À cette occasion, les cimetières sont remplis de familles, d’une grande quantité de fleurs orange et de bougies. Tout cela crée une ambiance particulièrement vivante. Les familles installent aussi provisoirement un autel à la maison avec les portraits des défunts, des fleurs, de la nourriture, des bougies, etc.

Trois dimensions sociales et psychiques ressortent de ces rituels :

  1. la fête des morts – le deuil – est une invitation collective,
  2. le contact recherché avec les défunts n’a rien de spiritiste, on ne pose pas de questions précises
  3. la fête des morts a une durée bien délimitée.

Ces trois aspects font comprendre le soin apporté à la santé mentale individuelle et collective des sociétés. Le souvenir des morts se réalise dans un cadre de rencontres sociales et de protocoles qui aident à l’ancrage dans la vie.

Un deuil sans intermédiaire

Dans nos sociétés occidentales, le christianisme et les thérapies ont pris en charge ce processus de deuil sous des formes déjà affaiblies. Les rituels chrétiens ont tendance à s’épuiser – en 2018, 48 % des Français souhaitent une cérémonie religieuse lors de leur décès – bien que le prêtre continue à jouer un rôle d’intermédiaire-clé, même pour les non-croyants. Les thérapeutes, eux, effectuent ce travail contre rémunération, tandis que le personnel médical se retrouve en situation de gérer ces moments de deuil bien au-delà de ses fonctions.

Par contraste, l’application « Project December » ne semble pas endosser la moindre responsabilité lorsqu’elle place les personnes en situation de relation solitaire avec des conversations simulant les pensées de la personne décédée. S’il y a bien une forme de médiation – en l’occurrence, celle de l’intelligence artificielle –, celle-ci sort de tout cadre collectif, au risque d’amplifier l’espace des fantasmes.

Chacun est laissé à sa souffrance, à ses peurs, que l’agent conversationnel doit obturer ou encourager par des réponses, toujours très banales. L’usager témoignant dans le reportage d’Envoyé spécial raconte sa vie ordinaire ou exprime ses sentiments à sa mère. Il lui parle comme si elle n’était pas décédée, ce qui fait craindre à ses enfants qu’il reste enfermé dans cette « relation ».

Or, dans ces rites de passage, les mots doivent être choisis prudemment pour aider à retrouver une place, la sienne et celle de la personne décédée. C’est pour cette raison que des intermédiaires sont mobilisés dans toutes les traditions. Même si l’usager n’est pas dupe et que l’application l’encourage à s’exprimer, elle tend à éliminer les médiateurs humains, sans filet de sécurité : une façon risquée d’« ubériser » les prêtres, les chamanes et les thérapeutes…

Les nécessaires temps de silence

Dans les rites ou la thérapie du deuil, des temps de silence s’imposent. Les rituels établissent une période précise consacrée au deuil ou à la commémoration des décédés, ce qui libère la vie quotidienne de cette relation. L’IA à base de GPT-3 ne laisse jamais l’utilisateur en silence, c’est un bavard impénitent, une machine à réponses. Elle n’est pas capable d’accompagner dans une écoute profonde, mais tourne, même en boucle, pour pallier à l’absence, le vide insupportable qui est au fond le plus grand drame du deuil.

L’enfermement solitaire dans un dialogue simulé, fondé sur quelques indices réalistes en utilisant de modèles statistiques probabilistes de la langue, a quelque chose d’obscène : il amplifie encore nos tendances commercialement encouragées à vivre dans un monde du « fake », fondé sur des trames narratives articulées aux codes publicitaires.

Une fois de plus, ce sont les artefacts (les interfaces et les algorithmes) qui sont supposés combler un manque criant d’intersubjectivité, de lien social, de dynamique d’échanges authentiques. Ces objets de substitution deviennent cependant critiques dans les cas de deuils et ne devraient pas être manipulés sans précaution. Les agents conversationnels de type GPT prospèrent cependant sur l’incapacité de nos sociétés dites rationnelles à fournir des repères sur une question si fondamentale pour l’âme humaine comme le soulignait l’anthropologue Benedict Anderson.

Des applications comme Project December reflètent un laisser-faire anti-institutions que l’on rencontre dans toutes les firmes de la Silicon Valley à travers leur slogan « Rough Consensus and Running Code », expression de John Perry Barlow dans son « manifeste pour l’indépendance du cyberspace » de 1996.

Selon cette doctrine, les décisions de développement des applications, des normes, des services relèvent d’un consensus vague entre les parties prenantes et la production du code ne doit jamais s’arrêter, facilitant les innovations disruptives qui n’anticipent pas leurs conséquences sociales et culturelles.

Ce désencastrement de l’IA vis-à-vis des principes sociaux et organisationnels et sa prétention à tout refonder sur la base de la puissance de ses calculs probabilistes qui optimisent tout, se retrouvent ici dans ce jeu avec l’esprit des morts. On jongle avec les relations avec les morts comme on jongle avec les mots.

Comment réguler ce « running code » irresponsable dès lors qu’il est si aisé à reproduire et que les frontières des états ne sont en rien suffisantes pour freiner son adoption immédiate dans tous les pays, sans respect pour aucune législation existante ?

Seuls les grands ensembles institutionnels qui sont aussi des grands marchés comme l’Europe ont la puissance nécessaire pour obliger toutes ces IA et leurs applications à demander une « autorisation préalable de mise sur le marché », comme cela se fait pour la plupart des produits de l’industrie, de l’alimentation aux médicaments, en passant par l’automobile. L’IA Act en cours de validation en Europe tout comme l’administration Biden doivent prendre la mesure de ces enjeux anthropologiques dans leurs tentatives de régulation, puisque même nos relations avec les morts peuvent en être affectées, alors qu’elles sont constitutives de notre sensibilité humaine.

Auteurs :

Dominique Boullier : Professeur des universités émérite en sociologie. Chercheur au Centre d'Etudes Européennes et de Politique Comparée, Sciences Po

Rebeca Alfonso Romero : Doctorante en géographie culturelle, Sorbonne Université

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June 23, 2023 at 8:18:52 PM GMT+2

The Post-Human Desert by Slavoj Žižek - Project Syndicatehttps://www.project-syndicate.org/commentary/ai-post-human-future-by-slavoj-zizek-2023-04

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The Post-Human Desert

Apr 7, 2023 - Slavoj Žižek

Unlike past technological innovations, artificial intelligence is not about humanity’s mastery over nature, but rather about relinquishing control altogether. Whether we realize it or not, the old anthropocentric arrogance that technology enables may soon give way to human irrelevance and meaninglessness.

LJUBLJANA – The Future of Life Institute’s open letter demanding a six-month precautionary pause on artificial-intelligence development has already been signed by thousands of high-profile figures, including Elon Musk. The signatories worry that AI labs are “locked in an out-of-control race” to develop and deploy increasingly powerful systems that no one – including their creators – can understand, predict, or control.

What explains this outburst of panic among a certain cohort of elites? Control and regulation are obviously at the center of the story, but whose? During the proposed half-year pause when humanity can take stock of the risks, who will stand for humanity? Since AI labs in China, India, and Russia will continue their work (perhaps in secret), a global public debate on the issue is inconceivable.

Still, we should consider what is at stake, here. In his 2015 book, Homo Deus, the historian Yuval Harari predicted that the most likely outcome of AI would be a radical division – much stronger than the class divide – within human society. Soon enough, biotechnology and computer algorithms will join their powers in producing “bodies, brains, and minds,” resulting in a widening gap “between those who know how to engineer bodies and brains and those who do not.” In such a world, “those who ride the train of progress will acquire divine abilities of creation and destruction, while those left behind will face extinction.”

The panic reflected in the AI letter stems from the fear that even those who are on the “train of progress” will be unable to steer it. Our current digital feudal masters are scared. What they want, however, is not public debate, but rather an agreement among governments and tech corporations to keep power where it belongs.

A massive expansion of AI capabilities is a serious threat to those in power – including those who develop, own, and control AI. It points to nothing less than the end of capitalism as we know it, manifest in the prospect of a self-reproducing AI system that will need less and less input from human agents (algorithmic market trading is merely the first step in this direction). The choice left to us will be between a new form of communism and uncontrollable chaos.

The new chatbots will offer many lonely (or not so lonely) people endless evenings of friendly dialogue about movies, books, cooking, or politics. To reuse an old metaphor of mine, what people will get is the AI version of decaffeinated coffee or sugar-free soda: a friendly neighbor with no skeletons in its closet, an Other that will simply accommodate itself to your own needs. There is a structure of fetishist disavowal here: “I know very well that I am not talking to a real person, but it feels as though I am – and without any of the accompanying risks!”

In any case, a close examination of the AI letter shows it to be yet another attempt at prohibiting the impossible. This is an old paradox: it is impossible for us, as humans, to participate in a post-human future, so we must prohibit its development. To orient ourselves around these technologies, we should ask Lenin’s old question: Freedom for whom to do what? In what sense were we free before? Were we not already controlled much more than we realized? Instead of complaining about the threat to our freedom and dignity in the future, perhaps we should first consider what freedom means now. Until we do this, we will act like hysterics who, according to the French psychoanalyst Jacques Lacan, are desperate for a master, but only one that we can dominate.

The futurist Ray Kurzweil predicts that, owing to the exponential nature of technological progress, we will soon be dealing with “spiritual” machines that will not only display all the signs of self-awareness but also far surpass human intelligence. But one should not confuse this “post-human” stance for the paradigmatically modern preoccupation with achieving total technological domination over nature. What we are witnessing, instead, is a dialectical reversal of this process.

Today’s “post-human” sciences are no longer about domination. Their credo is surprise: what kind of contingent, unplanned emergent properties might “black-box” AI models acquire for themselves? No one knows, and therein lies the thrill – or, indeed, the banality – of the entire enterprise.

Hence, earlier this century, the French philosopher-engineer Jean-Pierre Dupuy discerned in the new robotics, genetics, nanotechnology, artificial life, and AI a strange inversion of the traditional anthropocentric arrogance that technology enables:

“How are we to explain that science became such a ‘risky’ activity that, according to some top scientists, it poses today the principal threat to the survival of humanity? Some philosophers reply to this question by saying that Descartes’s dream – ‘to become master and possessor of nature’ – has turned wrong, and that we should urgently return to the ‘mastery of mastery.’ They have understood nothing. They don’t see that the technology profiling itself at our horizon through ‘convergence’ of all disciplines aims precisely at nonmastery. The engineer of tomorrow will not be a sorcerer’s apprentice because of his negligence or ignorance, but by choice.”

Humanity is creating its own god or devil. While the outcome cannot be predicted, one thing is certain. If something resembling “post-humanity” emerges as a collective fact, our worldview will lose all three of its defining, overlapping subjects: humanity, nature, and divinity. Our identity as humans can exist only against the background of impenetrable nature, but if life becomes something that can be fully manipulated by technology, it will lose its “natural” character. A fully controlled existence is one bereft of meaning, not to mention serendipity and wonder.

The same, of course, holds for any sense of the divine. The human experience of “god” has meaning only from the standpoint of human finitude and mortality. Once we become homo deus and create properties that seem “supernatural” from our old human standpoint, “gods” as we knew them will disappear. The question is what, if anything, will be left. Will we worship the AIs that we created?

There is every reason to worry that tech-gnostic visions of a post-human world are ideological fantasies obfuscating the abyss that awaits us. Needless to say, it would take more than a six-month pause to ensure that humans do not become irrelevant, and their lives meaningless, in the not-too-distant future.

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June 22, 2023 at 10:35:07 PM GMT+2

Usbek & Rica - Michel Lussault : « Avec l'économie numérique, le standard devient l'individu isolé »https://usbeketrica.com/fr/article/michel-lussault-avec-l-economie-numerique-le-standard-devient-l-individu-isole

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Michel Lussault : « Avec l’économie numérique, le standard devient l’individu isolé »

Qu’elles s’appellent Getir, Flink, Deliveroo ou Uber Eats, de plus en plus de plateformes numériques font la course pour nous livrer où que nous soyons, en quelques minutes seulement. Nous avons demandé au géographe Michel Lussault, auteur notamment du livre Chroniques de géo’ virale (éditions 205, 2020), ce que ce mode de consommation en pleine expansion dit de notre évolution en tant qu’individus et en tant que société.

Usbek & Rica : Avec la livraison à domicile, sommes-nous en train de vivre une nouvelle révolution de nos modes de consommation, après celle du commerce en ligne incarnée par Amazon ?

Michel Lussault : Il convient d’abord de rester prudent. La livraison à domicile a beaucoup profité du contexte pandémique, mais aujourd’hui elle risque au contraire de pâtir de l’augmentation des coûts du transport en raison de la guerre en Ukraine. Ensuite, il faut bien comprendre que ces plateformes numériques sont avant tout des monstres logistiques. Leur succès confirme, en fait, la montée en puissance depuis une quinzaine d’années de la logistique urbaine. Cette logistique, associée aux smartphones et aux applications mobiles, transforme l’individu en « hyperlieu » : un endroit d’où partent et arrivent tous les flux de marchandises, toutes les requêtes, toutes les données. Il est amusant, en fait, de se figurer l’individu comme une plateforme numérique et logistique polyvalente, ouverte 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24.

Pour qualifier cette nouvelle manière de consommer, le journaliste et entrepreneur Frédéric Filloux parle d’ « économie de la paresse ». D’autres observateurs évoquent plutôt des nouvelles générations allergiques à la contrainte. Qu’en pensez-vous ? Sommes-nous vraiment « délivrés » une fois « livrés » ?

Je n’irais pas jusqu’à dire que la livraison à domicile « délivre », mais il est incontestable qu’elle allège le consommateur du poids du déplacement en magasin et, se faisant, elle lui évite la pesanteur d’une sociabilité qu’il n’a pas choisi. En effet, les hypermarchés, que je qualifiais d’hyper-lieux, ont vu leurs conditions d’accessibilité se dégrader (embouteillages, coût croissant de la mobilité automobile) et leur promesse de sociabilité se muer en cauchemar de la surfréquentation, c’est-à-dire que faire ses courses n’expose plus seulement aux autres mais à un excès d’autres.

« De plus en plus, la médiation technologique nous allège de l’exposition au public, de la relation en public »

Les plateformes numériques proposent, finalement, une solution plus efficace que les hypermarchés physiques. À travers elles, nous avons accès à absolument tout ce que nous pouvons désirer, au meilleur prix et nous pouvons le recevoir en moins de quinze minutes dans le cas des dark stores comme Getir ou Flink. Les plateformes investissent de façon considérable pour satisfaire cette promesse renouvelée de rapidité et d’abondance avec une intensité qu’on n’avait jamais connue auparavant. Cette intensité répond à des motivations économiques, mais aussi à un projet social : le fantasme d’un individu rendu autosuffisant par sa connexion au réseau global.

Sommes-nous en train de basculer définitivement dans la « société du sans contact », pour citer le titre de l’essai du journaliste François Saltiel ?

Nous approchons plutôt de l’aboutissement ultime de la société des Individus décrite, il y a plus de quatre-vingts ans, par le sociologue Norbert Elias.

De plus en plus, la médiation technologique nous allège de l’exposition au public, de la relation en public. Chaque individu se trouve en capacité de choisir ses relations de sociabilité. Tinder montre bien qu’il est possible d’organiser sa vie sociale depuis une application mobile. Cela ne fait pas de nous des misanthropes, mais des individus obsédés par le contrôle de notre relation aux autres. Le métavers, cet espace social virtuel, immersif et persistant, que nous promettent les géants de la tech, illustre à merveille ce projet de société. Il trahit aussi une tentative désespérée de ces entreprises de repousser le moment où nous allons nous apercevoir que cette forme particulière du numérique, produite par les plateformes et les réseaux sociaux, ne se résume pas à une médiation marchande, mais qu’elle masque un modèle de société, de surcroît insoutenable.

Avancer masquer, est-ce la condition du succès de ce modèle d’économie numérique ?

Absolument. L’essor de cette économie numérique repose sur l’aveuglement des conditions de possibilité, c’est-à-dire qu’il est indispensable de maintenir le consommateur dans l’incapacité de voir ce qu’il est nécessaire de faire pour que le système fonctionne. C’est une économie à la fois très sophistiquée et extrêmement rudimentaire, une économie qui utilise des soutiers, des travailleurs en soute — j’utilise ce terme pour souligner le fait qu’on ne les voit pas. Dark food, dark stores, dark kitchens… Ces termes font référence au dark web, cet espace numérique masqué (et non secret) qui abrite une économie de l’entre deux, ni tout à fait informelle, ni tout à fait formalisée.

« Si nous avions réellement conscience de ce qu’implique la livraison à domicile actuelle pour être efficace et abordable, pourrions-nous rester utilisateur de ces services ? »

Si nous avions réellement conscience de ce qu’implique la livraison à domicile actuelle pour être efficace et abordable, pourrions-nous rester utilisateur de ces services ? Cela dit, cette économie de la pénombre offre aussi une porte d’entrée aux sans-droits, une possibilité pour de nouveaux acteurs de se faire une place dans le marché très contrôlé de la grande distribution qui, d’ailleurs, ne peut pas vraiment arguer d’un quelconque avantage éthique en matière de conditions sociales et d’écologie.

Quels problèmes pose cet aveuglement organisé ?

En premier lieu, masquer les conditions de réalisation de l’économie numérique rend impossible de véritables discussions sur l’éthique et la justice sociale, ainsi qu’un vrai débat digne de l’anthropocène sur les conditions d’habitation d’une Terre qui n’est pas extensible à l’infini.

Ensuite, l’économie numérique parachève, à notre insu ou en tous cas sans débat démocratique, une société où le standard devient l’individu isolé : il est souverain et maître de tout, mais isolé, y compris quand il vit avec d’autres. Cet isolement est d’ailleurs la condition qui permet justement de choisir ses relations sociales. Dans la vision de Mark Zuckerberg, l’individu est un container autogène qui crée une relation virtuelle à l’échelle infinie du monde numérique. C’est un projet de société très construit, un contre modèle de société urbaine, sans institution, sans médiation autre que technologique.

« Il est important de ne pas porter de jugement moral sur les pratiques numériques. On est en revanche en droit s’interroger sur l’impact politique, social et urbain d’un certain type de développement technologique »

Enfin, c’est un modèle qui se nourrit d’une peur des individus que j’appelle une « peur des attentats » – au sens du verbe attenter. Il est étonnant d’observer à quel point les individus sont toujours prompts à dénoncer les logiques attentatoires à leur identité, à dénoncer ce qui les met en question et porte atteinte à leur intégrité. Or, l’emprise croissante de cette peur favorise un glissement vers des sociétés identitaires.

Pourtant, les outils numériques permettent aussi de se mobiliser collectivement. Comment expliquer ce paradoxe ?

L’observation des mouvements sociaux n’est jamais univoque. Certes, les acteurs sociaux subissent les outils et le modèle de société qu’ils véhiculent, mais ils agissent aussi en les détournant et en les déroutant. Les outils numériques peuvent ainsi accroître la capacité d’ « agir politique » des sans droits. Aussi, il est important de ne pas porter de jugement moral sur les pratiques numériques. On est en revanche en droit s’interroger sur l’impact politique, social et urbain d’un certain type de développement technologique.

« En voulant devenir indépendants des autres, nous sommes devenus surdépendants du numérique »

De même, j’ai beaucoup de choses positives à dire sur l’individu souverain, car c’est un individu moins soumis à l’arbitraire. Toutefois, l’actuelle évolution du numérique vers l’économie des plateformes semble plutôt nous conduire vers une dépendance accrue à un appareil technologique et idéologique omniprésent, même s’il se masque. Résultat : en voulant devenir indépendants des autres, nous sommes devenus surdépendants du numérique et des approvisionnements, donc de cette alliance entre numérique et logistique.

Si on se projette un peu, le développement de l’économie numérique au détriment des surfaces commerciales physiques pourrait-il créer de nouvelles friches urbaines, notamment en périphérie des villes ?

Certaines enseignes commerciales anticipent déjà la désuétude de ces grands hangars de tôle, loin des centres-villes, face à l’irrésistible montée de l’économie numérique. Auchan, par exemple, a tenté d’installer un tiers-lieu sur le site d’un ancien IKEA près de Lyon. L’expérience a tourné court en raison de la survenue du coronavirus et parce que nous n’avons pas l’habitude d’imaginer un tiers-lieu dans un ancien centre commercial. Cependant, il existe déjà un exemple de tiers-lieu dans un ancien McDonld’s : l’Après M à Marseille, un fast-food solidaire créé et géré par des citoyens.

« Dans l’hypothèse où ils déclineraient, les espaces commerciaux périphériques représenteraient un enjeu majeur de mutation urbaine »

Globalement, peu d’attention est portée aux espaces commerciaux périphériques, ces fameuses entrées de villes à la française. Pourtant, dans l’hypothèse où ils déclineraient, ces territoires hors d’échelle représentent effectivement un enjeu majeur de mutation urbaine. Ils constituent aussi une opportunité inédite d’inventer et d’expérimenter un urbanisme anthropocène, c’est-à-dire un modèle urbain qui affronte la question de l’impact des activités humaines sur les systèmes biophysiques. L’urbanisme anthropocène se donne pour objectif la recomposition d’espaces neutres en carbone, mais aussi la restauration d’écosystèmes.

Vous travaillez justement sur un projet de mutation d’une ancienne zone commerciale en périphérie de Lyon. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce projet ?

La métropole de Lyon a, en effet, lancé une recherche action en ce sens avec des architectes, des ingénieurs, des économistes, des paysagistes, des universitaires, etc. Le projet se déroule sur le territoire de la Porte des Alpes, une vaste zone commerciale en périphérie de la ville. J’en préside le comité scientifique. Il s’agit de réfléchir à la mutation de cet espace, devenu le symbole d’un mode de vie révolu, pour en faire le lieu d’invention de la ville de l’époque prochaine. Mais comment transformer une zone commerciale sur le déclin en un lieu sobre en ressources et intense en vie sociale ? Comment sortir d’une sociabilité conditionnée pendant cinquante ans par l’acte de consommer ? Comment créer un lieu d’expérimentation pour tout le monde alors qu’il s’agit d’un espace peu connecté aux transports en commun et peu investi par la société civile ?

Je ne suis pas du tout sûr qu’on parvienne à un résultat, mais je trouve néanmoins intéressant qu’on essaie. Car, finalement, la question qui se pose à nous tous n’est pas tant de savoir si nous sommes capables de changer de modèle de développement urbain, mais de savoir si nous sommes volontaires pour le faire. Le cas échéant, nous saurons trouver les capacités.

Chrystele Bazin - 4 avril 2022

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