Influence. Pourquoi Elon Musk inquiète le pouvoir à Washington
Brillant, fantasque et arrogant : le patron de Tesla, SpaceX et  désormais Twitter est un peu trop incontrôlable aux yeux de nombreux  responsables politiques américains. Mais ils n’osent critiquer son  ingérence dans les questions géopolitiques que sous couvert d’anonymat,  constate le “Washington Post”.
En octobre, entre la prise de contrôle de Twitter, le lancement de quatre astronautes et d’une nouvelle salve de  54 satellites dans l’espace et la présentation d’un semi-remorque  électrique, Elon Musk a encore trouvé le temps de proposer des plans de  paix pour Taïwan et l’Ukraine, se mettant à dos les dirigeants de ces pays tout en déclenchant l’ire de Washington.
L’homme le plus riche du monde a aussi agacé le Pentagone en annonçant qu’il ne souhaitait pas continuer à payer de sa poche son service d’accès à  Internet par satellite [Starlink] en Ukraine, avant de faire volte-face. En coulisses, de nombreux responsables de Washington s’inquiètent de  voir le milliardaire de 51 ans se mêler de questions géopolitiques  explosives sans les consulter.
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Depuis vingt ans, un partenariat entre Elon Musk et le gouvernement fédéral a  certes permis aux États-Unis de retrouver leur position dominante dans  l’espace et d’électrifier la flotte automobile américaine, scellant du  même coup sa réputation internationale de génie de la technologie. Mais  aujourd’hui, beaucoup à Washington trouvent le grand patron trop  puissant et inconséquent.
Parmi la vingtaine de hauts  responsables gouvernementaux interrogés pour cet article, beaucoup,  évoquant la facilité avec laquelle Elon Musk raille publiquement ses  détracteurs – il a traité le président Biden de “chiffe molle” et déclaré que la sénatrice démocrate du Massachusetts Elizabeth Warren lui rappelait “la mère en colère d’un ami” –, n’ont accepté d’en parler que sous couvert de l’anonymat. Presque tous  s’accordent à dire qu’il est aussi fantasque et arrogant que brillant.
Convaincu d’être un bienfaiteur de l’humanité
“Elon, l’omniprésent”, selon un haut fonctionnaire de la Maison-Blanche, “est tellement convaincu d’être un bienfaiteur de l’humanité qu’il estime  n’avoir besoin d’aucun garde-fou et tout savoir mieux que tout le  monde.”
“Il considère qu’il est au-dessus de la présidence”, renchérit Jill Lepore, historienne à Harvard et autrice d’une série de podcasts sur Elon Musk.
Elon Musk n’a pas souhaité nous répondre pour cet article, mais il assure  avoir un avis éclairé sur les grands problèmes de notre temps et qu’il  est de son devoir d’“améliorer l’avenir de l’humanité”. Il est  persuadé que son plan de paix pour l’Ukraine pourrait empêcher une  éventuelle guerre nucléaire et que sa proposition pour Taïwan serait à  même d’apaiser de dangereuses tensions régionales.
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Cette diplomatie parallèle exaspère certains alliés, au moment même où Elon  Musk met 44 milliards de dollars [45 milliards d’euros] sur la table  pour racheter une plateforme médiatique forte de centaines de millions  d’utilisateurs.
Pour Richard J. Durbin, sénateur démocrate de l’Illinois, “le fait est que les gens suivent de près la moindre de ses déclarations, parce qu’il a si souvent réalisé ce qu’il annonçait”. Son collègue républicain de Caroline du Sud Lindsey O. Graham qualifie son plan pour l’Ukraine d’“affront” à ce peuple.
Détenteur de plus de satellites que n’importe quel pays
Les relations d’Elon Musk avec Washington avaient pourtant commencé sous les meilleurs auspices. “Je vous aime !” avait-il lâché quand, en 2008, alors qu’il croulait sous les dettes, un responsable de la Nasa [l’agence spatiale américaine] l’avait appelé pour lui annoncer qu’il  venait de décrocher un contrat de 1,6 milliard de dollars. Washington a  par la suite injecté d’autres milliards dans son entreprise de fusées et capsules spatiales. SpaceX a été à la hauteur des attentes, en  reconstruisant un programme spatial américain qui battait de l’aile.
Ses initiatives bipartisanes l’ont, un temps, aidé à conquérir Washington.  Il a dîné avec le président Barack Obama et intégré l’équipe des  conseillers économiques du président Donald Trump. Il a financé des  candidats des deux partis. Aujourd’hui, il n’a pas de mots assez durs  pour Joe Biden et clame qu’il votera pour un républicain en 2024.
L’entrepreneur excentrique qui ne se rend plus désormais que rarement à Washington se  montre de plus en plus critique à l’égard du gouvernement fédéral. Il  parle à des chefs d’État et de gouvernement étrangers, vend ses fusées  et sa technologie spatiale de pointe à la Corée du Sud, à la Turquie et à un nombre croissant de pays. Il a installé des usines Tesla en Allemagne et en Chine. Il possède et contrôle plus de  3 000 satellites orbitant autour de la Terre – bien plus que n’importe  quel État.
Une puissance mondiale à lui tout seul
S’il a moins besoin de Washington maintenant qu’il est à lui seul une  puissance mondiale, Washington reste largement tributaire du  milliardaire. L’armée américaine utilise ses fusées et ses services de  communication par satellite pour ses drones, ses navires et ses avions.  La Nasa n’a aucun autre moyen d’envoyer des astronautes américains vers  la Station spatiale internationale (ISS) sans sa capsule spatiale. Et à  l’heure où la Maison-Blanche a fait du changement climatique l’une de ses priorités, il a mis plus de voitures électriques sur les routes américaines que tout autre constructeur.
Plusieurs hauts fonctionnaires assurent prendre des dispositions pour s’affranchir de l’emprise d’Elon Musk. “Il n’y a pas que SpaceX sur le marché. Il existe d’autres entités  auxquelles nous pouvons certainement nous associer pour fournir à  l’Ukraine ce dont elle a besoin sur le champ de bataille”, a ainsi déclaré lors d’une conférence de presse à la mi-octobre Sabrina Singh, porte-parole adjointe du ministère de la Défense.
“Un danger pour la démocratie”
L’une des grandes inquiétudes porte sur son réseau de participations hors des États-Unis et d’investisseurs étrangers, à commencer par son immense  usine Tesla en Chine, et sur les influences auxquelles Elon Musk  pourrait céder dès lors qu’il contrôle une plateforme numérique où  certains utilisateurs propagent de la désinformation et attisent la  polarisation politique. En tant que fournisseur de la défense  américaine, Musk a fait l’objet d’une enquête, mais plusieurs hauts  fonctionnaires réclament des vérifications plus poussées, notamment au  regard de tout éventuel projet de développement en Russie et en Chine.  Elizabeth Warren et d’autres ont vu dans son rachat de Twitter “un danger pour la démocratie”.
Washington a déjà eu à gérer de puissants hommes d’affaires qui dominaient les  chemins de fer, le pétrole ou un secteur économique clé, souligne  Richard Haass, directeur du [cercle de réflexion] Council on Foreign  Relations. “Mais ce qui est un peu différent ici, c’est la capacité  d’Elon Musk à diffuser ses idées politiques et le fait que nous  disposons désormais d’une technologie et d’un média qui, au bout du  compte, permettent à tout un chacun de devenir son propre réseau ou sa  propre chaîne.”
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La tourmente économique qui sévit depuis le début de la guerre en Ukraine a écorné de nombreuses fortunes, dont celles d’Elon Musk, qui, selon l’indice Bloomberg des milliardaires, a vu son patrimoine fondre de plusieurs dizaines de milliards de  dollars, passant à 210 milliards de dollars [195 milliards au  4 novembre, soit 200 milliards d’euros].
Deux personnes qui  le connaissent bien le disent impulsif – un trait de caractère qui le  rend peu fiable aux yeux des responsables gouvernementaux. Elon Musk a  lui-même révélé être atteint du syndrome d’Asperger, une forme  d’autisme, prévenant qu’il ne fallait pas s’attendre à ce qu’il soit “un type cool et normal”.
Des visées sur Washington
“Il n’arrête pas de se tirer des balles dans le pied. Il ferait mieux de ne pas se mêler de politique”, juge une personne qui a travaillé à ses côtés pendant des années.
“Comme tout le monde, j’ai été choquée de le voir s’empêtrer dans certaines affaires ces derniers mois”, commente Lori Garver, ancienne administratrice adjointe de la Nasa, qui s’inquiète des répercussions. SpaceX a certes rétabli l’hégémonie des  États-Unis dans l’espace, mais les déclarations politiquement sensibles  de son patron lui valent des critiques.
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Musk a des visées sur Washington depuis vingt ans. Citoyen sud-africain venu s’installer dans la Silicon Valley, il a obtenu la nationalité  américaine en 2002 – l’année même où il a réinjecté l’argent de la vente de PayPal, la société de paiement en ligne qu’il a cofondée, dans la  création de SpaceX. Il misait gros et avait besoin de lucratifs marchés  publics. Début 2003, il disait vouloir “renforcer significativement sa présence” dans la capitale, afin d’établir “une relation de travail étroite avec le gouvernement fédéral”.
À la même époque, il investit dans Tesla, dont il a rapidement pris le  contrôle [en 2004], grâce aux aides et aux dispositifs fiscaux de  Washington. À elle seule, la Californie a subventionné l’entreprise à  hauteur de 3,2 milliards de dollars.
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Un examen des formulaires de déclarations publiques révèle qu’Elon Musk a  embauché des dizaines de lobbyistes, dont beaucoup avaient travaillé  pour de puissants membres du Congrès. Selon OpenSecrets, un groupe de  recherche sur les financements politiques, SpaceX a dépensé en quelques  années plus de 22 millions de dollars pour faire pression sur  Washington. Musk a lui-même révélé un excellent sens politique. De 2008 à 2013, il s’est envolé quarante fois pour Washington. Il a frappé aux  portes et invité des hauts responsables à des déjeuners de travail. Et  il a vite compris que lorsque les tractations en coulisses ne marchaient pas, la publicité pouvait être efficace.
Adepte de coups d’éclat publics
Par un mercredi ensoleillé de juin 2014, il a garé son nouveau “taxi de  l’espace” à quelques rues du Capitole. Il avait traversé le pays depuis  son usine californienne à bord de la capsule conçue pour lancer sept  astronautes en orbite et invité les caméras et quelques responsables au  spectacle. “Beau boulot, Elon !” s’est écrié Dana Rohrabacher, élu républicain à la Chambre, à sa descente de l’élégant vaisseau spatial. Ce jour-là, les démocrates aussi ont applaudi. Musk était aux anges.
Les États-Unis comptaient alors sur la Russie pour emmener leurs  astronautes vers l’ISS, et déboursaient des dizaines de millions de  dollars pour chaque place. Elon Musk promit de mettre fin à cette  pratique et de relancer le programme spatial américain. Le locataire de  la Maison-Blanche était alors Barack Obama, qui voulait laisser leur  chance à des opérateurs privés comme SpaceX. Quelques semaines après  l’arrivée en fanfare de son taxi de l’espace à Washington, Elon Musk  décrochait un contrat de 2,6 milliards de dollars avec la Nasa.
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Elon Musk lorgnait également des marchés du Pentagone, et s’est rendu compte que les coups d’éclat publics pouvaient aider. En 2014, il a fait les  gros titres pour avoir descendu en flammes, devant le public clairsemé  d’une audition parlementaire, la coentreprise entre Lockheed Martin et  Boeing, les deux géants de l’aérospatiale qui fournissaient des fusées à l’armée de l’air, dénonçant un “monopole” qui, selon lui, pesait bien trop lourd sur les contribuables.
“Elon demandait qu’on lui donne une chance”, explique Scott Pace, ancien responsable de la Nasa qui était intervenu  lors de cette audition. Ce qu’a fait le Pentagone, et Elon Musk a tenu  parole. Ses fusées Falcon, révolutionnaires et partiellement  réutilisables, coûtaient beaucoup moins cher. Huit ans plus tard, Elon  Musk est le Goliath de l’industrie spatiale.
L’État limite sa dépendance à l’égard de Musk
Kevin McCarthy, député de Californie et chef de file des républicains à la Chambre des représentants, lui donne du “cher ami”. En juin, Elon Musk, qui a récemment quitté la Californie pour  s’installer au Texas, a annoncé qu’il donnait sa voix à Mayra Flores  lors d’une primaire pour les législatives – ajoutant que c’était la  première fois qu’il votait républicain. Il a également reproché aux  démocrates d’être trop extrêmes et à la botte des syndicats.
Certains législateurs républicains doutent cependant que son engouement pour le Great Old Party dure très longtemps. “C’est encore un de ces artistes à la con”, lâchait à son sujet Donald Trump en juillet dans un meeting en Alaska.
L’un des rares points sur lesquels les deux partis s’entendent est que, sur  certaines questions vitales, notamment pour ce qui est de la sécurité  nationale, les États-Unis ne devraient pas s’en remettre à un seul  individu ou une seule entreprise. Et le gouvernement prend des mesures  pour limiter sa dépendance à l’égard de Musk.
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La Nasa a financé la navette Starliner de Boeing pour concurrencer SpaceX  dans le transport des astronautes. (La fusée Blue Origin de Jeff Bezos,  propriétaire du Washington Post, est également en lice pour les contrats de la Nasa). Selon des responsables de la Nasa, les retards à  répétition et l’augmentation du coût de Starliner expliquent que SpaceX  se soit imposé.
En août, la Commission fédérale des  communications (FCC) a refusé une subvention de 900 millions de dollars  [910 millions d’euros] à Starlink, le fournisseur d’accès Internet par  satellite de SpaceX, pour apporter le haut débit dans des zones rurales.
Le Congrès encourage aussi Ford et d’autres constructeurs à produire des  voitures électriques. Depuis peu, seules les voitures neuves de moins de 55 000 dollars bénéficient de la subvention gouvernementale de  7 500 dollars. La plupart des modèles Tesla sont plus chers. Mais Elon  Musk pourra encore profiter de nombreuses mesures d’incitation, y  compris pour ses stations de recharge électrique. Ses superchargeurs  sont déployés dans 46 pays.
Contre la bureaucratie et “ces salopards” de régulateurs
Elon Musk déteste être dépeint “comme un escroc qui ne devrait sa survie qu’à la manne de l’État”, souligne Eric Berger, auteur de Liftoff [“Décollage”, non traduit en français], une histoire de SpaceX. “Il considère l’État comme une épée à double tranchant” qui peut lui être utile, mais dont la bureaucratie le ralentit. “Il est vraiment frustré par le nombre étourdissant d’agences fédérales avec lesquelles il doit traiter.”
“Ces salopards”, c’est ainsi que Elon Musk désigne les responsables de la Securities and Exchange Commission (SEC) [le régulateur américain des marchés  financiers]. Elon Musk et Tesla se sont vu infliger chacun une amende de 20 millions de dollars après que le milliardaire a prétendu sur Twitter disposer d’un “financement assuré” pour retirer son entreprise de la Bourse pour 420 dollars par action, alors que ce n’était pas  vrai. La SEC enquête aussi sur son offre de rachat de Twitter. L’avocat  de l’homme d’affaires a déclaré devant un juge que la SEC essayait “de bâillonner et de harceler” son client parce qu’il “critique ouvertement le gouvernement”.
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Rares sont ceux qui ont envie de se retrouver dans le collimateur du  milliardaire. C’est ce qui est arrivé à Joe Biden, qui ne pas l’a pas  convié à une conférence de la Maison-Blanche sur les véhicules  électriques en août 2021. Dans un tweet, Musk a jugé que ce camouflet  était “un nouveau palier d’absurdité”, accusant Biden d’être sous la coupe des syndicats.
Au-delà du fait qu’ils ne souhaitent pas se le mettre à dos, beaucoup à  Washington admirent ses réussites et souhaitent travailler avec lui. Au  Pentagone, nombreux sont ceux qui voient en lui une arme secrète. Grâce à son système de satellites Starlink, les soldats ukrainiens sont  informés en temps réel des cibles militaires ; d’autres pays étudient  comment il pourrait renforcer leur défense.
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Parallèlement, le milliardaire travaille sur tout un éventail de nouveaux projets,  allant de robots capables de préparer les repas à des plans de  colonisation de Mars.
Pour l’historienne Jill Lepore, la  puissance d’Elon Musk ne ressemble à rien de ce que les États-Unis ont  pu connaître jusqu’à présent. “Nous devrions nous inquiéter, non  parce qu’il est inévitable que son pouvoir d’influence devienne néfaste, mais parce qu’il est inévitable qu’il devienne énorme.”
Article long format publié sur Le Courrier International
Wanted, les milliardaires de la tech
Parmi les 40 premières fortunes mondiales de l’indice des milliardaires de Bloomberg, 11 sont issues de la technologie et 9 font leurs affaires depuis les  États-Unis. Mais la culture libertarienne progressiste de la Silicon  Valley n’est plus guère de mise.
Les agités
Elon Musk, 51 ans, américain (né en Afrique du Sud)
1re fortune mondiale (195 milliards de dollars, dont l’immense majorité en actions Tesla et SpaceX)
Cofondateur et PDG de la société astronautique SpaceX, PDG de la société automobile Tesla, cofondateur de la société d’implants cérébraux Neuralink,  propriétaire de Twitter (depuis le 27 octobre 2022).
Jeff Bezos, 58 ans, américain
3e fortune mondiale (115 milliards de dollars)
Fondateur et président du conseil d’administration du géant de l’e-commerce  Amazon, fondateur de l’entreprise spatiale Blue Origin
Mark Zuckerberg, 38 ans, américain
29e fortune mondiale (35,1 milliards de dollars)
Cofondateur et directeur général de Meta (ex-Facebook), plus grand réseau social du monde (3,6 milliards d’utilisateurs mensuels).
Les philantrocapitalistes
Bill Gates, 67 ans, américain
5e fortune mondiale (107 milliards de dollars)
Cofondateur du géant de l’informatique Microsoft et de la Fondation Bill et Melinda Gates (qui revendique 65,6 milliards de dollars d’investissements  caritatifs depuis sa création).
Sergey Brin, 49 ans, américain (né en Russie)
11e fortune mondiale (78,4 milliards de dollars)
Cofondateur et président d’Alphabet (maison mère de Google), cofondateur de la Fondation Brin Wojcicki et “l’un des plus généreux des milliardaires de la tech”, selon le magazine indien Sugermint (en 2015, il a donné 355 millions de dollars à l’université de  Cambridge pour l’intelligence artificielle et le machine learning).
Les soutiens des républicains
Larry Ellison, 78 ans, américain
7e fortune mondiale (90,5 milliards de dollars)
Cofondateur, directeur de la technologie et président du conseil d’administration du géant du logiciel Oracle, administrateur de Tesla
L’un des principaux donateurs du Parti républicain (21 millions de dollars cette année, selon Bloomberg).
Michael Dell, 57 ans, américain
24e fortune mondiale (45,6 milliards de dollars)
Fondateur et PDG de l’entreprise informatique Dell, entré dans le classement de Fortune dès l’âge de 27 ans comme “plus jeune patron d’entreprise”, selon La Libre Belgique. Il a soutenu Elon Musk, “l’homme dans l’arène” – référence au célèbre discours de Roosevelt. Donateur régulier du Parti républicain.
Les postlibertariens
Larry Page, 49 ans, américain
9e fortune mondiale (81,8 milliards de dollars)
Cofondateur de Google
Fan du festival Burning Man, il investit des millions de dollars dans les  start-up de voitures et taxis volants Zee Aero et Kittyhawk.
Steve Ballmer, 66 ans, américain
10e fortune mondiale (79,3 milliards de dollars)
PDG de Microsoft de 2000 à 2014, propriétaire (pour 2 milliards de dollars) de l’équipe de basket de NBA des Los Angeles Clippers, il investit dans des fonds pour la diversité.
Les forcément discrets
Zhang Yiming, 39 ans, chinois
22e fortune mondiale
Fondateur de ByteDance, maison mère du réseau social TikTok.
Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois), 58 ans, chinois
36e fortune mondiale (29 milliards de dollars)
Fondateur et PDG jusqu’en 2019 du site de e-commerce chinois Alibaba, le plus  célèbre “disparu” de la tech chinoise (réapparu cet été).