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Arthur Keller : « Notre civilisation convertit la nature en déchets »https://lareleveetlapeste.fr/arthur-keller-notre-civilisation-est-une-machine-qui-convertit-la-nature-en-dechets/

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Arthur Keller : « Notre civilisation est une machine qui convertit la nature en déchets »

"On nous persuade que le bonheur découlerait d’une somme de petits plaisirs et que le plaisir proviendrait de la consommation et de l’accumulation, alors qu’il n’est pas de vrai bonheur sans la fierté de se battre pour les valeurs qu’on sait bonnes et sans la sagesse de l’autolimitation."

Texte: Laurie Debove

Arthur Keller est un spécialiste des risques systémiques qui pèsent sur les sociétés humaines, des vulnérabilités de ces dernières face à ces risques, et des stratégies de transformation collective, dans une optique de résilience. Alors que l’humanité dépasse de plus en plus de limites planétaires, nous l’avons interrogé pour savoir comment transformer nos sociétés afin qu’elles deviennent plus justes et pérennes.

Pour Arthur Keller, notre planète est atteinte d’un cancer généralisé

Arthur Keller : « J’utilise souvent une analogie que j’ai développée pour illustrer l’erreur méthodologique fondamentale que nous commettons dans notre approche générale des enjeux liés au dépassement écologique planétaire : la métaphore du cancer généralisé. C’est un dérèglement systémique du corps, qui se traduit en de multiples symptômes : maux de tête, problèmes de peau et de digestion, par exemple. Pour chacun de ces symptômes, il existe des remèdes, ça peut être de l’ibuprofène, une pommade, un antispasmodique. Pourtant, la somme de ces « solutions » ne guérit pas la maladie.

Pour chaque crise, des experts préconisent des solutions, et l’on s’imagine que la somme de ces solutions pourrait nous sauver. Hélas le compartimentage en champs d’expertise masque la réalité de la maladie : notre civilisation est une machine qui convertit la nature en déchets.

Ces derniers sont solides, liquides ou gazeux ; parmi les gaz, certains détraquent le climat. Le changement climatique, à l’instar des autres crises, n’est qu’un symptôme de la maladie. Et notre obstination à nous attaquer aux conséquences sans remettre en question les causes explique selon moi notre échec constaté jusqu’ici.

LR&LP : Selon une étude publiée le 31 mai dans la revue Nature, sept des huit limites assurant la stabilité et la bonne santé du système planétaire ont déjà été dépassées. Quelles sont-elles ?

Arthur Keller : Cette étude est intéressante parce qu’elle porte sur le système dynamique complexe qui est constitué du système Terre (lithosphère, cryosphère, atmosphère, biosphère et pédosphère) et de l’anthroposphère (la sphère englobant l’humanité, ses sociétés et ses activités). Dans le cadre des limites planétaires, on n’était que sur le système Terre ; ici l’on incorpore les sciences humaines et sociales, comme dans le concept d’économie du donut de Kate Raworth.

En 2009, une équipe internationale de scientifiques a déterminé 9 seuils à ne pas dépasser pour préserver une planète Terre habitable pour l’humanité. Le seuil de stabilité de la machine climatique a été dépassé, nous sommes donc entrés dans une phase transitoire entre un état climatique stable et un autre, qui n’adviendra probablement pas avant plusieurs milliers ou dizaines de milliers d’années en raison notamment de la cinétique propre à la cryosphère. Jusqu’à nouvel ordre, nous allons donc devoir faire avec un climat fortement instable.

Par ailleurs, une nouvelle extinction de masse est enclenchée, due aux activités humaines, activités agricoles et forestières au premier plan. Les pollutions sont rejetées dans les milieux naturels si vite qu’elles s’accumulent et rendent les habitats naturels toxiques. Les cycles biogéochimiques, grands cycles du vivant, sont déréglés, notamment le phosphore et l’azote, ainsi que le cycle de l’eau.

Une autre limite est proche : celle qui concerne l’acidification des océans. Quant à la limite liée aux aérosols dans l’atmosphère, nous sommes encore en deçà du seuil fatidique. La dernière actuellement identifiée a trait au trou dans la couche d’ozone : c’est l’unique domaine dans lequel la situation progresse dans la bonne direction. Au final, l’humanité a d’ores et déjà franchi 6 des 9 limites qu’il ne faut pas franchir, selon les scientifiques, afin de garantir l’habitabilité de la Terre.

Dans l‘étude parue fin mai, il ne s’agit pas tout à fait des mêmes 9 limites mais d’un sous-ensemble. Ces 8 limites-là, définies comme « sûres et justes », intègrent à la fois des données scientifiques et des métriques sociales. Et ce que dit la publication, c’est que 7 de ces 8 limites ont déjà été dépassées.

Même sans alarmisme, la situation est alarmante.

LR&LP : Certains appellent à « Changer de civilisation », est-ce possible et la solution ?\

Arthur Keller : C’est indispensable ! Hélas ce n’est pas pour cela que c’est possible. Je ne crois malheureusement pas une seconde à notre capacité collective à organiser la métamorphose nécessaire. Le système s’auto-entretient, je suis convaincu qu’il le fera jusqu’à s’autodétruire, entraînant avec lui une grande partie de la biosphère.

On ne peut pas durablement prélever plus de ressources que ce que le système Terre peut produire, de même on ne peut continuer de détruire plus vite que la capacité d’autoréparation. C’est pour cela qu’on va vivre, dans les prochaines années et décennies, une grande descente énergétique et matérielle agrémentée de raréfactions et de pénuries conflictogènes.

Cette descente induira forcément une contraction économique, car la croissance de l’économie est fortement corrélée aux flux d’énergie et de matières premières. C’est inéluctable. Et échouer à planifier et piloter cette contraction sous forme de politiques de décroissance nous condamnera à la subir dans le chaos sous la forme d’un délitement socio-économique désastreux et potentiellement permanent. Bien avant 2050.

Il n’existe aucun moyen d’opérer un découplage absolu entre le Produit Intérieur Brut et la pression anthropique globale – ceux qui prétendent le contraire n’ont pas saisi la systémique des enjeux ou sont des lobbyistes au service d’une idéologie ou d’intérêts financiers. Dans tous les cas, leurs propos sont en déphasage avec les données et les connaissances scientifiques.

Il faudrait donc, en effet, changer en profondeur les règles de l’économie mondiale et nos modèles de sociétés, mais le système repose sur des ordres établis si solidement ancrés qu’il n’est pas possible, j’en ai peur, de le changer véritablement.

On peut en limiter la nocivité par la voie de la mobilisation politique et citoyenne, par la révolte et la Résistance (sous le radar ou frontales) : l’idéal serait que les diverses modalités de lutte et les différentes radicalités se comprennent comme des alliées mutuelles et se synergisent enfin.

En parallèle, il faut poser les fondations d’un système alternatif, même si l’on ne dispose pas de tous les moyens qu’il faudrait : à travers des expérimentations et des démonstrateurs territoriaux, il est temps de prouver et de faire savoir, via des récits inspirants, qu’il existe d’autres façons d’organiser les économies locales, de prendre les décisions collectivement, d’assurer aux gens un minimum vital, de développer des activités régénératives, de travailler sur le découplage entre qualité de vie et quantité énergétique et matérielle, de réaménager des espaces pour un vivre-ensemble salubre.

Il est possible de redonner du sens, de nourrir une culture du risque, de la responsabilité et de la solidarité, de créer de la cohésion, d’insuffler la conviction d’une appartenance à une même communauté de destin.

Le grand système extrêmement puissant va se casser la gueule, le technosolutionnisme atteint ses limites, les « solutions » sur lesquelles nous misons l’avenir et les grands projets que les privilégiés persistent à nourrir (conquête spatiale, IA, impérialisme, etc.) vont également buter sur la descente énergétique et matérielle. Il faut anticiper des bascules sociétales et s’y préparer collectivement, en coopération intra- et inter-territoriales, intra- et inter-communautaires, sans tomber dans le piège de l’entre-soi.

Un changement de civilisation à travers les territoires

LR&LP : Comment préparer un territoire ?

Arthur Keller : Cela fait appel à des principes, leviers, outils que j’enseigne à des élus et agents territoriaux, ou à des citoyens dans le cadre de formations et d’ateliers. Même si à ce jour il n’existe pas, à ma connaissance, de collectivité pleinement résiliente, il existe tout de même des initiatives vraiment intéressantes, des démarches volontaristes qui vont dans le bon sens.

Qu’il s’agisse de collectifs participant au mouvement des Villes en transition, de certains oasis Colibris, de dynamiques territoriales comme le projet TERA, de monnaies locales et de systèmes d’échanges locaux, de réserves communales de sécurité civile, il se passe des choses intéressantes et inspirantes, on ne part pas de zéro et c’est rassurant !

Une partie de ces projets territoriaux s’attaquent à un point clé : comment produire l’essentiel de façon pérenne, en tenant compte des évolutions écologiques (climat, cycle de l’eau, biodiversité, etc.) et de possibles ruptures d’approvisionnement critiques, en ne comptant que sur ce dont on peut disposer dans un rayon géographique maîtrisable.

En matière de production alimentaire, on a la chance inouïe d’avoir des approches qui cochent toutes les cases : l’agroécologie, l’agroforesterie et la permaculture réunies, avec des pratiques sur sol vivant, ont le potentiel de nourrir le monde entier de façon saine, variée, nutritive et savoureuse tout en régénérant les écosystèmes.

Des monnaies locales et des circuits courts locaux sont aussi créés, reliant les acteurs et habitants des territoires. Des expérimentations sociales aussi, portant par exemple sur un revenu minimum d’existence ou un revenu minimum universel, sur une dotation inconditionnelle d’autonomie ou une sécurité sociale alimentaire comme à Montpellier et Strasbourg, sont en cours. Ainsi que de multiples initiatives de démocratie délibérative et participative…

Les gens peuvent et doivent se réapproprier la gestion des Communs. Les collectivités ont la capacité de garantir l’accès à tous au minimum vital : à Montpellier, les premiers mètres cubes d’eau sont désormais gratuits. Il serait intéressant d’étendre ce principe à tout ce qui est nécessaire pour vivre dignement.

La question des récits est en vogue et pour une bonne raison, car il n’y aura pas de massification des changements de comportements sans l’émergence de nouveaux imaginaires. Plus encore que des œuvres de fiction, il est capital de transposer les transformations concrètes réussies en récits vivides et inspirants afin d’alimenter une dynamique culturelle.

LR&LP : Les mentalités sont-elles prêtes pour expérimenter et mettre en place tout ça ?

Arthur Keller : La promesse de plus de confort et moins de travail proposée de longue date par les promoteurs de l’innovation technique n’a pas été tenue. Aujourd’hui, ce même système nous explique qu’il faut travailler toujours plus pour se maintenir sur place. Le « progrès » s’est mué en un marathon qui enrôle de force, assaillit de dissonances cognitives et aboutit en général à un sentiment amer d’inassouvissement.

Ceux qui proposent la semaine de 4 jours sont traités de fous, comme le furent avant eux les défenseurs de la journée de 12 heures, puis de 10, puis de 8, puis les partisans du repos dominical, puis ceux des congés payés – deux, trois, quatre puis cinq semaines ! – puis ceux de la semaine de 35 heures.

Chaque progrès social se heurte aux chantres du productivisme forcené.

Les robots, les objets connectés et l’IA nous envahissent mais ne s’accompagnent pas d’une libération puisque rien n’est entrepris pour que les gens puissent vivre bien sans emploi ; au contraire, les postures idiotes prolifèrent qui assimilent le non-emploi à de la fainéantise et le fainéant à un sous-citoyen qui ne mériterait pas la fraternité de l’État-providence.

Les habitants des pays riches sont saturés de choix de consommation qui leur sont présentés comme un summum de liberté alors que cette surenchère aliène en créant de l’addiction – c’est-à-dire une dépendance, l’exact opposé d’une liberté –, une insatiabilité croissante et de la frustration : plus t’en as, plus t’en veux… jusqu’à la perte de sens totale.

Cette course folle ne rend pas seulement fou mais aussi malheureux. Au-delà d’un certain niveau de vie, il y a un point de rebroussement du bonheur ressenti.

On nous persuade que le bonheur découlerait d’une somme de petits plaisirs et que le plaisir proviendrait de la consommation et de l’accumulation, alors qu’il n’est pas de vrai bonheur sans la fierté de se battre pour les valeurs qu’on sait bonnes et sans la sagesse de l’autolimitation.

Il me semble d’ailleurs primordial de réapprendre la notion de liberté : une somme d’individualismes sans limites ne débouche jamais sur une société libre mais sur une dystopie dans laquelle quelques riches peuvent tout et la majorité presque rien.

La liberté de chacun découle d’une géométrie démocratiquement négociée des droits et des devoirs : quand des limites énergétiques et matérielles, biophysiques et écologiques, s’imposent aux sociétés humaines, ne pas les retranscrire rationnellement en libertés et en interdits et ne pas les décliner en codes sociaux et culturels ne peut qu’entraîner la dislocation des sociétés.

Ceux qui refusent de nouvelles limitations par principe, sans s’intéresser aux bouleversements à l’œuvre dont découle l’impératif desdites limitations, n’œuvrent pas au nom de la liberté ainsi qu’ils le prétendent mais dans l’espoir égoïste de maintenir leurs privilèges. Le monde change vite ; si nous voulons préserver ce qui compte, il nous faut vite changer aussi. » conclut Arthur Keller

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Les voyageurs statiques des hôtels-clubshttps://theconversation.com/les-voyageurs-statiques-des-hotels-clubs-211146

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Les voyageurs statiques des hôtels-clubs

Publié: 13 août 2023, 15:31 CEST

Des centaines de milliers d’Européens partent régulièrement en vacances en hôtels-clubs. Le célèbre club Méditerranée a inventé dans les années 1950 un nouveau type de vacances, en même temps qu’il a produit indirectement une espèce nouvelle de touristes : les « anti-voyageurs », ou voyageurs statiques. En tout cas, les « hôtels-clubs » façon « Club Med » (beaucoup d’autres acteurs se partagent ce marché gigantesque désormais) connaissent un succès qui ne se dément pas.

L’idée originelle était de démocratiser les vacances, d’offrir la possibilité au plus grand nombre « de partir au soleil » à coût réduit et « à la bonne franquette ». Il y avait dans le principe des premiers « clubs » l’idée de proposer des vacances accessibles à tous. Les fondateurs des « clubs de vacances », les années suivant la Seconde Guerre mondiale, sont issus d’une nouvelle bourgeoisie urbaine et sportive, attachée à l’hédonisme et à la quête de bien-être qu’ils ont connu dans les auberges de jeunesse.

L’historien Marc Boyer, dans son ouvrage Le tourisme (1972) indique : « le [village de vacances est] un centre autonome constitué par des installations de type pavillonnaire en matériaux légers, destiné à assurer des séjours de vacances de plein air selon un prix forfaitaire comportant l’usage d’installations sportives et de distractions collectives ».

Dans la lignée des études des imaginaires du tourisme chers à Rachid Amirou et de « l’anthropologie des mondes contemporains » de Marc Augé, je propose ici des clefs de compréhension du succès de ces villages repliés sur eux-mêmes pour vacanciers sédentaires.

Un exotisme de pacotille

Parmi les un peu plus de 50 % de Français partant en vacances, ils sont cet été encore très nombreux à opter pour ces « villages vacances » pour touristes sédentaires. Et on connaît les transhumances massives des vacanciers de l’Europe du Nord vers la Grèce ou l’Espagne, dont certaines côtes sont monopolisées par ces hôtels-clubs rassemblant simultanément des centaines voire des milliers de personnes.

Ce mode de congés communautaires n’a ni l’estampille plutôt populaire des campings, ni la distance feutrée des petits hôtels, ou le charme feutré et la convivialité des chambres d’hôtes et autres bed and breakfast. Enfin, on n’est pas, comme dans des airbnb, autonome chez l’habitant, avec la charge de la restauration et du ménage. En hôtels-clubs, ce sont des vacances d’un autre genre, exotiques, humides et ensoleillées. Quitte à ne pas être trop exigeant sur cet exotisme, sublimé par le papier glacé des catalogues ou dans les vidéos postées en ligne vantant un bonheur radieux, entre piscine turquoise et soleil éclatant, paillotes exotiques et bar convivial.

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Ces villages de vacances, aux mains de quelques grands groupes, s’étendent à perte de vue dans certaines zones et ils quadrillent les côtes méditerranéennes et caribéennes, contribuant à bétonner massivement les littoraux, de l’Espagne au Maroc, de la Grèce à la Turquie, de la Tunisie à la République dominicaine, ainsi que de certains pays africains. Les vacances statiques qu’ils proposent, rassemblant ce que l’on pourrait appeler des « anti-voyageurs », connaissent en règle générale pour principale aventure les turbulences des vols charters aux horaires aléatoires. Mais dès qu’on est arrivé, on ne sortira presque plus de sa petite bulle de chlore et de soleil. Tout est fait pour favoriser le double principe mental de la régression, et de la « suspension » des règles de vie ordinaires.

Une bulle régressive

Des vacances en « hôtels-clubs », il y en a bien sûr pour tous les budgets, des cases intimistes sur les plages immaculées des Bahamas ou de l’île Maurice aux villages verticaux pour touristes d’Europe du Nord de la Costa Blanca, souvenirs d’années 1970 où l’on « bétonnait » sans grand souci environnemental. Et ces disparités fondées sur les stratifications socioéconomiques et socioculturelles doivent nécessairement être présentes à l’esprit. L’analyse se centre ici sur les clubs « milieu de gamme ».

Ces clubs sont fermés (on en sort peu, mais on peut en sortir, en revanche les « extérieurs » n’y ont pas accès) et gardés, les repas se prennent en commun par la force des choses (sur le principe du buffet à volonté), et ils sont placés sous l’autorité souriante et la convivialité ostentatoire d’un chef de camp qui en principe, tutoie tout le monde et plaisante volontiers dans un sabir international. Et puis des « GO » (« gentils organisateurs », modèle impulsé par le Club Med) en uniforme estival, arpentent en permanence le club, proposant de participer aux activités qu’ils organisent et animent, tout en « ambiançant » les relations, ce qui n’est jamais gagné…

Les hôtels-clubs doivent leur succès à un principe fort : le all inclusive, sur la base d’une semaine. Le prix payé avant le départ prend tout en compte : le vol, le séjour, les activités de loisirs, la pension complète et le « snacking ». Et si certains groupes proposent des séjours de luxe à des tarifs conséquents pour cibler une clientèle haut de gamme, la plupart cassent les prix. L’axiome pragmatique fondant le principe de ces hôtels est qu’il faut « remplir pour rentabiliser ».

Cependant, tout est pensé pour instaurer une régression mentale et physique, assez infantilisante dans l’esprit ; Ceci n’est pas un jugement de valeur mais un constat étayé. Déjà, on ne touchera plus d’argent durant la semaine, car le principe du bracelet que chaque vacancier porte au poignet (avec ses codes-couleur et les droits et privilèges afférents) fait que le all inclusive commence par cette suspension de toute transaction économique. On mange, on boit, on « snacke » à volonté, à n’importe quelle heure, sans limitation, et sans calcul ni transaction, aucun prix n’est affiché. Les règles économiques usuelles de la vie quotidienne – choisir, acheter, payer – sont annihilées : on peut prendre tout ce qu’on veut, et « gratuitement ». Le prix et la transaction se situent ailleurs, bien sûr. Mais ils sont là gommés ; suspension et régression, encore…

À l’avenant, en hôtel-club, il y a peu de motivation culturelle : la plupart des vacanciers se limiteront à la visite groupée et au pas de course du village le plus proche, avec pour objectif touristique le souk, le « petit port de pêche » ou le « marché traditionnel ». Là, c’est souvent un choc inévitable, entre ceux dont on pense qu’ils sont très riches, et ceux dont on sait qu’ils sont très pauvres. Reste le frisson du marchandage de babioles ethniques qui caricaturent les traits de l’exoticité. On a ici en tête les images et l’imaginaire de la place Jemaa El Fna de Marrakech. Après ce choc, cette explosion de couleurs, d’odeurs et de saveurs – et ces frissons, on réintègrera l’insularité rassurante du club. La sortie a été organisée, d’ailleurs, par le club, avec ses navettes à heures fixes. On pourrait éventuellement faire une excursion d’une journée, mais parfaitement balisée, avec les partenaires du voyagiste.

Une topographie particulière

Pendant quelques jours, la vie est organisée autour de trois pôles, qui, au gré des heures, aimantent les centaines de touristes : la piscine, le buffet, la scène de spectacle.

La piscine, d’abord. Là, on est loin des bassins municipaux, spartiates et rectangulaires. En hôtel-club, elle est immense, s’étendant, toute en volutes, au centre du club. Elle n’est en fait jamais tout à fait une piscine – on n’y nage pas vraiment – mais une pataugeoire géante, aux formes ovoïdes, à l’eau luminescente. On a pied partout, et déjà pour les besoins des chorégraphies bruyantes de la gym aquatique. La piscine est en fait là un lieu fœtal dans l’esprit, où l’on flotte et détrempe mollement. Des bars sont parfois installés au milieu de l’eau, où l’on vient « à la source matricielle » snacker et trinquer, tout en restant dans l’eau. L’eau est chaude, les couleurs flashy. Ces piscines, bordées de centaines de transats en plastique blanc, objets de toutes convoitises et de stratégies d’appropriation donnant parfois lieu à des tensions : « je pose ma serviette, c’est le mien pour la journée », sont la promesse et, par anticipation, le souvenir de ces vacances, leur eau turquoise ouvrant sur des imaginaires de lagons tahitiens. Et puis ceci est désormais très « instagrammable ».

Puis les buffets, derrière lesquels s’affaire une foule anonyme et appliquée d’employés locaux, tout de blanc vêtus. Les buffets, et leurs amoncellements gargantuesques de plats standard – riz-pilaf, frites, pizzas, couscous, hamburgers, pâtes à toutes les sauces, desserts industriels, fruits… Bref, une cuisine rebaptisée « internationale », présentée en compositions arcimboldesques, et qui se donnent à profusion.

Le système, qui réinvestit les mythes de Cocagne ou de la Corne d’abondance, est ainsi fait – tout est à volonté – qu’on en prend presque toujours « trop ». À la fin du repas, les assiettes contiennent souvent un mixte incertain de matières et de couleurs qui partira au rebut, confirmant au passage le « péché originel » du tourisme de masse : consommer en surabondance et générer du gaspillage dans des zones de pénurie. À l’avenant, les jardins-oasis des villages de vacances, dont la luxuriance ordonnée narguent les zones quasi-désertiques alentour, pour des clichés d’Eden à bas coût.

Autour de la piscine ou sur la plage (quand le club est sur le littoral, cette place est alors viabilisée et souvent gardée), on bronze des heures, crème écran total sur les épaules et casque sur les oreilles, afin d’arborer au retour la preuve épidermique que l’on rentre bien de vacances. Se baigner dans la mer n’est pas une obligation, et beaucoup restent du côté de la piscine. On perçoit les oppositions symboliques à l’œuvre, nature/civilisation.

La sociabilité caractérisant ces clubs est paradoxale : on ignore la plupart des autres vacanciers – poliment ou pas – lorsqu’il faut jouer des coudes aux heures de pointe au buffet, ou s’approprier un transat bien placé. Et une ambiance « sociofuge » prévaut, donnant à penser qu’on est là « seuls ensemble ». On passe son temps à « s’ignorer poliment » (Yves Winkin). Et paradoxalement, on se liera souvent avec des personnes rencontrées par hasard (voisins de bronzing ou de tablée) qui vont devenir les « meilleurs amis de vacances », avec qui on discutera durant quelques jours de tout et de rien, et desquels on gardera les coordonnées. Se rappellera-t-on, se reverra-t-on, une fois la parenthèse enchantée refermée, et de retour chez soi ? Pas sûr…

La scène, enfin, face au bar, voit alternativement les uns se produire en public, et les autres se donner en spectacle. Dès que la nuit tombe, et avant le night-club, beaucoup des vacanciers se retrouvent devant la scène, et même sur elle. D’abord, il y aura les saynètes des animateurs, plus ou moins prévisibles et réussis (clowns, cabaret, danse). Dans certains clubs, c’est vraiment professionnel, et dans d’autres, c’est beaucoup plus amateur. Puis les planches et les sunlights seront offerts aux vacanciers, pour des séquences incertaines pourtant immortalisées par les smarphones : karaoké, roue de la fortune, tests de culture générale et autres adaptations des jeux télévisuels.

« La vacance des valeurs »

Les hôtels-clubs bouclent la boucle du tourisme de masse. Ils brassent les gens et les genres. Ils offrent une détente assurée à quelques heures de vol, derrière des enclos gardant les touristes de ce qu’est l’immédiat extérieur du club, et qu’on discerne, lorsqu’on arpente les coursives des chambres situées en étage. L’idée qui semble prévaloir est celle de l’oasis. Mais cela demande un travail de dénégation de la part des vacanciers, qui doivent ignorer la différence immense caractérisant le dedans – isolat de luxe, de prévisibilité organisée, de profusion obligée – et la « vraie vie » de l’extérieur, avec des logiques qui sont à mille lieues de celle du club vacances.

À ce titre, on pourrait aussi considérer que ces vacances seront de moins en moins compatibles avec les préoccupations écoresponsables saillantes et le souci des cultures locales, et la rencontre interculturelle.

Ces clubs offrent des vacances amnésiques, dont on ramène des sensations interchangeables : le soleil qui brûle, les cocktails sucrés, les corps en uniforme estival (tee-shirts, shorts, maillots de bain) qui se croisent, les airs disco et la musique techno servant de toile de fond sonores ; ces pantomimes tribales orchestrées par des animateurs à la jovialité permanente, et la convivialité un rien forcée caractérisant les échanges et présidant aux interactions.

Une mise en perspective anthropologique amènerait à considérer qu’ils sont carnavalesques dans l’esprit, procédant à une série d’inversions et de suspensions, instaurant un temps festif, où les statuts sont aplanis et où les identités sont ramenées à un prénom, où les plaisirs vont prévaloir, où l’on se permet ce qu’on ne s’autorise pas forcément en temps ordinaire.

Mais de même, partant de la clôture et de la suspension qui les caractérisent, un parallèle peut être établi avec le succès des croisières : une croisière, c’est en fait un hôtel-club flottant. Et cet hôtel-club peut aussi être considéré comme un bateau de croisière immobile, en rade au bord de la mer. Il s’agit d’univers fermés, avec leur économie symbolique, leurs règles spécifiques, leur finalité, qui est presque la même.

En hôtels-clubs, on s’adonne à des plaisirs régressifs loin d’une actualité anxiogène et morose. Et ils rappellent la fulgurance d’Edgar Morin : « la valeur des vacances, c’est la vacance des valeurs ».

L’auteur remercie Yves Winkin et Elodie Mielczareck pour leur lecture de cet article et leurs commentaires

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August 14, 2023 at 11:18:01 AM GMT+2

De quoi « V for Vendetta » est-il le masque ?https://www.lemonde.fr/pixels/article/2016/03/17/de-quoi-v-for-vendetta-est-il-le-masque_4885078_4408996.html

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De quoi « V for Vendetta » est-il le masque ?

Par William Audureau et Damien Leloup Publié le 16 mars 2016 à 20h24, modifié le 17 mars 2016 à 17h54

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AnalyseDix ans après sa sortie, le film de superhéros anarchiste a prêté son visage à toute une génération de sympathisants.

Medek, 16 ans, interrogé en novembre dernier dans les allées de la Paris Games Week, est vêtu d’un t-shirt arborant le masque de Guy Fawkes. Il le porte « parce que c’est stylé, on porte ce t-shirt comme on pourrait porter un t-shirt Nike ». Il connaît le film V for Vendetta, « un film sur un rebelle », mais cela ne l’inspire pas plus que cela. A ses côtés, Hubert, 15 ans, lui aussi fan de l’objet, n’a pas trop d’explication sur son attachement à ce masque et la portée du film. Il admet volontiers un côté politique, mais sans particulièrement y prêter attention.

Il y a encore cinq ans, le masque de Guy Fawkes, avec son sourire figé, insolent et insondable, était le symbole de toutes les luttes. Indignés, Occupy Wall Street, jeunes du printemps arabe, militants anti-G8 et G20, sans oublier Anonymous, tous les mouvements de contestation l’arboraient. Mais depuis qu’il a été popularisé par le film V for Vendetta, qui fête ses dix ans aujourd’hui, le costume est aussi devenu un code populaire, presque une marque, indice public sinon d’une revendication, du moins d’une insoumission affichée.

Comme le comics dont il est l’adaptation, V for Vendetta est un film politique : il raconte le dernier coup d’éclat de V, superhéros anarchiste vengeur, qui à la manière de Guy Fawkes, instigateur au XVIe siècle d’une tentative d’attentat ratée contre le Parlement anglais, cherche à mettre à feu et à sang une Angleterre dystopique aux mains d’un régime fasciste. Sur le film, de nombreuses analyses ont été rédigées, tantôt pour en saluer l’indocilité joyeuse et enragée, tantôt pour épingler son manichéisme et, ironiquement, son esthétique fascisante.

Le masque que porte le héros est tout simplement tombé dans la culture populaire, grâce au marketing du film et à son adoption sans réserve par les sympathisants du mouvement Anonymous. Ce dernier en a fait le symbole de l’indivisibilité et de la détermination vengeresse du peuple, face à ce qu’il identifie comme des puissances corrompues ou oppressantes.

« Ce masque appartient à tout le monde, il est dans le domaine public : libre à chacun d’en faire ce qu’il veut », se félicite son concepteur, David Lloyd, ravi qu’il ait été repris par des mouvements contestataires.

« V pour Vendetta est l’histoire d’une résistance contre l’oppression et la tyrannie. Partout où le masque a été employé jusque-là, ce le fut dans ce même but et dans ce même esprit. Pour moi, son utilisation est conforme au message véhiculé dans notre œuvre. »

Lire l’entretien avec David Lloyd : « Le masque de V appartient à tout le monde »

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Time Warner et usines au Brésil

Pourtant, le masque omniprésent n’est pas vraiment dans le domaine public. Si son créateur a donné sa bénédiction à toutes les personnes qui souhaitent se l’approprier, les droits sur l’objet appartiennent en réalité à Time Warner, producteur du film de 2005. Ironiquement, une multinationale du divertissement touche donc une commission sur chaque vente des masques « officiels », utilisés notamment par des militants qui dénoncent la mainmise de grandes entreprises sur la création et la liberté d’expression... D’autant plus que certains des masques sont fabriqués au Brésil ou en Chine, dans des usines où les conditions de travail sont plus que difficiles. La publication, en 2013, de photos prises dans une usine près de Rio, avait poussé une partie des militants d’Anonymous à s’interroger sur leur utilisation du masque.

Peut-on pour autant en conclure que ce masque est une coquille vide et hypocrite, une version modernisée du t-shirt à l’effigie de Che Guevara ? Comme le t-shirt rouge de Guevara, le masque de Guy Fawkes est porté aussi bien par des personnes qui le trouvent « stylé » que par des militants qui choisissent de le revêtir parce qu’il porte une signification politique. Comme le film V pour Vendetta, le masque mêle dans un même objet consumérisme grand public, effet de mode et engagement.

Le masque continue d’ailleurs d’inspirer la peur de certains régimes autoritaires : en 2013, bien après le printemps arabe, les gouvernements du Bahrein et d’Arabie Saoudite l’ont déclaré illégal, et ont interdit son importation. Le gouvernement d’Arabie saoudite estimait alors que ce morceau de plastique « diffuse une culture de violence » et « encourage les jeunes à ne pas respecter les forces de sécurité et à répandre le chaos dans la société ».

Anonymat, Anonymous et action collective

Pourquoi ce masque inquiète-t-il autant certains gouvernements ? Pour ce qu’il représente, d’abord, mais aussi pour ce dont il est la fuite : le rejet d’une société orwelienne où forces médiatiques et politiques contrôleraient la vie de chaque individu.

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Né en bonne partie sur le forum 4chan, temple de l’anonymat et de l’inconséquence en ligne, le mouvement Anonymous n’a pas adopté un masque comme symbole commun par hasard : l’émergence médiatique du mouvement est strictement contemporaine de l’explosion de Facebook et de l’autofiction en ligne. Comme le relève sur son site l’anthropologue Gabriella Coleman, auteure de l’étude Anonymous. Hacker, activiste, faussaire, mouchard, lanceur d’alerte (éditions Lux) :

« Alors que les Anonymous doivent taire leur identité et cacher leurs actions, le groupe exige la transparence du gouvernement et des grands acteurs. Aux yeux de Mark Zuckerberg, de Facebook, la transparence consiste à partager en permanence des informations personnelles ; il est allé jusqu’à proclamer la mort de la vie privée. Anonymous offre une antithèse provoquante à la logique de l’autopublication constante et de la quête de gloire. »

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A travers le masque de Fawkes, le mouvement Anonymous redonne également corps à l’idée d’une force collective qui ne serait pas l’addition de ses composantes, mais leur multiplication, à la manière de ce que Musil évoquait, dans L’homme sans qualités (éditions Point), comme « l’aurore d’un nouvel héroïsme, énorme et collectif, à l’exemple des fourmis ».

Le visage rieur de l’anarchiste terroriste prolonge, comme le remarque Gabriella Coleman, les intuitions de l’historien Michel de Certeau. Quelques années avant la publication du comics original de V for Vendetta, dans L’invention du quotidien, il suggérait l’idée d’un « anonyme rieur », « sage et fou, lucide et dérisoire », navigant dans les interstices de la collectivité, qui résisterait aux discours généralisants, aux lectures systémiques, à toute analyse figée, et ramènerait toute construction intellectuelle à l’inéluctabilité de la mort.

David Lloyd dit-il autre chose, lorsqu’il justifie l’étrange rictus de son masque ? « D’un côté, il n’y a rien de plus effrayant que de voir quelqu’un vous tuer tout en souriant. De l’autre, un sourire est par définition une marque d’optimisme. »

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August 14, 2023 at 10:59:07 AM GMT+2

I Would Rather See My Books Get Pirated Than This (Or: Why Goodreads and Amazon Are Becoming Dumpster Fires) | Jane Friedmanhttps://janefriedman.com/i-would-rather-see-my-books-pirated/

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I Would Rather See My Books Get Pirated Than This (Or: Why Goodreads and Amazon Are Becoming Dumpster Fires)

Updated: August 8, 2023

First Published: August 7, 2023 by Jane Friedman 60 Comments

Update (afternoon of Aug. 7): Hours after this post was published, my official Goodreads profile was cleaned of the offending titles. I did file a report with Amazon, complaining that these books were using my name and reputation without my consent. Amazon’s response: “Please provide us with any trademark registration numbers that relate to your claim.” When I replied that I did not have a trademark for my name, they closed the case and said the books would not be removed from sale.

Update (morning of Aug. 8): The fraudulent titles appear to be entirely removed from Amazon and Goodreads alike. I’m sure that’s in no small part due to my visibility and reputation in the writing and publishing community. What will authors with smaller profiles do when this happens to them? If you ever find yourself in a similar situation, I’d start by reaching out to an advocacy organization like The Authors Guild (I’m a member).

Update (evening of Aug. 8): Since these fake books have been removed, I’ve added titles and screenshots below, as well as an explanation of why I believe the books are AI generated.


There’s not much that makes me angry these days about writing and publishing. I’ve seen it all. I know what to expect from Amazon and Goodreads. Meaning: I don’t expect much, and I assume I will be continually disappointed. Nor do I have the power to change how they operate. My energy-saving strategy: move on and focus on what you can control.

That’s going to become much harder to do if Amazon and Goodreads don’t start defending against the absolute garbage now being spread across their sites.

I know my work gets pirated and frankly I don’t care. (I’m not saying other authors shouldn’t care, but that’s not a battle worth my time today.)

But here’s what does rankle me: garbage books getting uploaded to Amazon where my name is credited as the author, such as:

  • A Step-by-Step Guide to Crafting Compelling eBooks, Building a Thriving Author Platform, and Maximizing Profitability
  • How to Write and Publish an eBook Quickly and Make Money
  • Promote to Prosper: Strategies to Skyrocket Your eBook Sales on Amazon
  • Publishing Power: Navigating Amazon’s Kindle Direct Publishing
  • Igniting Ideas: Your Guide to Writing a Bestseller eBook on Amazon

Whoever’s doing this is obviously preying on writers who trust my name and think I’ve actually written these books. I have not. Most likely they’ve been generated by AI. (Why do I think this? I’ve used these AI tools extensively to test how well they can reproduce my knowledge. I also do a lot of vanity prompting, like “What would Jane Friedman say about building author platform?” I’ve been blogging since 2009—there’s a lot of my content publicly available for training AI models. As soon as I read the first pages of these fake books, it was like reading ChatGPT responses I had generated myself.)

It might be possible to ignore this nonsense on some level since these books aren’t receiving customer reviews (so far), and mostly they sink to the bottom of search results (although not always). At the very least, if you look at my author profile on Amazon, these junk books don’t appear. A reader who applies some critical thinking might think twice before accepting these books as mine.

Still, it’s not great. And it falls on me, the author—the one with a reputation at stake—to get these misleading books removed from Amazon. I’m not even sure it’s possible. I don’t own the copyright to these junk books. I don’t exactly “own” my name either—lots of other people who are also legit authors share my name, after all. So on what grounds can I successfully demand this stop, at least in Amazon’s eyes? I’m not sure.

To add insult to injury, these sham books are getting added to my official Goodreads profile. A reasonable person might think I control what books are shown on my Goodreads profile, or that I approve them, or at the very least I could have them easily removed. Not so.

If you need to have your Goodreads profile corrected—as far as the books credited to you—you have to reach out to volunteer “librarians” on Goodreads, which requires joining a group, then posting in a comment thread that you want illegitimate books removed from your profile.

When I complained about this on Twitter/X, an author responded that she had to report 29 illegitimate books in just the last week alone. 29!

With the flood of AI content now published at Amazon, sometimes attributed to authors in a misleading or fraudulent manner, how can anyone reasonably expect working authors to spend every week for the rest of their lives policing this? And if authors don’t police it, they will certainly hear about it, from readers concerned about these garbage books, and from readers who credulously bought this crap and have complaints. Or authors might not hear any thing at all, and lose a potential reader forever.

We desperately need guardrails on this landslide of misattribution and misinformation. Amazon and Goodreads, I beg you to create a way to verify authorship, or for authors to easily block fraudulent books credited to them. Do it now, do it quickly.

Unfortunately, even if and when you get these insane books removed from your official profiles, they will still be floating around out there, with your name, on two major sites that gets millions of visitors, just waiting to be “discovered.” And there’s absolutely nothing you can do about it.

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August 9, 2023 at 11:01:20 AM GMT+2

Veesion, la start-up illégale qui surveille les supermarchés  – La Quadrature du Nethttps://www.laquadrature.net/2023/07/04/veesion-la-start-up-illegale-qui-surveille-les-supermarches/

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Veesion, la start-up illégale qui surveille les supermarchés

Posted on4 juillet 2023

Nous en parlions déjà il y a deux ans : au-delà de la surveillance de nos rues, la surveillance biométrique se déploie aussi dans nos supermarchés pour tenter de détecter les vols en rayons des magasins. À la tête de ce business, la start-up française Veesion dont tout le monde, même le gouvernement, s’accorde sur l’illégalité du logiciel mais qui continue à récolter des fonds et des clients en profitant de la détresse sociale

La surveillance biométrique de l’espace public ne cesse de s’accroître. Dernier exemple en date : la loi sur les Jeux Olympiques de 2024 qui vient légaliser officiellement la surveillance algorithmique dans l’espace public pour certains événements sportifs, récréatifs et culturels (on en parlait ici). En parallèle, des start-up cherchent à se faire de l’argent sur la surveillance d’autres espaces, notamment les supermarchés. L’idée est la suivante : utiliser des algorithmiques de surveillance biométrique sur les caméras déjà déployées pour détecter des vols dans les grandes surfaces et alerter directement les agents de sécurité.

L’une des entreprises les plus en vue sur le sujet, c’est Veesion, une start-up française dont on parlait déjà il y a deux ans (ici) et qui vient de faire l’objet d’un article de Streetpress. L’article vient rappeler ce que LQDN dénonce depuis plusieurs années : le logiciel déjà déployé dans des centaines de magasins est illégal, non seulement selon l’avis de la CNIL, mais aussi, selon nos informations, pour le gouvernement.

Le business illégal de la détresse sociale

Nous avions déjà souligné plusieurs aspects hautement problématiques de l’entreprise. En premier lieu, un billet publié par son créateur, soulignant que la crise économique créée par la pandémie allait provoquer une augmentation des vols, ce qui rendait nécessaire pour les magasins de s’équiper de son logiciel. Ce billet avait été retiré aussitôt notre premier article publié.

D’autres déclarations de Veesion continuent pourtant de soutenir cette idée. Ici, c’est pour rappeler que l’inflation des prix, en particulier sur les prix des aliments, alimenteraient le vol à l’étalage, ce qui rend encore une fois nécessaire l’achat de son logiciel de surveillance. Un business s’affichant donc sans gêne comme fondé sur la détresse sociale.

Au-delà du discours marketing sordide, le dispositif est clairement illégal. Il s’agit bien ici de données biométriques, c’est-à-dire de données personnelles relatives notamment à des caractéristiques « physiques ou « comportementales » (au sens de l’article 4, par. 14 du RGPD) traitées pour « identifier une personne physique de manière unique » (ici, repérer une personne en train de voler à cause de gestes « suspects » afin de l’appréhender individuellement, et pour cela analyser le comportement de l’ensemble des client·es d’un magasin).

Un tel traitement est par principe interdit par l’article 9 du RGPD, et légal seulement de manière exceptionnelle et sous conditions strictes. Aucune de ces conditions n’est applicable au dispositif de Veesion.

La Quadrature du Net n’est d’ailleurs pas la seule à souligner l’illégalité du système. La CNIL le redit clairement (à sa façon) dans l’article de Streetpress quand elle souligne que les caméras de Veesion « devraient être encadrées par un texte » . Or ce texte n’existe pas. Elle avait exprimé le même malaise au Monde il y a quelques mois, quand son directeur technique reconnaissait que cette technologie était dans un « flou juridique » .

Veesion est d’ailleurs tout à fait au courant de cette illégalité. Cela ressort explicitement de sa réponse à une consultation de la CNIL obtenu par LQDN où Veesion s’alarme de l’interprétation du RGPD par la CNIL qui pourrait menacer « 500 emplois en France » .

Plus surprenant, le gouvernement a lui aussi reconnu l’illégalité du dispositif. Selon nos informations, dans le cadre d’une réunion avec des professionnels du secteur, une personne représentant le ministère de l’Intérieur a explicitement reconnu que la vidéosurveillance algorithmique dans les supermarchés était interdite.

La Technopolice rapporte toujours autant d’argent

Tout cela ne semble pas gêner l’entreprise. Sur leur site , ils annoncent équiper plus de 2500 commerçants, dans 25 pays. Et selon les informations de Streetpress, les clients en France sont notamment Leclerc, Carrefour, G20, Système U, Biocoop, Kiabi ou encore la Fnac. Des enseignes régulièrement fréquentées donc par plusieurs milliers de personnes chaque jour.

Autre point : les financements affluent. En mars, la start-up a levé plus de 10 millions d’euros auprès de multiples fonds d’investissement. Sur le site Welcome to the Jungle, la start-up annonce plus de 100 salariés et plus de 5 millions de chiffre d’affaires.

La question que cela pose est la même que celle que nous rappelons sur ce type de sujets depuis 3 ans : que fait la CNIL ? Pourquoi n’a-t-elle pas fait la moindre communication explicite sur ce sujet ? Nous avions fait il y a deux ans une demande de documents administratifs à cette dernière, elle nous avait répondu qu’il s’agissait d’un dossier en cours d’analyse et qu’elle ne pouvait donc pas nous transmettre les documents demandés. Rien depuis.

Une telle inaction a des conséquences lourdes : outre la surveillance illégale imposée sur plusieurs milliers de personnes, la CNIL vient ici normaliser le non-respect du RGPD et faciliter la création d’une industrie de la Technopolice en laissant les investissements affluer.

Comment encore considérer la CNIL comme une autorité de « protection » de nos libertés quand la communication qui en émane sur ce sujet est qu’elle veut « fédérer et accompagner les acteurs innovants de l’écosystème IA en France et en Europe » ?

Surveillance illégale, détresse sociale, financement massif… Toutes les Technopolices se ressemblent, qu’elles soient en supermarché ou sur notre espace public. Mais pour une fois que tout le monde est d’accord sur l’illégalité d’une de ses représentantes, espérons que Veesion soit arrêtée au plus vite.

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July 4, 2023 at 8:02:47 PM GMT+2

How to stop Spotify from sharing your data, and why you should | Mashablehttps://mashable.com/article/spotify-user-privacy-settings

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How to stop Spotify from sharing your data, and why you should

Spotify knows every song you've ever listened to, and what it does with your info may surprise you.

By Jack Morse on April 5, 2022

Privacy Please is an ongoing series exploring how privacy is violated in the modern world, and what you can do about it.


Spotify is listening to you.

It sounds like the setup to a bad joke, but the wildly popular(opens in a new tab) music streaming service in fact collects, stores, and shares reams of seemingly mundane user data, adding up to an intrusion that's much more than just the sum of its parts. While Spotify customers are busy rocking out, the company has its metaphorical hands full profiting off the data that rocking generates.

And it generates a surprising amount. What Spotify does with that data, and why that should concern you, are complex questions involving third-party advertisers, densely written terms of service, and inferences drawn from every piece of music or podcast you've ever listened to on the streaming platform.

But according to privacy experts, one aspect of this digital mess is absolutely straightforward: Spotify users should pay attention to how their data is used, and take the available steps to limit that use whenever possible.

Evan Greer(opens in a new tab), the director of the digital advocacy organization Fight for the Future(opens in a new tab) and musician whose art(opens in a new tab) has addressed this very subject, made that clear over direct message in early April.

"Spotify uses the same surveillance capitalist business model as Facebook and YouTube: they harvest your data and sell access to it to advertisers who think they can use that data to manipulate you into buying their products and services."

If you're a subscriber, you already pay Spotify $9.99 every month. There's no need to passively hand over your valuable personal data free of charge as well. Thankfully, there are steps you can take to limit what Spotify does with its vast repository of data points describing your life — or, at the very least, that make the company's effort to profit off your info just a tad bit more difficult.

What user data Spotify collects

To understand why Spotify's data collection practices might be a matter of concern, it's first important to understand exactly what user data Spotify collects.

Some of it is exactly what one might expect, and is relevant and necessary for Spotify to deliver its service. Think users' names, addresses, billing details, email addresses, and smartphone or other device information — stuff that Spotify needs to stream music to your ears and then bill you for that experience.

That sort of data collection is understandable. It's also not what concerns experts like the Electronic Frontier Foundation's director of federal affairs India McKinney(opens in a new tab).

"There are ways that we engage with apps, services, and platforms online, and there is a certain amount of data that those apps, platforms, and services need to collect in order to do their job," she explained over a late March phone call. "There are other things that other apps collect, that aren’t really necessary for the delivery of services or the thing that the user is engaging in."

While the former category of personally identifiable information can absolutely be abused or mishandled, it's the latter category of data collection McKinney warned about — and that's often seen by users as the most invasive.

In the case of Spotify, that may include(opens in a new tab) (but is in no way limited to) general location data, search queries, "inferences (i.e., our understanding) of your interests and preferences" gathered from(opens in a new tab) "certain advertising or marketing partners," "motion-generated or orientation-generated mobile sensor data," and, of course, a list of every song you've ever listened to as well as how many times and at what time of day you played it (aka your "streaming history").

Spotify also says it may collect data — including non-precise location data and "inferences (i.e., our understanding) of your interests and preferences" — from third party "advertising or marketing partners."

Notably, Spotify takes pains to explain its data-gathering practices both on its privacy page(opens in a new tab) and in a series of animated videos(opens in a new tab) — a point emphasized by a company spokesperson over email.

"Spotify is committed to user privacy and works to provide transparent information about the personal data we collect and how it is protected at our Privacy Center(opens in a new tab)," they wrote. "You can find out more about the rights and controls Spotify listeners have in regards to personal data on our Data Rights and Privacy Settings(opens in a new tab) page."

Of course, the question of whether or not Spotify users actually dig into the service's privacy center is another issue. According to a 2019 report(opens in a new tab) from the Pew Research Center, "just 9% of adults say they always read a company's privacy policy before agreeing to the terms and conditions," and "more than a third of adults (36%) say they never read a privacy policy before agreeing to it."

What Spotify does with user data

Spotify's use of user data goes beyond just streaming the hits to its 180 million paying subscribers(opens in a new tab).

"Spotify doesn't sell music," explained Fight for the Future's Greer. "They sell surveillance. Their customers are not musicians and music listeners. Their customers are advertisers."

Indeed, while paying subscribers are not subject to the same sort of ad breaks as non-paying users, their experience with the service is not advertiser free. Spotify says(opens in a new tab) that it may share users' data with unnamed advertising and marketing "partners," for purposes including (but not limited to) "[tailoring] ads to be more relevant to you" and "to promote Spotify in media and advertising published on other online services."

Spotify attempts to break this down in the most anodyne way possible: "An example of a tailored ad is when an ad partner has information suggesting you like cars, which could enable us to show you ads about cars."

That tailored ads bit is where things get interesting and, according to privacy experts, potentially problematic. Remember, after all, that the data collected by Spotify includes every song you've ever listened to on the platform.

McKinney, the EFF's director of federal affairs, explained what using streaming histories for targeted advertisement might hypothetically look like.

You're listening to a lot of songs about heartbreak and so they’re going to send you ads for Godiva chocolate.

India McKinney

"You're listening to a lot of songs about heartbreak and so they’re going to send you ads for Godiva chocolate," she observed. "The level of market research about buying preferences and consumer behavior goes really, really deep into the weeds."

When specifically asked whether or not, for example, a Spotify user listening to songs about romantic breakups could then be targeted with ads for dating apps, Spotify's spokesperson attempted to thread a very specific linguistic needle in response.

"Spotify uses listening history or 'likes' within the app to inform recommendations of songs or podcasts that a user may enjoy," they wrote. "Advertisers may also be able to target ads to listeners of certain genres or playlists, but we do not make inferences about users' emotions."

So Spotify, the spokesperson made clear, does not make inferences about users' emotional states based on their musical choices. The spokesperson did not, and perhaps realistically cannot, speak for companies who pay Spotify money to advertise to its subscribers.

That cautious framing makes sense in our post Cambridge Analytica world, where, regardless of the debatable effectiveness of that specific firm, modern tech consumers are extra wary of companies attempting to use emotional data to drive specific outcomes. There are real examples of this — Facebook's 2012 study which involved, in part, seeing if it could make users sad comes to mind — and they have not been received favorably.

The attempt to draw a clear line around leveraging users' emotions also follows on a Spotify specific mini scandal about that very thing. In early 2021, privacy advocates zeroed in on a 2018 Spotify patent(opens in a new tab) wherein the company claimed that speech recognition tools could be used to infer a user's emotional state and thus, at least theoretically, recommend them songs(opens in a new tab) corresponding to their mood.

An online petition effort, dubbed Stop Spotify Surveillance(opens in a new tab), was blunt in its description of Spotify's efforts: "Tell Spotify to drop its creepy plan to spy on our conversations and emotionally manipulate us for profit."

In April of 2021, Access Now(opens in a new tab), a digital advocacy group, sent Spotify a letter(opens in a new tab) asking that it "abandon" the tech described in the 2018 patent. Spotify responded(opens in a new tab) by saying that it "has never implemented the technology described in the patent in any of our products and we have no plans to do so."

"No plans," as Access Now pointed out(opens in a new tab) in its May, 2021, follow up, does not mean "never."

That something as seemingly personal as one's musical tastes can be, or potentially are being, exploited by advertisers has an obvious distaste to it. However, according to the EFF's McKinney, that distaste may in part be the result of conflating Spotify the service with the music on Spotify — an error that users would do best to avoid.

"It's not about providing an altruistic service to give people an easy way to listen to music with their babies, or whatever, that's not why they're in business," McKinney said of the company's obvious profit motive. "And just remembering that I think would go a long way to help consumers make informed choices."

How Spotify users can limit data collection and sharing

Thankfully, Spotify users concerned with how their listening habits might be weaponized against them have more options than just "delete your account."

The most obvious and immediate step users can take is to make one very specific tweak to their privacy setting: turn off tailored ads.

"If you use Spotify’s ad-supported services and you opt out of receiving tailored ads, we will not share your information with third party advertising partners or use information received by them to show you tailored ads," explains Spotify's Privacy Settings page.

To opt out of tailored ads:

  1. Log into(opens in a new tab) your Spotify account.
  2. From the "Profile" menu in the top-right corner, select "Account." If you're using the desktop application, this will open your browser.
  3. On the left-hand menu, select "Privacy settings."
  4. Scroll down, and make sure "Process my personal data for tailored ads" is toggled to the "off" position.

While you're there, also "opt out of Spotify processing your Facebook data." This, according to Spotify, means it "will stop processing any Facebook data shared with Spotify except the personal data that enables you to sign into Spotify using your Facebook account." (Then, while you're feeling emboldened, go ahead and delete your Facebook account(opens in a new tab).)

These steps are, thankfully, easy. Next comes the hard part, according to the EFF's McKinney.

"Consumers should be thinking about and looking for their elected officials to enact privacy-preserving legislation that restricts what advertisers can do with some of their information," she noted. "That's really the only way we’re going to come to a solution. I don't think that there's a whole lot of individual, personal, actions any one person can take that's going to fix this problem for them because it really is systemic."

But that doesn't mean addressing the problem of data-hungry tech giants sucking up user data is a lost cause, a point made by McKinney and emphasized by Fight for the Future's Greer.

"We can and must fight for a world where artists are fairly compensated, music is widely accessible to everyone, and people's data is private, safe, and secure," wrote Greer. "That means fighting for better policy, like data privacy legislation, FTC enforcement, and antitrust reform. It also means fighting for better tools, and supporting alternatives to giants like Spotify."

So after you're done tweaking your Spotify privacy settings, consider giving your congressperson(opens in a new tab) a quick call to tell them you want federal legislation protecting consumer privacy. And then, if you want to get really wild, try purchasing an album directly from your favorite band.

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June 24, 2023 at 3:31:25 PM GMT+2

Qui a tué le CYBERPUNK ? - YouTubehttps://www.youtube.com/watch?v=1BcnhVVQhxA

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Qui a tué le CYBERPUNK ?

Transcript de la vidéo Qui a tué le CYBERPUNK ? du vidéaste Bolchegeek

Une émission de Benjamin Patinaud avec Kate la Petite Voix , basée sur les travaux de Raphaël Colson et les tables rondes du festival Les Intergalactiques

vous voyez le délire un détective hacker taciturne qui déambule dans la nuit pluvieuse au milieu de loubard au bras bionique shooté à la réalité virtuelle sous une forêt de gratte-ciel frappée du logo de méga Corporation illuminés par les néons les écrans et les phares des voitures volantes.

Envoyez les synthés bien mélancoliques et le saxo porno, une narration intérieure du genre, cette ville cette techno cata boursouflé de Baï au crack au sein duquel des crypto Romulus et Rémus se nourrissent goulûment d'un cyberflu de métadata

Cette ville ce n'est pas la Mégacité des Doges non, mais c'est ma ville c'est néo-Limoges.
Enfin voilà vous connaissez le cliché Cyberpunk

Le Cyberpunk semble faire ces dernières années un retour en force, ce sous genre est-il en passe de redevenir l'avenir de la SF le plus à même de parler de notre présent auquel il semble étrangement ressembler, ou s'agit-il d'une mode passagère le revival d'un
truc un peu ringard pour de sombres raisons marketing bien moins pertinentes ?

Aujourd'hui Retour vers le Futur d'un imaginaire qu'on peut croire mort et enterré

Par Benjamin PATINAUD & Kath

Origines

En 1980 Bruce Baden n'est pas le nom le plus célèbre du panthéon de la science-fiction, ce développeur informatique du Minnesota aujourd'hui âgé de 68 ans à quelques œuvres à son actif dont des novalisations comme celle du film steampunk Wild Wild West et du FPS spatial Rebel Moon rising, à l'époque il écrit une nouvelle au titre quant à lui bien plus connue cyberpunk cette histoire publiée seulement en 1983 avant de devenir un roman suit les aventures d'un protagoniste d'un nouveau genre un hacker.

Elle reste surtout dans les mémoires pour avoir donné naissance au terme qui désignera bientôt tout un mouvement une fois popularisé par un article du Washington Post en 84.

Mais le mouvement lui-même prend racine ailleurs. Racines c'est bien le terme avec un S s'il vous plaît tant le cyberpunk éclos subitement d'un peu partout, de la littérature au cinéma, de l'est à l'ouest en pur fruit des années 80 naissantes.

Dans le continuum créatif c'est jamais facile de définir un point d'origine on attribue souvent la paternité du genre à William Gibson avec sa nouvelle Johnny mnémonique de 1982 l'histoire d'un trafiquant de données avec un disque dur dans la tronche.

Simultanément à l'autre bout du monde katsuiro Otomo accouche du manga Akira, toujours la même année sort au cinéma Tron et sa réalité virtuelle vidéo ludique mais aussi et surtout Blade Runner.

Le film de Ridley Scott avait alors pas très bien marché en plus de recevoir un accueil plus que mitigé de la critique. Il a depuis été réévalué comme une œuvre culte et nul ne peut nier son influence imposant les bases de toute une esthétique de SF néo noir.

Il s'agit pourtant de l'adaptation d'une nouvelle de Philippe K.Dick les Android rêvent-ils de moutons électriques a qui on
doit les noms de la chaîne Nexus 6 et de la maison d'édition les moutons électriques, écrite en 1968 elle précède donc largement le mouvement qui nous intéresse, ce qui lui vaut le qualificatif de proto-cyberpunk.

Car avant de rentrer de plein pied dans ses foutues années 80 la SF est passé par l'effervescence des années 60-70 marquée par les contre-cultures des mouvements d'émancipation dans tous les sens et une volonté générale de retourner la table.

Nombre d'auteurs de cette période comme Michael Moorcock, Ursula K. Le Guin et évidemment Dick avait sauté à pieds joint dans ce train lancé à toute vitesse bien décidés à dépoussiérer eux aussi les codes de la vieille SF à papa.

C'était parti pour une nouvelle vague de SF avec des formes littéraires plus expérimentales mettant en scène des antihéros têtes brûlées débarrassées de la foi aveugle envers l'avenir.

Bonjour le sexe la drogue, mais aussi les questions de classe et d'aliénation la défiance envers l'ordre social les nouvelles technologies et l'avenir en général avec la perspective d'un effondrement civilisationnel, et oui comme on l'a expliqué dans notre vidéo pour l'Huma sur la montée du post-apo le 20e siècle avait déjà sévèrement douché les espoirs naïfs en un progrès technique avançant main dans la main avec un progrès social.

Esprit de ces décennies oblige, cette nouvelle vague donne tout de même corps à des utopies nouvelles comme avec la société
anarchiste dans Les Dépossédés ou celle de Star Trek, c'est cet esprit là qui se mange de plein fouet les années 80, la contre-révolution conservatrice et l'hégémonie du rêve ultralibéral, la foi en la mondialisation, la fin des trentes glorieuses. La contre-offensive des grandes entreprises et la victoire du discours managérial.

Les années fric, le tournant de la rigueur, there is no alternative, la fin de l'histoire bref la réaction.

Une réaction sans pitié à ces années 60-70 qui l'emporte pour les décennies à venir. Dont acte la SF qui intègre elle aussi ce nouveau logiciel sans partager son enthousiasme béat.

Les futurs se font entièrement dystopiques, privatisés et policier dirigé par des méga corporation de la tech toute puissante et où les inégalités sociales se creusent avec leur lot de précarité, d'insécurité et de systèmes D du turfu, ou tout État de droit ayant disparu il
reste pour les classes possédantes l'impunité et pour les classes laborieuses la criminalité comme face d'une même pièce.

Toute la société se résume pour paraphraser Gibson a une expérience accélérée de darwinisme social, les personnages plus des abusés roublard et individualiste pioche dans les figures dites anti-politiques qu'on trouvait dans le western et surtout dans le polar noir

Les figures du cyberpunk sont qualifiées de détectives de cow-boy et de samouraïs d'un genre nouveau les errances bioethniques à la kerwax se déplace dans les ruelles de mégalopole tentaculaire d'où la nature a définitivement disparu.

L'exploration new age de paradis artificiels a été remplacé par des réalités virtuelles, quant à l'espoir de changement il a été écrasé par les gratte-ciel.

Si les détectives et les hackers jouent contre ces sociétés brutales détournant ces technologies a leur avantage c'est dans un espoir de survie ou de tirer leur épingle du jeu, car évidemment les années 80 c'est aussi l'avènement de nouvelles technologies porteuses d'autant de promesses que de crainte.

Le Time choisi l'ordinateur comme son homme de l'année 1982 succédant ainsi à Regan puis un Lech Walesa annonciateur de la fin du bloc soviétique et précédent a nouveau Reagan.

Le silicium de l'électronique donne son célèbre nom à la Silicon Valley, l'informatique
s'apprête à révolutionner nos vies et le jeu vidéo s'empare de la culture populaire.

N'oublions pas que les nerds et les geeks qui prennent alors le pouvoir respectivement dans ses industries émergentes et sur la culture
populaire proviennent eux-mêmes des contre-culture.

Voilà la recette du nom cyber pour l'aspect technologique ici l'informatique et punk pour les racines contre culturelles pas
n'importe quelle racine puisque le punk est le mouvement qui débarque à la toute fin des années 70 et proclame *NO FUTURE à partir de là comme sa maman les années 80 le cyberpunk semble ne jamais vouloir complètement disparaître.

Le livre considérait comme le fondement absolu du genre sort en 1984 No Romancer toujours de William Gibson, seul et unique a remporter le triptyque de prix Nebula Philippe K.Dick et le Hugo. En gros niveau SF c'est comme remporter à la fois la Palme d'Or l'Oscar et dépouillé les Golden Globes.

D'ailleurs si ces classiques vous intéresses s'ils ont été réédités avec une traduction entièrement retravaillée par Laurent kesci au Diablo Vauvert

ah et tiens qu'est-ce qu'on trouve aussi chez ce bien bel éditeur mon livre sur les méchants le syndrome magnéto disponible chez vos libraire préféré oh là là c'est pas fou ça ?

Bref le héros du Neuromancien évidemment un hacker chose amusante le daron du cyberpunk ne bite absolument rien en informatique bien qu'il soit depuis devenu un twitos prolifique qui relay toute la journée des trucs de boomer de gauche comme un vieux fourneau.

Lui il est plutôt du genre à avoir vadrouillé dans les années 70 en testant pas mal de produits ironie absolue il a écrit neuromenser sur une bonne vieille machine à écrire signe de son impact culturel après la littérature le cinéma et le manga le genre envahit la BD en général la télé l'animation le jeu de rôle et même le jeu vidéo.

Au Japon il perpétue ses formes particulières au non subtil de extreme japanes cyberpunk sous l'influence de la scène underground et notamment punk bien sûr, ils mettent en scène leur propre imaginaires de low life high-tech c'est-à-dire vide bas-fonds et haute technologie dans des esthétiques urbaines et industrielles avec comme particularité une passion pour le body, horror les corps mutants artificiels ou transformés par la technologie.

Pourtant et contrairement à ce que sa longévité laisse penser le cyberpunk devient très vite un imaginaire à un peu daté dont les anticipations manquent un paquet de cibles la réalité virtuelle se résumait alors à ce qu'on sera amené à appeler les casques à vomi pour se connecter en permanence on préfère aux implants cérébraux les ordinateurs de poche, pas de voiture volante à l'horizon c'est internet la vraie révolution technologique qui emporte nos sociétés.

Bravo vous êtes sur Internet vous allez voir c'est facile

Dès les années 90 on est déjà dans l'âge d'or du post-cyberpunk qui joue de son esthétique maintenant bien établie et ajoute plus d'ironie et détourne ses codes ne décrivant plus nécessairement un avenir high-tech dystopique les auteurs historiques se lassent eux-mêmes du genre et beaucoup passa à autre chose

Dès 1987 le cyberpunk était devenu un cliché d'autres auteurs l'avaient changé en formule la fascination de la pop culture pour cette vision fade du cyberpunk sera peut-être de courte durée, le cyberpunk actuel ne répond à aucune de nos questions à la place il offre des fantasmes de pouvoir, les mêmes frissons sans issue que procurent les jeux vidéo et les blockbusters ils laissent la nature pour morte accepte la violence et la cupidité comme inévitable et promeut le culte du solitaire.

Bon en Occident on essaie beaucoup de transcrire cette imaginaire au cinéma mais c'est pas toujours probant, bon alors par contre au Japon le genre continue lui de péter la forme enfin ça c'est jusqu'à ce qu'un signe noir sorte de nulle part pour terminer la décennie

Matrix marque un tournant dans le cinéma de SF même de l'industrie du cinéma en général en fait il fournit une synthèse de ce qu'il précède tout en proposant une approche renouvelée en un coup de tonnerre culturel, et pourtant matrix n'a pas tant ressuscité le cyberpunk qu'offert un baroud d'honneur tenez même la mode de Matrix-like qui a suivi le carton du film non retiennent même pas spécialement laspect cyberpunk.

Nous voilà dans l'hiver nucléaire pour le cyberpunk doublé comme on l'a expliqué par le post-apo comme son papa le punk il n'est pas mort il s'est dilué et ça on y reviendra on délaisse le cyber au profit de nouvelles technologies comme avec le nanopunk ou le biopunk

C'est seulement a partir des années 2010 qu'on voit le cyberpunk sortir petit à petit de son bunker pour aboutir à ce qui semblent être un véritable revival et si pour savoir qui a tué le cyberpunk il fallait d'abord se demander qui l'a ressuscité et surtout pourquoi

Revival

notre Prophète le cyberpunk reviendrait-il sur terre pour nous guider, on en perçoit des signaux faibles tout au long de la décennie jusqu'à une apothéose pourquoi ce soudain revival ? est-il le signe que le genre va retrouver un avenir ?

en parlant d'une autre et s'imposer à nouveau comme majeur dans la SF contemporaine les raisons paraissent sautées aux implants oculaires intensément d'imaginaire semble coller plus que jamais au problématiques actuelles c'est la thèse plutôt convaincante défendue par le bien nommé cyberpunks not dead de Yannick RUMPALA.

Le cyberpunk nous apparaît désormais comme familier, on vit dans une société je ne vous apprends rien une société où le technocapitalisme étant son règne et ses promesses plus encore que dans les années 80, des technologies organisées autour d'interface homme machine interface par lesquelles passent notre rapport au monde

Alors certains on a préféré pour le moment donner des extensions à nos corps et nos esprits plutôt que des puces et un plan cybernétique même si la Silicon Valley investit sa R&D comme jamais pour nous promettre que cette fois c'est la bonne qu'en plus juré ça n'est pas la pire idée dans la longue et triste histoire de l'humanité.

Une technologie de plus en plus absorbée par les corps et des corps de plus en plus absorbés par la technologie, le cyber c'est effectivement greffé textuellement dans les cyberguères, la cybersécurité, et la cybersurveillance, la domotique, les algorithmes et les IA explosent faisant désormais partie de notre quotidien. L'informatique en général devient totalisante en s'étendant à chaque aspect de nos vies l'enjeu n'est plus de contrer la technologie comme des ludiques modernes mais de la maîtriser l'utiliser à nos propres fins la détourner après tout les hackers bien réels font désormais partie des figures de contestation, les mégalopoles ont poussé de partout comme des champignons et l'urbanisation n’est pas près de s'arrêter.

Presque 60% de la population vit aujourd'hui dans une ville population qu'on estime pouvoir doubler d'ici 2050 des villes comme lieu de déshumanisation, d'atomisation et d'anonymat.

La marche de l'histoire tend vers la privatisation du monde le capitalisme sous sa forme dite financière c'est dématérialiser en des flux des données des opérations informatiques automatisées comme dans Johnny Memonic les données elles-mêmes deviennent une richesse prisée il s'est également des territorialisé à franchi des frontières et des régulations se fondant désormais sur des multinationales ce capitalisme tardif annoncé par Ernest Mandel 10 ans avant l'avènement du cyberpunk et désormais partout et donc nulle part.

Les structures collectives les institutions publiques et les corps intermédiaires disparaissent petit à petit rendu impuissant ou jeté en pâture aux puissances privées le cyberpunk puise dans les changements structurels et philosophiques des entreprises dans les années 80 son ére des méga corporations nous la vivons comme annoncé.

Fini le capitalisme industriel à la pap, les grands groupes tenus par quelques grandes familles, et des conseils d'actionnaires
anonymes démultiplient leurs activités pas étonnant que le genre présente souvent un avenir entre americanisation et influence thématique asiatique en miroir de ses principaux pays producteurs d’œuvres que sont les USA et le Japon, ce dernier avec son miracle économique faisait alors office de précurseur, à la fois fleuron de la tech et organisé autour des Keiretsu héritière des Zaibatsu qui ont tant inspiré Gibson.

D'énormes normes conglomérats familiaux implantés dans de multiples secteurs à coups de fusion acquisition

Le sang Zaibatsu c'est l'information pas les individus. La structure est indépendante des vies individuelles qui la composent. L'entreprise devenue forme de vie

New Rose Hotel, William Gibson (1986)

Ces entreprises omnipotentes deviennent des organismes tentaculaires non plus des services mais des marques à l'identité propre

Dans une société de contrôle on nous apprend que les entreprises ont une âme ce qui est bien la nouvelle la plus terrifiante du monde

Gilles Deleuze, Pourparlers (1990)

Les élites elles continuent dans leur séparatisme si elles ne sont pas encore parvenues à rester en orbite ou sur d'autres planètes elles
vivent coupées du reste d'entre nous dans les ghettos du gotha, les Gated community, au-delà du monde et des frontières qui s'imposent encore à l'inverse à la masse des déplacés et des plus pauvres.

Ils se projettent dans leur propre ville apatrides au milieu de l'océan ou du désert sans plus jamais toucher terre, littéralement hors sol evadé du reste de la société autant que de la fiscalité. Se plaçant tout comme leur richesse accaparée offshore

Des élites en rupture avec l'humanité elle-même via des rêves d'immortalité et de transhumanisme, séparé du genre humain par le gouffre béant des inégalités ou la classe moyenne disparaît comme le prolétariat renvoyait à un précariat ou un lumpenprolétariat pour être un peu old school, avec pour seul perspective la survie quotidienne.

Entre eux et des riches toujours plus riches plus rien, aucun optimisme aucune issue aucun contre modèle à chercher dans ce monde cyberpunk car la précarité c'est le NO FUTURE,

La précarité affecte profondément celui ou celle qui la subit en rendant tout l'avenir incertain, elle interdit toute anticipation rationnelle et en particulier, ce minimum de croyance et d'espérance en l'avenir qu'il faut avoir pour se révolter, surtout collectivement contre le présent, même le plus intolérable.

Pierre Bourdieu, Contre-feux (1998)

On parle parfois de techno-féodalisme à autre nom pour les rêves mouillés des libertariens, un terme en apparence paradoxal ou la concentration de richesse et des technologies toujours plus puissantes toutes deux libérée de leurs entraves amènent à une régression sociale rappelant la féodalité un monde de technobaron et de cyber-serfs même si nos rues ne regorgent finalement pas de cyborgs les verrous moraux ont sauté pour ouvrir la voie à une conquête de nouveaux marchés par une technologie débarrassée des considérations éthiques et prolonger la marchandisation de tout jusqu'au plus profond des corps et des esprits.

Donnez-le vous pour dit désormais c'est le Far West sauf que la frontière a été repoussée vers de nouveaux territoires c'est nous.

La technologie n'apporte plus le bonheur collectif elle renforce au contraire les injustices en profitant à quelques-uns. Le cyberpunk décrit littéralement un monde d'après, post-humain, post-national, post-politique, monde d'après qui serait notre présent.

Serait-il alors effectivement le meilleur genre de SF pour faire le bilan de notre époque et en imaginer les perspectives ?

Coup dur du coup vu qu'il en a pas de perspective mais pas étonnant qui s'impose à nouveau à nous et de beaux jours devant lui à moins que ...

Rétrofutur

Si tout ce que je viens de dire est tout à fait vrai il faudrait pas oublier une caractéristique cruciale de ce revival

Survival il s'inscrit dans un phénomène bien plus large qui définit beaucoup notre moment culturel tout particulièrement dans la pop culture la nostalgie des années 80

Parce qu'il représente notre futur mais parce qu'il représente le futur des années 80, ça ça change tout et l'ironie de la chose et pire que vous le pensez car figurez-vous que le cyberpunk alors qu'il commençait à être délaissé par ses créateurs à très vite donner naissance à des sous genres dont vous avez sûrement entendu parler à commencer par le steampunk popularisé par le roman de 1990 the different engine sous les plumes de Bruce Sterling et ce bon William Gibson.

On pourra y ajouter tout un tas d'autres dérivés du même tonneau comme le diesel-punk, laser-punk, l'atome-punk ou
en fait tout ce que vous voulez. Le principe reste le même remplacer cyber par n'importe quel autre technologie dont va découler tout un univers. Mais ces héritiers ont une particularité il s'agit le plus souvent de rétro-futurisme le plus connu le steampunk donc donne une science-fiction victorienne partant des débuts de l'industrialisation pousser plus loin les perspectives de la vapeur

Attention si ce genre s'inspire d'auteur de l'époque comme Jules Verne ça ne fait pas de vingt mille lieues sous les mers une œuvre steampunk car ce n'est pas du rétrofuturisme. A ce moment-là c'est juste la SF de l'époque celle à laquelle revient le steampunk en imaginant non plus un futur mais une uchronie, une histoire alternative ou le monde aurait pris une direction différente, et ça marche en fait avec n'importe quoi je vais prendre des exemples bien de chez nous qui illustrent bien ça.

Le château des étoiles c'est une fort belle BD de Alex Alice débutant en 1869, bon alors l'esthétique c'est complètement un délire steampunk faut se calmer à inventer un sous genre à chaque variante mais on pourrait presque dire etherpunk du fait de sa technologie centrale en effet une partie de la science de l'époque postulait l'existence d'une matière constituant le vide spatial. l'ether évidemment maintenant on sait que pas du tout mais le château des étoiles part de cette science de l'époque imagine qu'elle avait raison et en fait découler une science-fiction un futurisme mais du passé un rétro futurisme.

L'intérêt n'est donc plus la prospective et l'exploration de futurs possibles mais l'exploration d'époque passé et de futurs qu'elles auraient pu croire possible. Sauf que non comme on le constate tous les jours d'ailleurs ces sous genre accorde souvent une grande importance au contexte historique traditionnellement on trouvera dans cette SF des événements mais aussi des personnages bien réels qui côtoient des personnages fictifs souvent issus de la culture de l'époque.

Autre oeuvre que Cocorico, la Brigade Chimérique de Serge Lehman et Fabrice Colin prend le parti du radium punk où les découvertes de Marie Curie donnent naissance dans de guerre à des genres de super héros européens tous en réalité issus de la littérature populaire de l'époque. Le contexte historique et politique y est central on y aperçoit André Breton où Irène Joliot-Curie autant que des personnages issus de la littérature populaire de l'époque qui viennent en incarner des phénomènes réels. Le génie du mal allemand docteur Mabuse ou Gog personnage du roman éponyme de l'écrivain fasciste Giovanni Papini pour les forces de l'Axe. L'URSS de Staline qui pioche ses agents en exosquelette dans nous autres un roman de science-fiction soviétique tandis que le nyctalope dont on doit les aventures foisonnantes à l'écrivain collabo Jean de La Hire devient protecteur de Paris

Bien que la démarche soit la même la période couverte ici ne correspond plus au steampunk mais plutôt à un autre genre le diesel punk même si elle fait le choix d'une autre technologie avec le radium. Qui dit époque différente dit problématique différente si le steampunk aborde les débuts de l'industrialisation et se prête aux questions de classe de progrès ou de colonialisme on développe plutôt ici le contexte d'entreux de guerre les tensions en Europe la montée des fascismes ou le communisme vous voyez le truc le rétrofuturisme peut servir à explorer des problématiques du passé qui résonnent dans le présent enfin quand c'est bien fait quoi comme par exemple avec frostpunk qui mobilise le steampunk pour évoquer les bouleversements climatiques en revenant à leur point d'origine qui est l'industrialisation parce que le problème justement c'est que ce côté rétro peut se limiter à une nostalgie pour une esthétique et une époque fantasmée et à une approche purement référentielle.

Non mais il suffit de voir le steampunk lorsque c'est résumé à mettre des rouages sur un haut de forme à tous porter ces mêmes de lunettes Gogole et à se faire appeler Lord de Nicodémus Phinéas Kumberclock aventuriers en montgolfière évacuant toutes les thématiques à un peu gênantes pour pouvoir fantasmer une ére victorienne sans regard critique.

Voilà la terrible ironie du cyberpunk genre ultramarquant d'une époque sont suffixe à couche de rétrofuturisme sans en être un lui-même avant d'en devenir un son tour une uchronie des années 80 où le cyber est une technologie datée au charme désuet vers laquelle on aime revenir comme une culture doudou.

Je vais reprendre un exemple très symptomatique pour bien comprendre ça dans Blade Runner on peut voir partout les logos Atari parce
qu'on est en 1982 et que le jeu vidéo c'est le truc du cyber futur et que le jeu vidéo, bah c'est Atari mais quand en 2017 Blade Runner 2049 force encore plus sur Atari ça représente plus du tout le futur c'est une référence nostalgique. Résultat ce qu'on reprend c'est une esthétique et des codes figés y compris dans des thématiques dont on sait plus forcément trop quoi faire.

La pertinence s'est émoussé la charge subversive s'est épuisée c'est marrant d'ailleurs vous noterez que les dérivés se sont construits avec le suffixe punk pour dire c'est comme le cyberpunk sauf qu'au lieu d'être cyber c'est inséré autre technologie alors que bah il y a absolument plus aucun rapport avec le punk parce qu'au final c'est pas le cyber qu'on a perdu c'est le punk

Punk is dead

Si on y réfléchit bien ce destin est tout à fait logique le punk justement bah ça a été une contre-culture pertinente à un moment et depuis bah c'est une esthétique et un état d'esprit un peu daté un peu folklo qui renvoie une époque. Dans la pop culture ça s'est dilué dans un imaginaire rétro des années 80 pour fournir des cyborgas crête de la chair à canon pour beat them all à l'ancienne et des A tagués dans des ronds

Alors le punk c'est pas les c'est pas que les Sex Pistols franchement c'est beaucoup plus c'est beaucoup de groupes c'est des groupes comme crasse qui existent encore aujourd'hui qui sont des anarchistes convaincus qui ont jamais signé sur une grosse boîte qui sort des des disques qui font quasiment au même point ils les prête pas mais ils en sont pas loin ça c'est un groupe c'est vraiment aussi un groupe très emblématique mais qui a jamais été très médiatisé parce que c'était pas ce qu'ils recherchaient. Il y a eu des gens qui ont surfé sur la vague punk, les Sex Pistols ce qui était vraiment un groupe punk mais qui a après été développé comme un comme un produit marketing comme Plastic Bertrand pour nous pour pour les Français les Belges on en rigolait pas mais c'est le plus grand groupe punk et à côté il y avait les Béru ou les bibliques qui étaient pas du tout des groupes qui sont rentrés dans ce système là donc ça c'est pour l'histoire du punk mais effectivement oui les sexpistols, il y a une récupération et puis il y avait aussi le fait que cette contre-culture et ben elle devient moins la contre-culture à partir du moment où elle s'intègre dans la culture générale

Punk : Tout est dans le suffixe ?

Avec Lizzie Crowdagger, Karim Berrouka, Léo Henry, et Alex Nikolavitch.

C'était la contre-culture d'une culture qui décrétait la fin de l'histoire, une contre-culture qui disait nos futurs et à partir du moment où il y a nos futurs et ben il lui reste quoi à la SF bah il lui reste la perspective de fin du monde avec la domination du post-apo qu'on a abordé sur l'humain vous pouvez enchaîner là-dessus à la fin de cette vidéo ou se tourner vers les futurs du passé quand on envisageait qu'il y en aurait un et donc le rétrofuturisme.

Le cyber lui il est bel et bien là dans nos vies mais où est le punk où est la contre-culture, finalement ça m'étonne pas qu'on se retrouve plus dans des imaginaires comme heure très loin du cyberpunk plus banal plus clinique qui ressemble plus à ce qu'on a ce qui m'avait fait dire un jour en live on vit vraiment dans la dystopie la plus nulle du monde quoi.

C'est vraiment la en fait c'est la COGIP cyberpunk c'est vraiment en fait on a on a la dystopie sans avoir les costumes cool et les néons partout quoi

Alors j'ai envie d'appeler ça du COGIP-punk parce que de fait ouais l'idéologie managériale de l'époque a bel et bien fini par infuser toutes les strates de la société de l'entreprise à l'économie en général et à la sphère politique jusque dans notre quotidien et nos modes de vie. A la place des bras bioniques dans des blousons noirs avec mot câblés on a des happiness manager radicalisés sur Linkedin...

Le bonheur au travail ce n'est pas qu'une question de cadre de travail, bien sûr nous avons une table de ping-pong, ou une salle de sieste, un espace jus de fruits, un espace smoothie, un espace smoothie à la banane, un vélo elliptique pour 400, des iPad pour faire du yoga tous les matins le break face meeting convivial de 8h30 et l'occasion d'appeler chaque collaborateur par son prénom pour vérifier qu'il est bien là ouvert aux autres et dans l'instant présent de 8h30 pétantes

Chief Happiness Dictator par Karim Duval (2020)

alors moi je trouve ça aussi abyssalement dystopique et ça me terrifie mais ça a même pas le mérite d'être stylé d'où la pétance nostalgique pour le cyberpunk à l'ancienne d'ailleurs le dessinateur boulet avait proposé dans une super BD le concept de Fornica-punk il y a même le Giscard-punk pour à peu près la même chose parce que non soyons honnêtes on vit pas dans Neuromance pas même dans Black Mirror on vit dans dava

défenseur acharné de l'éducation financière dès le plus jeune âge nous n'aurons de cesse de vous offrir tips après tips, quoi qu'il en coûte pour vous sortir en fin de cette pauvreté confort qui vous gangrène, car le tabou sur l'argent est un sacré fléau dans le monde actuel un génocide qui ne dit pas son nom

DAVA - Qui sommes-nous DAVA (2017)

le futur cyberpunk a fini par apparaître pour beaucoup consciemment ou non comme un avenir impossible on y croit plus pourquoi faire avec quelles ressource comment vous voulez que ça se casse pas la gueule avant

Bon il y en a qui croit encore c'est vrai et c'est intéressant à observer on l'a dit les Zinzins de la Silicon Valley sont aussi le produit de ces contre-culture et mater ce qui sont devenus à ça c'est clair le devenir cyberpunk il force à mort dessus pour reprendre la blague

j'ai écrit le cybercule de l'Apocalypse comme un avertissement envers une humanité qui court droit à la catastrophe [Musique]
je suis heureux de vous annoncer que nous avons créé le cybercule de l'Apocalypse issu du roman visionnaire ne créez pas le
cybercule de l'Apocalypse

Je déconne à peine le terme metaves vient lui-même du roman post cyberpunk snow crash de Neil Stephenson en même temps soyons tout à fait honnêtes l'imaginaire cyberpunk cristallise certes des craintes mais aussi une fascination ce que j'aime appeler le syndrome Jurassic Park. Le film montre qu'il faut surtout pas ressusciter des dinosaures mais on veut le voir parce que il y a des dinosaures de ans et il nous donne à rêver qu'on puisse en croiser un jour. Mais où est passé la veine punk du détournement du hacking de la débrouille
du Do It Yourself et des espaces alternatifs à faire vivre dans les interstices d'une société épouvantable. La façon pour les prolos et les marginaux de la propriété de conserver la maîtrise de ces outils si aliénant.

Et ben non du cyberpunk on a gardé des patrons savants fous qui torturent des singes pour leur coller des neuralink mais qui sont mais alors persuadés d'être les héros.

Si vous voulez savoir je suis un genre d'anarchiste utopique comme l'a si bien
décrit Iaine Banks (auteur de SF)

Elon Musk (Twitter, évidemment)

C'est logique en même temps pour les hyper riches le cyberpunk a toujours été en quelque sorte une utopie résultat et nous font des trucs du futur qui marchent pas en plus d'être dangereux et cerise sur le gâteau dans des versions nulles à chier, c'est peut-être ça le truc qui saute aux yeux quand on voit ce qui reste à quel point c'est parodies humaines ont un imaginaire pauvre.

Leur univers intérieur c'est le désert sans même parler des aspects plus concrets de tout ça, regardez la gueule de méta regardez la gueule des NFT, regardez la gueule de Dubaï de NEOM, de the line.

Mais ici je le répète ces gens sont des amputés de l'imaginaire c'est eux qui sont aux manettes et prétendent concevoir notre futur leur utopie c'est non seulement des dystopies pour la très grande majorité d'entre nous mais en plus elles sont éclatées.

Pour le coup pas étonnant qu'un film comme Matrix est fait autant de bruit avec son approche au final il reprenait les idées cyberpunk pour dire que la matrice ben c'était le monde dans lequel on vivait un monde déjà COGIP-punk

attendez les gars calmez-
vous c'est parce que vous croyez je vous jure je sais rien je suis sûr que cet
c'est quelque chose il bluff [Musique]

Avec ça matrix n'a pas tant relancé le Cyberpunk qui l'avait clos bon et au-delà de ce qu'on peut penser du dernier film la démarche de Lana dit à peu près tout

Dans la première trilogie notre regard était prospectif nous avions compris que les ordinateurs et le virtuel allaient devenir de plus en plus important je voyais donc pas l'intérêt de revenir agiter les mêmes idées 20 ans plus tard

Lana Wachowski, Premiere (2021)

Alors bon le cyberpunk a-t-il vraiment un avenir en dehors d'un revival année 80 qui lui-même j'espère va s'essouffler. Cyberpunk peut-être pas tout à fait dead mais cyberpunk finito

Plot twist : Fin ?

Ca c'est la conclusion que j'aurais faite à la base mais laissez-moi vous raconter une petite histoire je faisais un tour comme d'hab au festival de SF les intergalactiques où j'ai pu participer à un paquet de table rondes et sur une en particulier il y a eu un déclic, la table se déroule sous l'égide de l'essayiste Raphaël Colson spécialiste du genre qui m'a aidé à écrire cette vidéo en bonne partie basée sur ces travaux il faut être honnête.

Dans les intervenants on retrouve Yann Minh un artiste multicasquette, alors lui c'est totalement un Cyberpunk à l'ancienne qui fait vivre le truc à fond. A côté on a deux auteurs de SF Michael Roch et Boris Quercia. Dans la discussion forcément ça parle de tous ces trucs de Zuckerberg, de Musk, les cryptos, vous avez compris ce que j'en pense. Et puis il y a ces deux auteurs qui écrivent la à l'heure actuelle des œuvres cyberpunk ou inspiré du cyberpunk.

Je parlais de renouveau je pense qu'il y a effectivement une réappropriation qui se fait dans la marge évidemment sur les sur les bases de ce que fait l'auteur du Neuromancien ou le cyberpunk devient un outil pour lutter contre un pouvoir politique, parler des marges de l'Occident ou justement le né- néolibéralisme extrême est déjà en oeuvre c'est faire preuve que le que le cyberpunk n'est pas mort on le présente qu'on le présente dans un récit futuriste mais c'est la réalité présente de de ce qui se passe. Moi j'ai des collègues aux Antilles mes collègues ont bossé dans des choses sur les effets spéciaux de films comme Le Hobbit, comme John Carter de mars etc etc... Et en fait souvent on se fait des visios et ils me disent Mike je vais je vais être obligé de laisser le visio là parce que je dois aller m'occuper des beufs qui sont dans le champ une heure plus tard ils sont sur leur PC en train de faire de la FX pour des films quoi. Ce rapport un peu un peu dans la dualité c'est ce qui va provoquer peut-être ce nouvel imaginaire, c'est originalité de du cyberpunk cette renaissance. Mais encore une fois on est on est clairement dans un temps présent totalement tarabiscoté.

là-dessus Boris cuersia prend aussi la parole je vous invite à voir la table ronde en entier mais en gros lui aussi il nous raconte une histoire qui vient de son Chili natal celle d'un pauvre type qui mange de la viande bon marché dans la rue et qui se retrouve avec une puce greffée dans le bide parce que cette viande appartenait en fait à un chien quilui-même appartenait à des riches qu'il avait pucer dernier cris et voilà comme on était né le premier cyborg chilien.

aujourd'hui je peux pas séparer la technologie tout ce qui est social parce que finalement on sait pas tout le monde va avoir accès à cette technologie cela ça s'identifie, ça se voit très clairement, en Amérique latine il y a fait mais directement à la à l'ensemble de
la quotidienne d'une personne.

Ces bâtards ils m'ont montré ce que j'avais pas vu et en même temps est-ce que ça devrait me surprendre qu'un vrai renouveau pertinent
du genre viennent d'un auteur des Antilles et d'un autre d'Amérique latine.

Qu'est-ce qu'il y a de plus cyberpunk que le premier pays à avoir adopté des crypto comme monnaie officielles qui nous donne des titres comme au Salvador la méga prison des gangs polluent les rivières je critique cette esthétique nostalgique ce cyberpunk superficiel comme on le retrouve dans une pop culture mainstream qui recycle les mêmes poncifs mais j'en sortais pas tellement pour aller voir ailleurs non plus j'avais mon casque VR de geekos americanisé vissait sur la tronche je pensais voir le code mais je sortais pas de la matrice c'est pas parce que je constatais toujours justement je le pense que la culture populaire mondialisée très dominée par le nord n'avait plus grand chose à dire avec le cyberpunk que d'autres eux n'avaient plus rien à en dire

A LIRE

  • Cyberpunk's not dead - Yannick Rumpala (Éditions Le Bélial)

  • Tè Mawon - Michael Roch (Éditions La Volte)

  • Electrocante / Les rêves qui nous restent - Boris Quercia (Éditions Asphalte)

  • Neuromancien / Mona Lisa Disjoncte / Comte Zéro - William Gibson (Éditions Au Diable Vauvert)

Les tables rondes des Intergalactiques :

  • Cyberpunk : l'imaginaire d'un techno-futur ? img • Cyberpunk : l'ima...

  • Punk : tout est dans le suffixe ? img • Punk : tout est d...

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June 24, 2023 at 2:25:37 PM GMT+2

Une oeuvre d'art contre les algorithmes de recommandation PostAp Magazinehttps://postapmag.com/horizons/art/signes-times-scott-kelly-ben-polkinghorne-interview/

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Les recommandations en ligne téléportées dans le monde réel !

2 septembre 2017

Signs of the times Nouvelle-ZélandeMountain wide hires, Signs of the Times © Scott Kelly et Ben Polkinghorne

Installation artistique déroutante et poétique, Signs of the Times part d’une idée de génie : décliner le principe des recommandations en ligne… dans le monde réel. Des pancartes, au beau milieu de la nature, vous proposent ainsi de visiter des lieux « aussi pittoresques que celui où vous vous trouvez ». Interview – décryptage avec leurs concepteurs.

Quand on leur demande « Qui dirige le monde ? », Scott Kelly et Ben Polkinghorne répondent : « les algorithmes de recommandation de filtrage collaboratif ». Ces suggestions, omniprésentes en ligne, apparaissent en fonction de ce que nous regardons, achetons et aimons, autant dire que l’étendue de leur influence est exponentielle. Sur Facebook elles ressemblent à : « Vous avez aimé ceci, vous aimerez cela » ; sur les sites e-commerce comme Amazon, les recommandations peaufinent leur pitch commercial : « Ceux qui ont acheté ceci ont également acheté cela ».

Amusante, pertinente, l’œuvre de Scott Kelly et Ben Polkinghorne (« aussi connus comme « Ben Polkinghorne et Scott Kelly », disent-ils d’eux mêmes) s’expose tout autour de la Nouvelle-Zélande. Pancartes intrusives situées dans des endroits pittoresques, elles indiquent d’autres endroits typiques que vous pourriez aimer. Si leur idée se veut d’utilité touristique, elle nous permet surtout de réfléchir à l’impact quotidien de ces recommandations.

P.A.M. Comment l’idée a-t-elle pris forme et quand avez-vous débuté le projet ?

S.K. et B.P. Nous sommes des créatifs, on bosse en équipe pour la publicité mais nous aimons aussi réaliser des projets parallèles. Nous avons eu l’idée durant l’été 2017, le projet ne s’est pas fait tout de suite car il y avait un peu d’exploration et de conception. Ensuite nous avons choisi des lieux publics de haut niveau, tout autour de la Nouvelle-Zélande.

Plutôt que de simplement faire une analyse unique, nous voulions montrer une gamme de panneaux. Ceux-ci ont été fabriqués chez nous par James, à Adhere. Ils font quatre mètres de large et le transport n’a pas été très simple, on nous a parfois lancé des regards interrogatifs. Une fois installés, nous nous sommes assis et nous avons regardé comment les gens les appréciaient. Puis nous avons, assez récemment, commencé à communiquer en ligne à propos du projet, et la réponse est très positive.

P.A.M. L’avez-vous mis en œuvre avec l’aide, ou l’accord, ou un contact formel, avec les autorités néo-zélandaises ? Si oui, comment ont-elles réagi ? Combien de temps les panneaux d’affichage doivent-ils rester en place ?

B.P. et S.K. Non. Pour ce genre de projet, nous croyons qu’il est bien plus facile de demander le pardon que la permission. Nous les avons donc installés partout. Notre but est simple, nous souhaitons donner le sourire aux gens pour qu’ils considèrent un instant à quel point il est fou que toutes nos décisions en ligne soient finalement fabriquées pour nous. Les réactions sont d’ailleurs si bonnes qu’un grand parc à Auckland nous a contactés pour discuter de l’installation d’un panneau permanent et personnalisé. Ce serait tellement cool !

**P.A.M.**Sur la page du site consacrée au projet, vous fournissez le lien pour une analyse approfondie de ce qu’on appelle les « Chambres d’écho » [L’idée selon laquelle les réseaux sociaux, en raison de ces recommandations automatiques, au lieu de nous ouvrir sur le monde, nous enferment autour de nous, autour des gens qui partagent les mêmes opinions, comme une chambre d’écho qui ne nous renverrait que ce que nous y apportons, ndlr]. C’est plutôt original pour une œuvre d’art. Pouvez-vous développer ? Pourquoi et comment vous voulez donner au lecteur ce genre d’information, ou de pensée ?

S.K. et B.P. Nous aimons Internet et, si ce n’est pas tous les jours, nous utilisons régulièrement des sites comme Amazon, Netflix, Facebook et Asos… Une fois que nous avons eu l’idée, nous avons pris le temps d’examiner le projet. Nous ne savions d’ailleurs même pas qu’il existait un nom particulier pour les encarts du type : « Si vous aimez ceci, vous pourriez aimer cela ».

Le monde des algorithmes de recommandation et de filtrage collaboratif est fascinant. Il y a par ailleurs un article auquel nous avons participé, ce n’est peut-être toujours pas une lecture facile, mais on part du principe que plus nous en savons, plus c’est intéressant : Comment les systèmes de recommandation affectent-ils la diversité des ventes ?

En attendant de découvrir un jour futur l’œuvre des deux Néo-Zélandais près de chez vous, n’hésitez pas à découvrir l’ensemble de leur travail ici. Et pour creuser le sujet, voici quelques bouquins pour en savoir davantage sur les algorithmes et leurs utilisations…

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June 21, 2023 at 10:15:58 PM GMT+2

In China, AI-Generated Fashion Models Are Hugely Popular — and Sexisthttps://www.sixthtone.com/news/1012991

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In China, AI-Generated Fashion Models Are Hugely Popular — and Sexist

China’s fashion models are rapidly being replaced by doe-eyed, big-breasted, AI-generated bots. Women are horrified.

By Shu Xinrou

The model in the picture immediately draws the eye. Slim, busty, and dressed only in a black lace bra and stockings, she smiles seductively as she poses for the camera on a sandy beach. Her fair skin, smooth as porcelain, glows under the sunshine.

She looks too perfect to be real — and she isn’t. Look closely, and her fingers give her away: The nail on her index finger is misplaced, while her thumbnail bends strangely, like a failed retouch job.

Artificial intelligence-generated images like this one have taken China’s fashion industry by storm in recent months. Doe-eyed, big-breasted AI bots are rapidly replacing human models in magazines, store catalogs, and online advertising campaigns. They’re also mesmerizing users on Chinese social media, with the hashtag #AIModel receiving millions of views.

But the trend is already generating controversy. Almost without exception, the AI models conform to a certain — highly sexualized — ideal of female beauty: one that prizes tiny waists, wide hips, and visible cleavage. Many Chinese women say they find the images disturbing — and worry that AI fashion will reinforce toxic, unrealistic beauty standards.

AI models are not unique to China, and the concept isn’t brand-new either. Levi’s recently launched a campaign featuring AI-generated images, while an AI model featured on the cover of Vogue’s Singapore edition in March. But the technology has caught on far quicker here than in most other countries.

The Chinese tech giant Alibaba rolled out a free digital fashion model generator on its e-commerce platforms as early as 2020. The tool — named Taji — allows vendors to select from 100 virtual models of varying ages and ethnicities. Then, they can upload their product photos, and Taji will generate a series of images of the model wearing the clothes in the photos. As of the end of 2022, more than 29,000 vendors had used Taji to produce over 1.6 million AI-generated images, according to an Alibaba report.

The figure is likely far higher today. As elsewhere, the launch of ChatGPT this past November led to a surge in interest in AI content generation in China. Chinese illustrators say they are now regularly receiving inquiries from e-commerce vendors interested in commissioning AI-generated fashion shoots.

The ‘male gaze’ for AI models is definitely a problem.
— Jeff Ding, academic

In March, illustrator Liu Jun posted a video on the Chinese video platform Bilibili explaining how to create photorealistic fashion images using the AI-powered design software Stable Diffusion. The video went viral, racking up more than 150,000 views overnight.

Over the next few weeks, more than 30 companies reached out to Liu to ask about his AI model service, Liu told Sixth Tone. Another illustrator, surnamed Pan, said that 15 Taobao stores and clothing factories had approached him, while another 600 vendors had joined his AI model chat group on the social app WeChat.

Chinese fashion companies tend to be interested in AI models for the same reason: They’re cheap. A human model is typically paid 1,400-1,600 yuan ($200-$225) per hour in China. Factoring in other expenses like makeup artists, photographers, and studio hire, an eight-hour shoot usually costs vendors around 36,000 yuan.

Taji, by contrast, is free. Even commissioning professional AI illustrators — who can produce far more photorealistic and individually tailored images — is far cheaper. Pan said he charges 50 yuan per image, with a minimum of 30 images per order: a total cost of 1,500 yuan. What’s more, AI models don’t get tired, have no schedule conflicts, and are not affected by the weather.

But these AI models often look eerily similar. Overwhelmingly, they are either white women with blue eyes, blond hair, and long legs; or Asian models with wide eyes, big boobs, and a slender figure. Experts caution that this is a feature of AI-generated content: It tends to amplify the cultural biases that already exist in society.

“The ‘male gaze’ for AI models is definitely a problem,” said Jeff Ding, an assistant professor at the George Washington University whose research focuses on China’s AI industry. “Since existing gender biases permeate procedures, algorithms, and design, artificial intelligence technology can replicate and reproduce gender inequality.”

This isn’t an inevitable process, however. Illustrators can generate any kind of AI model that they choose. All they have to do is to collect a data set of images in the desired style, and use it to train a machine learning model. The model will then generate new images by replicating patterns and characteristics from the data set.

“The algorithm and data set are the most important factors when generating images of AI models,” said Liu. “There are no fixed standards to determine what the models look like — their appearance is usually decided by the audience.”

The issue is that illustrators — and their clients — are mostly choosing to use data sets crammed with photos of sexually objectified women. Illustrators work on the AI art software Stable Diffusion, which generates images based on a selected machine learning model. Many opt to use ChilloutMix, a pre-trained model on the AI database Civitai, supplemented by the keyword “doll-likeness.”

Selecting these options will automatically produce images of conventionally attractive Asian women, usually scantily clad and showing large amounts of cleavage. It’s the same model that companies use to create “AI girlfriends.”

To prevent the trend from getting worse, it’s important for women to speak up against it on social media.
— Stephanie Yingyi Wang, academic

Gender experts are concerned about the social harm “doll-likeness” AI models may cause. China is already seeing a spike in cases of eating disorders among girls and young women, which is being fueled by extreme “beauty challenges” popularized on social media.

Stephanie Yingyi Wang, an assistant professor who teaches gender and sexuality at St. Lawrence University, said that AI models could make the problem worse. “Doll-likeness” images set even more unrealistic beauty standards, which will trigger more body shame and anxiety among young women. She urged women to call out companies using AI models that “exploit women.”

“To prevent the trend from getting worse, it’s important for women to speak up against it on social media,” said Wang.

That is already starting to happen. A recent viral post about AI models on the microblogging platform Weibo sparked amazement among many users, but also backlash. Soon after, Xu Ke, a master’s student at the China Academy of Art, took to the social platform Xiaohongshu to denounce the sexism inherent in many AI models.

“Can creators be aware that images of female models should serve females?” Xu wrote.

The post quickly generated more than 2,000 likes and a flood of comments from women expressing their disgust with companies using stereotypical AI models. “They’d better sell those clothes to men,” one comment read. “I’ll block the stores that use this kind of image,” another user wrote.

Many Chinese women who spoke with Sixth Tone held similar views. “I was immediately disgusted by the images (in the viral Weibo post),” said Zheng Le, a 30-year-old from east China’s Jiangxi province. “Their looks and body shapes are so unrealistic and sexual.”

“From my perspective, it’s not a good advertisement for the lingerie line — the images of the AI models looked like pictures of porn stars,” said Irene Pan, a 25-year-old who lives in the eastern city of Hangzhou.

The question is whether this criticism will convince Chinese fashion companies to overhaul their advertising practices. Until now, the ecosystem in which AI models are commissioned and created has been dominated by men, according to Xu.

“The AI models in that Weibo post were created by a man, and those who endorsed the technology in the comments section were also men,” said Xu. “The discussion of AI models was led by men.”

From my perspective, it’s not a good advertisement for the lingerie line — the images of the AI models looked like pictures of porn stars.
— Irene Pan, consumer

Xu is optimistic that change will come in time. Women are the target audience for many of the ad campaigns using AI models, and she is confident that most female consumers “are not attracted by AI models at all.”

Lin, a fashion model from east China’s Zhejiang province, said she was confident that AI would never totally replace human models. “AI models are emotionless,” said Lin, who gave only her surname for privacy reasons. “Female customers shop at certain Taobao stores because they’re fans of the models. If they replace human models with AI, e-commerce vendors are going to lose a portion of their customers.”

Rising public awareness of sexism in AI, meanwhile, may lead to fundamental, long-term shifts in China’s advertising industry, Xu said. Companies could be pressured into producing more diverse, and less problematic, types of AI models.

“More women are speaking up against the male gaze problem,” she said. “Maybe in the future, more women will contribute to AI-generated content and train machine learning models from a feminist perspective.”

Editor: Dominic Morgan.

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June 20, 2023 at 5:05:38 PM GMT+2

La publicité, ou comment transformer l’être humain en rouage docile de la machine capitaliste – réveil-mutinhttps://reveilmutin.wordpress.com/2015/06/07/la-publicite-une-entreprise-totalitaire/

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La publicité, ou comment transformer l’être humain en rouage docile de la machine capitaliste

« La publicité est partout, à tel point qu’elle est devenue invisible pour l’homo economicus que nous sommes. Nous croyons la dominer alors que nous la subissons. Mais c’est bien elle qui joue avec nous, qui s’impose pour modeler nos comportements et notre environnement. »

« Nous ne mettons pas en cause les activités publicitaires en tant que mise à disposition du public d’informations commerciales, mais nous refusons la violence et la manipulation dont usent les procédés publicitaires, auquel nul ne peut échapper et qui diffusent en permanence l’idéologie dominante. »

La publicité, un matraquage auquel personne ne doit échapper

« La publicité se conjugue avec matraquage (et c’est un point commun avec les techniques des régimes dictatoriaux). Elle est totalitaire car elle cherche à envahir la totalité de l’espace avec des panneaux (souvent surdimensionnés) qui accaparent notre environnement, des affiches recouvrant tout un immeuble, dix publicités identiques à la suite dans le métro, des « tunnels » publicitaires de 20 minutes à la télévision ou à la radio etc. Il devient difficile de poser son regard sur un paysage libre de publicité. Elle s’immisce dans les films à la télévision ou au cinéma en les coupant ou en les pénétrant, plus discrètement, puisque les entreprises payent les cinéastes pour y montrer leurs produits.

La publicité envahit le temps également. Elle rythme toute la vie collective sur le mode de la consommation avec les commémorations, les fêtes, les événements réels ou factices. Tout est bon pour faire consommer. De la même façon, la publicité se saisit de tous les âges de l’existence individuelle pour en faire des moments de consommation, avec les enfants avides de jouets, les adolescents couverts de marques, les hommes motorisant leur vie et devenant fan de gadgets en tout genre, les femmes avec la mode et la beauté mais aussi la ménagère, la mère de famille ou encore les personnes âgées invitées à préparer leur avenir. Si notre espace est accaparé par la publicité, notre temporalité est rythmé par les slogans publicitaires, signe que notre civilisation glisse doucement mais sûrement vers un totalitarisme publicitaire puisqu’il est difficile d’y échapper (frontalement ou indirectement (…)). »

Un maillon essentiel du système capitaliste

« La publicité n’est pas neutre car elle existe pour promouvoir le système capitaliste et un modèle de société fondé sur la consommation. Elle contribue à déconstruire notre réflexion pour mieux nous aliéner. L’omniprésence de la publicité vise à réduire la totalité de l’être humain à la seule dimension de la consommation.

Loin d’être synonyme de liberté, la publicité participe à façonner l’idéologie dominante, à la soutenir afin que chacun prenne part à l’effort de Croissance. Elle est un maillon essentiel de l’activité économique. La publicité suscite le besoin, matraque pour ne pas dire impose un mode de vie. Elle est un rouage essentiel pour créer davantage de besoins, rendre obsolètes les produits, renouveler notre imaginaire afin de nous nourrir de nouveautés et abreuver le système en croissance par la mise en avant de biens et de services marchands. La publicité nous manipule plus qu’elle n’informe.

Modeler nos pensées et nos comportements pour nous conformer à l’impératif de Croissance

« La mainmise de la publicité sur la société est insidieuse puisqu’elle fait de la consommation un fondement de notre société, en nous incitant à penser en terme de consommation. Surtout, en plus de vouloir nous faire dépenser, la publicité vise à nous faire dé-penser en divulguant à feu doux l’idéologie capitaliste, de façon discrète et sournoise à tel point que nous n’avons toujours pas conscience d’être embrigadé. Elle est complice d’une vaste manipulation afin de tout marchandiser et asseoir la société de Croissance, l’alimenter sans cesse en nouveautés, créer de nouveaux besoins et acter l’obsolescence. Elle développe une idéologie et un mode de vie qui n’est pas neutre car directement au service du capitalisme. »

« [La publicité] a recours sans cesse aux sophismes de l’image, falsifie le sens des mots, déstructure l’ordre logique. Ce langage, dès le plus jeune âge, façonne ainsi des modes de pensée qui sont à l’opposé de la raison cartésienne. La règle publicitaire, qui oblige à faire du produit un spectacle, conduit ainsi l’enfant à confondre l’image et la chose, le visible et le réel. Règne ensuite la culture de l’amalgame : la publicité pratique cette rhétorique de l’association selon laquelle n’importe quelle valeur peut être associée à n’importe quel produit (la beauté du sport par exemple à la célébration de boissons alcoolisées). La rythmique publicitaire (jingles, chocs et frissons), les montages chaotiques et “déments”, en tentant de happer au lieu de convaincre, en nous saisissant viscéralement pour contourner nos résistances conscientes, font prédominer les conduites-réflexes sur toute démarche réfléchie. En liaison avec la trépidation médiatique et les oripeaux de la société du spectacle, c’est toute une relation au monde fondée sur l’adhésion sensorielle et le refus de penser que tisse la publicité dans la “conscience collective“. Ce mode de pensée instaure le règne de l’impensé. »

« L’omniprésence quantitative du phénomène publicitaire entraîne (…) un changement qualitatif dans sa façon d’imposer ses modèles : sa norme paraît “ normale ”. Pour mieux faire passer son message, la publicité a su évoluer en abandonnant le ton impératif pour introduire le mode indicatif. Celui-ci est, finalement, plus contraignant que le mode impératif dans la mesure où l’on ne peut pas se distancier de ses ordres. Qui plus est, cette normalité est commune à tous : la collectivité semble s’y être déjà pliée. Les modèles de consommation deviennent alors d’autant plus coercitifs qu’ils sont supposés massivement répandus. »

Une entreprise totalitaire

« La publicité, sous ses aspects festifs et joyeux, sympathiques et drôles, est une dangereuse propagande qui casse, image après image, le sens de la vie. »

« La publicité est une machine à casser la personne humaine. Elle ne veut plus d’humains, de citoyens, elle veut des consommateurs. La publicité réduit chacun de nous à un moyen : la consommation. La publicité nous impose la fausse idée que l’unique sens de la vie est la consommation. »

« [Le] phénomène publicitaire ne consiste pas en une simple somme d’annonces disparates : elle est un système. Et ce système, si on l’observe bien, non seulement tend à occuper la totalité du champ des activités humaines – y compris ses aspects les plus immatériels – dans la seule consommation. À deux niveaux, celui de l’invasion quantitative et celui de la pénétration idéologique, la publicité est bien une entreprise totalitaire.

« La publicité participe activement à la fabrication d’un modèle de société en imaginant un bonheur formaté fondé sur la consommation. La publicité célèbre l’ordre des « décideurs » et le bonheur des consommations inutiles. Au-delà de la manipulation et du mépris, la publicité dévoile une philosophie cynique qui entend transformer le monde en marchandise. La voix de la publicité est insidieuse car invisible et douce, nous sommes éduqués avec ou alors elle nous fait rêver et, elle contribue à imposer un « totalitarisme tranquille » c’est-à-dire un mode de vie imposé où la norme est la règle et ne pas la respecter signifie l’exclusion et où les victimes sont les bourreaux sans que nous puissions nous condamner. Articulation essentielle de la société capitaliste, la publicité fait plus que soutenir, elle guide la société.’

« Nous aurions pu penser que le chômage, l’exclusion, la pauvreté freineraient l’exhibition du discours publicitaire et feraient taire les sirènes de la surconsommation. Il n’en est rien. Qu’importe la « fracture » sociale, puisqu’on s’adresse à la majorité nantie ! Qu’importe si des centaines de milliers d’individus sont forcées de contempler chaque jour des modèles d’existence qui leur sont rendues inaccessibles par leur exclusion ! On ne s’émeut pas de cette violence quotidienne. Après tout, pourquoi refuserait-on aux pauvres de rêver à ce que possèdent les riches : n’est-ce pas ce qui se fait dans le tiers-monde ? A l’ordre économique, qui a pour effet d’exclure les pauvres, s’adjoint désormais l’ordre publicitaire, qui a pour fonction de nous les faire oublier. »

Avilir l’être humain, le réduire à un simple rouage

« La « culture publicité » n’existe pas, la publicité c’est l’anti-culture. Si la culture nous humanise et ré-enchante le monde, la publicité réduit l’homme à un tube digestif dont l’unique fonction est de consommer. Avec la culture, l’homme devient autonome tandis qu’avec la publicité, plus on y est soumis, plus on devient « accro» et conditionné. Loin d’essayer de tendre à la réflexion des individus, la publicité infantilise nos actes et ce dès l’enfance, en fidélisant les enfants. Il est tellement simple d’exploiter commercialement les rêves des jeunes que cela s’apparente à du dressage tant ce qui est inculqué précocement reste comme une valeur intangible pour l’individu ainsi formaté. Les publicitaires ont l’ambition de nous conditionner et d’occuper l’espace psychique. Souvenons-nous de cet ancien patron de TF1 (chaîne de télévision le plus regardée en Europe) qui expliquait que son travail consistait à élaborer des programmes pour préparer les esprits au message publicitaire. »

« La publicité est (…) une monstrueuse opération de formatage qui vise à faire régresser l’individu afin d’en faire un être docile dépourvue de sens critique et facilement manipulable. Au-delà de sa fonction commerciale immédiate, la publicité est donc bien un enjeu véritable car elle participe à faire régresser l’humain, que ce soit dans son action ou sa réflexion. Elle rabaisse les personnes au rang de simples consommateurs qui commencent par consommer des produits puis consomment d’autres humains (management, violence, exploitations diverses …) et finissent par se consommer eux-mêmes (dopages, sectes, opérations de chirurgie esthétique …). »

Uniformiser les modes de vie et détruire les cultures

« La publicité, loin d’une culture en soi, détruit les cultures existantes pour uniformiser les besoins et les comportements. Elle façonne des identités communes à tous en simulant des différences qui sont davantage des moyens pour nous faire croire que nous avons le choix.

D’ailleurs, la diversité des cultures du monde dérange la publicité puisqu’elle peut être considérée comme un frein à la soif de profits des annonceurs. La publicité veut détruire les cultures en imposant des produits et des modes de vie standardisés sur toute la surface de la Terre. Chacun sur la planète devra consommer de façon identique et beaucoup. La publicité ne supporte pas les peuples qui veulent faire de la diversité de leur culture une richesse. La publicité veut créer un monde non pas universel, mais uniforme, tout en glorifiant, de façon trompeuse, la différence, quand elle ne rêve que d’indifférenciation. »

Une pollution et un gaspillage immenses

« L’omniprésence de la publicité nous oppresse, tout comme elle nous conditionne. Elle normalise nos comportements et représentent autant une occupation illicite de notre espace qu’un gaspillage intolérable d’autant plus qu’il n’est souvent ni voulu, ni attendu.

La publicité, par son essence même, contribue au pillage perpétré par le capitalisme du désastre, notamment des ressources naturelles. En outre, en produisant son verbiage malsain, la publicité pollue de multiples façons notamment par une pollution visuelle et énergétique. »

« De façon intrinsèque, la publicité participe au pillage planétaire organisée par le capitalisme. En effet, le système publicitaire monopolise toujours plus l’espace public. Il parasite les activités culturelles et pervertit les manifestations sportives. Par ailleurs, la publicité sacrifie la santé et l’écosystème au commerce, occulte les conséquences sanitaires, et se moque du principe de précaution (en vendant tout produit, peu importe le risque). La publicité incite à la surconsommation, au gaspillage, à la pollution et fait souvent l’apologie de comportements irresponsables et individualistes. Elle est source de surendettement, de délinquance et de violence pour les plus démunis et les plus réactifs à son discours intrusifs.

« La publicité a toujours privilégié le support de l’affichage à tel point que, désormais, les affiches publicitaires sont incrustées dans nos villes, nos campagnes et nos transports. Elles sont omniprésentes, géantes, souvent illuminées et sont donc dévoreuses d’espace public et d’énergie.

Cette débauche graphique gêne la vue, salit notre cadre de vie, réduit notre liberté de penser et limite notre faculté de rêver. La confiscation de l’espace public et son exploitation mercantile sont d’autant plus inadmissibles que la loi qualifie les paysages de « bien commun de la nation » et que les dispositions régissant l’affichage publicitaire sont intégrées au livre V du Code de l’environnement, intitulé « Prévention des pollutions, des risques et des nuisances ». Ainsi, même le législateur considère l’affichage publicitaire comme une pollution ! Par l’affichage, le système publicitaire s’immisce dans notre quotidien de la façon la plus évidente et la plus violente également. »

Sortir de la publicité pour sortir de la société de croissance

« Pour sortir de la société de croissance, sortir de la publicité est un préalable obligatoire. Lutter contre la publicité est donc, avant tout, un combat idéologique. »

Extraits de l’article « Sortir de la publicité » de Christophe Ondet.

(L’article en intégralité : http://www.projet-decroissance.net/?p=342 )

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June 20, 2023 at 4:41:22 PM GMT+2

The contagious visual blandness of Netflixhttps://haleynahman.substack.com/p/132-the-contagious-visual-blandness

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The contagious visual blandness of Netflix

Last week I saw M3GAN, the new horror-comedy starring Allison Williams and a robot-doll in a blond wig. I liked it enough. The doll character is genuinely well-done—a seemingly hard-to-nail mix of creepy and campy—but I walked out of the theater with a vaguely empty feeling. I couldn’t quite place it until I started talking with my friends about where the movie was set, and I realized I had no idea. One answer is somewhere in Silicon Valley, given its bald critique of big tech. It didn’t actually feel like Silicon Valley, though. It didn’t feel like anywhere at all. (Update: I’ve been informed it’s set in Seattle, although it didn’t feel like there either.) Every backdrop was generic and crisp: the scrubbed tech-compound where Gemma (Allison Williams) works; the bland, Wayfair-decorated house she lives in; the clean, non-specific streets she drives on. I thought little of this while watching. The movie looked expensive and professional, or at least had the hallmarks of those things: glossy, filtered, smooth. Only after it ended did it occur to me that it seemed, like so many other contemporary movies and shows, to exist in a phony parallel universe we’ve come to accept as relevant to our own.

To be clear, this isn’t about whether the movie was “realistic.” Movies with absurd, surreal, or fantastical plots can still communicate something honest and true. It’s actually, specifically, about how movies these days look. That is, more flat, more fake, over-saturated, or else over-filtered, like an Instagram photo in 2012, but rendered in commercial-like high-def. This applies to prestige television, too. There are more green screens and sound stages, more CGI, more fixing-it-in-post. As these production tools have gotten slicker and cheaper and thus more widely abused, it’s not that everything looks obviously shitty or too good to feel true, it’s actually that most things look mid in the exact same way. The ubiquity of the look is making it harder to spot, and the overall result is weightless and uncanny. An endless stream of glossy vehicles that are easy to watch and easier to forget. I call it the “Netflix shine,” inspired by one of the worst offenders, although some reading on the topic revealed others call it (more boringly) the “Netflix look.”

In a 2022 Vice piece called “Why Does Everything on Netflix Look Like That,” writer Gita Jackson describes the Netflix look as unusually bright and colorful, or too dark, the characters lit inexplicably by neon lights, everything shot at a medium close-up. Jackson discovered this aesthetic monotony is in part due to the fact that Netflix requires the same “technical specifications from all its productions.” This is of course an economic choice: more consistency = less risk. They’ve also structured their budgets to favor pre-production costs like securing top talent. So despite the fact that their budgets are high, they’re spending it all on what is essentially marketing, pulling resources away from things like design and location. This style-over-substance approach is felt in most things Netflix makes, and it’s being replicated across the industry. (For more proof of concept, Rachel Syme’s recent New Yorker profile of Netflix Global Head of Television Bela Bajaria is perfectly tuned and genuinely chilling. I’m still thinking about her “Art is Truth” blazer and lack of jet lag despite constant world travel. She’s a walking metaphor.)

I’m not a film buff, so I write this from a layman’s perspective. But every time I watch something made before 2000, it looks so beautiful to me—not otherworldly or majestic, but beautiful in the way the world around me is beautiful. And I don’t think I’m just being nostalgic. Consider these two popular rom-com movies stills: The first from When Harry Met Sally, shot on film in 1989, the second from Moonshot, shot digitally in 2022.

The latter is more polished and “perfect,” but to what effect? It looks strange, surreal, both dim and bright at the same time. Everything is inexplicably blue or yellow, and glows like it’s been FaceTuned. Meg Ryan and Billy Crystal, meanwhile, are sitting in a downtown New York deli that actually exists. The image is a little grainy, the lighting falling somewhere in the normal daytime range, and they look like regular human beings. The table’s lopsided, the kitchen’s bent out of shape—the charm is earned. Today the restaurant might be built on a sound stage, or shot in front of a green screen, the appearance of daylight added in post-production. They could make it look convincing and moody, but it would lack character. It would feel somehow outside the world we inhabit every day, because it would be.

At the risk of using an anonymous Redditor as an expert, lol, I found a comment under a thread called “Why do movies look so weird now?” that captures a lot of these same complaints:

“Everyone is lit perfectly and filmed digitally on raw and tweaked to perfection. It makes everything have a fake feeling to it. Commercials use the same cameras and color correction so everything looks the same. Every shot looks like it could be used in a stock photo and it looks completely soulless. No film grain, no shadows on faces, and no wide shots. I have a theory that going from tungsten to LED lighting added to this as well. Tungsten allows for more accurate color in camera but LEDs are cheaper, cooler, and more convenient. So the solution is to film on a nice digital camera and fix the color in post. However, this makes for less creativity on set and less use of shadows. Green screens make it worse as they also require flatter lighting to work. Marvel films are very obviously mostly made in post and they all look very flat and not real. Even shitty low-budget 90's comedies look better and I think this can be attributed to the lighting.”

Another user mentioned that shooting on film required a level of forethought, planning, and patience that digital simply doesn’t. Similar to the predicament brought on by smartphone cameras and our now-endless photo rolls, the result is more, sure, and at higher fidelity, but not necessarily better. A photo today has never been worth less. I’ve long believed that constraints can improve creative work. But today’s shrinking production budgets, paired with the limitlessness of computer technology, aren’t inspiring scrappiness. They’re inspiring laziness. It’s too easy to fix things in post. Why wait around all day for the light to be just right when you can make it look half as good in Final Cut Pro for half the price? There’s an expansive possibility to digitization that defies the logic of constraint.

That the film and TV industry is obsessed with making as much money as possible isn’t a surprise. But as with any cost-cutting strategy, the approach is necessarily an expression of priorities. What’s worth the trouble? What isn’t? Looking at what studios are and aren’t willing to spend on today paints a pretty unflattering (if predictable) picture of modern values. And what’s interesting is how recognizable those values are across other pillars of culture. To name a few: the idea that imperfection is inhibitive to beauty; an over-emphasis on growth, speed, ease, and innovation; a cynical over-reliance on marketing; a lack of interest in locality and place; the funneling of resources to the top; the focus on content over form, entertainment over art. I could be talking about anything here—the beauty and cosmetics industry, tech, corporate America, manufacturing, social media, politics, labor disputes.

I’m not saying the proliferation of shitty-looking shows and movies will bring about our cultural downfall, only that they express, in a satisfyingly literal way, a specific wrong-think that’s pervading our off-screen lives, too. Most usefully, their hollowness offers, by way of counter-example, a key to what does feel meaningful: texture, substance, imperfection, slowing down, taking the scenic route, natural light, places you can touch, making more considered creative choices, making less. There’s a certain momentum to the mid right now, but there are other ways forward, if we’re willing to indulge them.

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June 20, 2023 at 4:08:24 PM GMT+2
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